A Very Englishman
The Look of Love
Royaume-Uni, 2013
De Michael Winterbottom
Scénario : Matt Greenhalgh
Avec : Steve Coogan, Tamsin Egerton, Anna Friel, James Lance, Imogen Poots
Photo : Hubert Taczanowski
Musique : Anthony Genn, Martin Slattery
Durée : 1h41
Sortie : 19/06/2013
Londres 1958, Paul Raymond ouvre le "Raymond Revue Bar", théâtre et club privé où apparaissent des femmes dénudées au grand dam de l'Angleterre conservatrice. Producteur de revues dansantes, il devient éditeur de "Men Only", magazine pour adulte qui connaît un succès instantané. Roi de Soho, il acquiert un à un les immeubles du quartier, jusqu'à devenir l'homme le plus riche du Royaume en 1992. S'il mène sa carrière avec brio, sa vie personnelle n'est pas en reste : Paul Raymond est partagé entre Jean, sa femme jalouse, Fiona, sa maîtresse et star de la revue et sa fille Debbie qui aimerait suivre les traces de son père.
L’HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES
Pour son nouveau projet, Michael Winterbottom (Trishna) revient au biopic. Qui mieux que l’homme qui a aidé à libérer les mœurs de la pudibonde et perfide Albion aurait pu intéresser le cinéaste britannique pour cela : Paul Raymond, le premier à présenter des spectacles avec des femmes nues à la fin des années cinquante. Un self-made-man qui, né dans une famille ouvrière de Liverpool, sera couronné homme le plus riche du Royaume en 1992 grâce à l’industrie de la pornographie. Un homme à la réputation sulfureuse - sex, drugs and naked women aurait pu être sa devise. En effet, il a usé et abusé des trois. C’est Steve Coogan (24 Hour Party People) qui a enfilé les chaussettes en soie et les costumes sur mesure du « Roi de Soho ». Une équipe bien rodée car c’est la quatrième collaboration entre le comédien et le réalisateur.
Esthétiquement le pari est réussi haut la main. Les femmes sont magnifiques, les costumes flamboyants, les décors fastueux. La reconstitution est (trop?) soignée. Car si les images sont belles, ce qui l’est moins c’est le personnage principal. Difficile en effet de ressentir de la sympathie pour cet homme superficiel qui couche avec tout ce qui porte (ou pas) petite culotte, est un père extrêmement laxiste avec sa fille (« si tu dois prendre de la drogue, prends de la bonne ») et inexistant avec ses deux fils. Il semble en effet que seuls les êtres de sexe féminin méritaient son attention. Mêmes les magnifiques plans de son visage prostré à la mort de sa fille, qui reviennent plusieurs fois lors du long métrage insistant sur l’amour qu’il lui portait, n’y changent d’autant rien qu’elle a succombé à une overdose. C’est comme si cette quête éperdue de richesse, de conquêtes féminines, d’élargissement de son empire immobilier avait conduit Paul Raymond dans un abîme de superficialité qui rejaillit sur le film, laissant le spectateur suivre le drame de loin. Car ce qui monte finit toujours par redescendre, rendant sa chute inévitable.