ABC Africa
Abbas Kiarostami reçoit un fax et décide de tourner un documentaire de commande pour une des organisations de l'ONU sur le million et demi d'orphelins ougandais voués à une mort rapide à cause de la grande faucheuse séropositive.
On peut toujours pinailler sur les films relatant des drames humains actuels ou historiques sous la sacro-sainte caution histoire vraie, juger un doc sur le même sujet est une mission beaucoup plus houleuse. On se voit mal les considérer avec des arguments tels que tiens, y a beaucoup plus d'inventivité visuelle dans Moulin rouge que dans le dernier Lanzmann. Mais force est de constater que l'état des lieux dressé par le toujours aussi dépouillé Kiarostami n'apprend pas grand chose, résidant davantage dans la confrontation entre nous, représentés par l'objectif impassible de la DV, et ces gosses privés d'images fascinés par ce joujou imprimant enfin leur image aux yeux du monde.
Préférant le subjectif décousu (si on vire les scènes de chant improvisées, on dépasse à peine le stade du court métrage) à l'information brute de décoffrage, Kiarostami reste hélas dans le style "Envoyé spécial": un couple vient adopter une orpheline, on visite un hôpital avec une photo de l'exterminateur allégé Popaul II et son slogan "la virginité reste le meilleur remède contre le SIDA"... Certes, ça ferait froid dans le dos à tous ceux qui se seraient arrangés pour ignorer une situation alarmante, mais formellement, aucun éclairage supplémentaire sur le sujet ne ressort vraiment. Reste une petite touche réaliste idéale pour se remettre les idées en place et apporter sa brique à l'édifice du développement durable.