À l'intérieur
France, 2006
Avec : Béatrice Dalle, Nicolas Duvauchelle, Alysson Paradis
Durée : 1h20
Sortie : 13/06/2007
FESTIVAL DE CANNES 2007 - Depuis la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, Sarah est seule et malgré une mère omniprésente, c'est seule qu'elle passera son réveillon de Noël. Seule et enceinte. Cette nuit est la dernière que la jeune femme passera chez elle. Le lendemain matin, celle-ci doit entrer à l'hôpital pour accoucher. Dans sa maison, tout est calme. Jusqu'au moment où quelqu'un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme prête à tout pour arracher l'enfant qu'elle porte en elle...
QUE DALLE AU PARADIS
C'est un peu comme chez le boucher : on met les morceaux les plus appétissants dans la vitrine. En vitrine d'À l'intérieur, le beau boulot de Jacques-Olivier Molon, chef maquilleur effets spéciaux, spécialiste ès steaks humains, dont Alexandre Bustillo (un ancien de chez Mad Movies) et Julien Maury (déjà signataire de l'insignifiant court Pizza à l'œil) compilent un best of en gros plans, disséminé au fil d'une heure vingt de métrage. Sorti de cette barbaque sanguinolente souvent bien fichue (à quelques plans trop plastoc et un barbecue numérique près) et quel que soit le bout par lequel on le prenne, À l'intérieur n'a rien d'autre à montrer et moins encore à dire. La faute, avant tout, à un scénario aux intentions illisibles (à quoi rime l'incompréhensible sous-texte des émeutes de banlieue?) et incroyablement mollasson (les trente-cinq premières minutes sont un calvaire, tant rien ne s'y passe et tout sonne faux), à une narration éventée dès le premier plan (certains jasaient du twist final maladroit de Haute tension; qu'ils attendent de voir celui, complètement raté, d'À l'intérieur…) et jamais crédible (les incohérences se ramassent à la pelle).
Enlisée dans cette écriture ni faite ni à faire et paresseuse au point d'emprunter platement à droite à gauche (le flash d'appareil photo de Saw, par exemple), la réalisation traîne tout autant la patte. Rythme inexistant, photo (était-ce un problème spécifique à la copie projetée?) marronnasse, comme voilée par un fin écran de fumée, accentuant si besoin était la fadeur des cadres, spatialisation sommaire et limitée (à relativiser: l'action si flemmarde se partageant essentiellement entre un couloir et une salle de bain, selon une topologie de court métrage amateur), effets inutiles (Béatrice Dalle clopant, l'air dément, sur un montage syncopé tout à fait gratuit) ou éculés (l'accompagnement musical, sortant par exemple violons et piano pour la mélancolie, y étant aussi pour quelque chose)…
Tout ceci, ajouté à une direction d'acteur, disons problématique, peu servie ceci dit par des dialogues catastrophiques (on plaint sincèrement Aymen Saïdi et Nicolas Duvauchelle) voire inexistants (Alysson Paradis passe les deux derniers tiers du film à couiner et à sangloter, tandis que Béatrice Dalle, capitalisant sur le seul souvenir de Trouble Every Day, entre deux cigarettes fumées ténébreusement, grogne), ne serait que médiocre, si le dévoilement du travail de Molon et de son équipe, qu'on évoquait au début de cet article, n'était pas l'occasion d'une complaisance détestable. On n'a pas l'habitude de jouer aux pères la pudeur, mais le seuil de tolérance, à force d'accumulation grotesque de tripaille outrancière, culminant lors d'un climax tant stupide et grand-guignolesque que fatiguant, finit ici par être dépassé. Alexandre Aja peut dormir tranquille: Haute tension conserve haut la main son titre de meilleur film de genre français.
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À l'intérieur fut présenté à la Semaine de la Critique, dans le cadre du 60ème Festival de Cannes.