Adieu Pays
France, 2003
De Philippe Ramos
Scénario : Philippe Ramos
Avec : Anne Azoulay, Frédéric Bonpart, Françoise Descarraga, Philippe Garziano, Jean Segani
Durée : 1h30
Sortie : 09/04/2003
Après la mort accidentelle de leur père, Vincent et Serge tiennent la scierie familiale. Vincent croise une jeune fille en partance pour le Québec. Il tombe amoureux de la belle au mépris des règles claniques.
LE NOUVEAU WESTERN
Après un moyen métrage très remarqué, L’Arche de Noé, Philippe Ramos passe à la durée supérieure sans renier ses ambitions initiales: saisir l’humanité de ses personnages par une mise en scène sobre, sans artifice, composée en grande partie de plans séquences avec cadrages fixes et rigoureux. Pour sa première réalisation, le jeune auteur français se frotte à un genre très codifié, le western, en le transposant dans le monde rural. On retrouve avec plaisir les duels en rase campagne, la Calamity Jane qui bouleverse l’ordre établi, l’impossible amour entre deux êtres de clans opposés. Dans ce conte moderne, les faisans remplacent les chevaux, la Squaw travaille dans une grande surface, le méchant Outlaw est un braconnier bourru, le shérif, une femme médecin. Si l’intrigue demeure minimaliste, le charme opère grâce à la fraîcheur du couple amoureux et l’évidente alchimie entre les deux acteurs. La jolie Anne Azoulay est une belle révélation.
MA CABANE AU CANADA
Impossible néanmoins de passer sous silence l’amateurisme de certaines séquences, la naïveté confondante des dialogues et le jeu caricatural des seconds rôles. Le film sombre parfois dans le ridicule, comme cette réunion municipale où chaque intervenant assène des lapalissades lourdes de sens. L’imagerie bucolique d’un terroir bien de chez nous peut agacer. Il est heureusement compensé par un environnement social réaliste. Vincent et Carole ne rêvent pas d’Hollywood, mais d’une vie tranquille au Canada, ailleurs mystérieux et magique, loin de la routine et d’un destin tracé et prévisible. Philippe Ramos paraît plus à l’aise dans la description des rapports familiaux que dans l’installation d’une mécanique dramatique. La fin est à ce titre exemplaire: émouvante sur le plan humain avec les déchirements fraternels, maladroite au niveau narratif avec son faux suspense vite éventé. Malgré ses défauts de jeunesse, Adieu pays reste un divertissement attachant, qui trouve sa place dans le cinéma hexagonal auprès des films de Manuel Poirier (A la campagne, Western, Les Femmes… ou les enfants… d’abord).