A moi seule
France, 2012
De Frédéric Videau
Scénario : Frédéric Videau
Avec : Agathe Bonitzer, Jacques Bonnaffe, Hélène Fillières, Grégory Gadebois, Reda Kateb, Noémie Lvovsky
Photo : Marc Tevanian
Musique : Florent Marchet
Durée : 1h31
Sortie : 04/04/2012
Gaëlle est soudain libérée par Vincent, son ravisseur, après huit années d’enfermement, où chacun a été « tout » pour l’autre. Cette liberté gagnée jour après jour contre Vincent, Gaëlle doit à nouveau se l’approprier dehors, face à ses parents et au monde qu’elle découvre.
MOI J'PRÉFÈRE RESTER TOUTE SEULE
L'an passé sortait en salles Michael, qui racontait les derniers moments de la vie commune forcée entre un enfant et son ravisseur. L'Autrichien Markus Schleinzer réalisait là un film fascinant autour de la figure ambiguë de Michael, en allant au-delà du discours simplifié et sans nuance retrouvé ici ou là dans la presse (les monstres sont humains). Certes, il y a de ça dans Michael. Mais en étant assez peu explicite, Michael parvenait aussi à faire ressentir une violence hors champ, à rendre ses personnages complexes, à mélanger l'angoisse et (sisi) une certaine pointe d'humour. Une très grande aisance, une très grande liberté dans une écriture minimaliste typiquement allemande/autrichienne et une façon, par moyens détournés, d'approcher une réalité inconcevable. A moi seule, c'est tout l'inverse. Soit une écriture école française, remplie jusqu'à la gueule de dialogues artificiels (J'avais oublié que j'te trouvais beau, lance solennellement Gaëlle à son père, une caricature d'alcoolo poétique), déclamés par des acteurs à la dérive. Voir, à quelques mois d'écart, la façon dont Schleinzer parvient à rendre mille nuances par la retenue, et la façon qu'a Frédéric Videau de tout signifier (les retrouvailles avec la mère, interprétée par une Noémie Lvovsky qui surjoue le personnage au bord de la rupture, et surtout la fin où Gaëlle explique, à voix haute, la note d'intention du film - pour moi la vie va commencer), tout ça pour un résultat complètement creux et toc (toc, comme la musique tellement plaquée en décalage qu'elle raconte un autre film), a quelque chose d'édifiant.