800 balles

800 balles
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800 balles
800 balas
Espagne, 2002
De Alex De La Iglesia
Scénario : Alex De La Iglesia, Jorge Guerricaechevarria
Avec : Luis Castro, Sancho Gracia, Carmen Maura, Eusebio Poncela, Terele Pávez, Angel de Andres Lopez
Durée : 2h05
Sortie : 14/04/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Géographie nouvelle: Texas-Hollywood est espagnol. Le Far West est au Sud, à Almeria, où de vieilles ganaches de cascadeurs, nostalgiques de la grande époque du western, se sont installés dans un village à son image, avec saloon, potence et fusillades à tous les coins de rue. Julian, le shérif de cette bourgade de rascals hors du temps, qui se vante d’avoir été la doublure du grand Clint himself, reçoit un jour la visite de son petit-fils fugueur, Carlos, qu’il n’avait jamais rencontré auparavant pour cause de sévère brouille familiale. Débarque alors Laura, la mère de Carlos, terrible entrepreneuse qui, pour se venger de l’escapade de son fils, va racheter le village pour en faire un parc d’attractions. Mais les cow-boys ne se laissent pas faire, élèvent des barricades autour de Texas-Hollywood et comptent bien faire parler la poudre de leurs huit cents balles si quiconque approche...

WESTERN PAS MORT

Il n’y a pas si longtemps, une poignée d’années, on aurait juré que le western était mort, enterré six pieds sous terre, un chapeau poussiéreux posé sur sa croix. Au grand dam de ses défenseurs (John Carpenter, Kevin Costner…), condamnés à livrer des ersatz du genre, plus ou moins bien déguisés (Ghosts of Mars, Waterworld…). Et voilà qu’en une paire de mois, l’on s’aperçoit que cette vieille charogne bouge encore, qui plus est sous des formes très diverses, allant du chant du psilo qui supplie de Jan Kounen, au sublime classicisme d’un Open Range, en transitant par Les Disparues de Ron Howard. 800 balles, qui a pourtant deux ans d’âge (mais c’est un moindre mal pour un film du hasardeusement distribué Alex de la Iglesia) semble dans ces conditions tomber à point nommé. Hommage tout autant vibrant que totalement décomplexé au pendant spaghetti du genre, le petit dernier du réalisateur de Mes Chers Voisins enquille les citations (Leone, surtout, notamment Le Bon, la brute et le truand), les poncifs (attaque de diligence, pour la scène la plus impressionnante du métrage, mais aussi saloon, fusillades, etc.) et les tronches de garçons vachers élevés au tabac à chiquer, pour une comédie populaire et épicurienne qui aurait pu être signée par un Spielberg déviant période E.T..

DES CORONES ET DES ORGIES

Car de la Iglesia ne se contente pas de tout miser sur le capital sympathie évident de sa vénération pour les vieux ponchos râpés. Il signe également, au passage, une œuvre gentiment subversive, à l’hédonisme réjouissant. Dans ce Texas-Hollywood-là – c’est la leçon de morale que Julian donnera à son petit-fils en plein milieu d’une orgie alcoolisée, sexuée et mamelue – le plus grand des pêchés est d’avoir l’occasion de s’amuser et de ne pas la saisir. Naïve, la philosophie de 800 balles n’en demeure pas moins jouissive et le plaisir vicieux que prend de la Iglesia à démonter les valeurs néo-libérales de travail, de pondération, d’ordre et de bonnes mœurs, partagé. Certes, le propos ne vole pas très haut et d’aucuns se plaindront sans doute de l’humour gras et sans détour pratiqué tout au long du film. D’autant que 800 balles souffre de regrettables problèmes de rythme, dus à quelques excroissances scénaristiques franchement dispensables et dont la suppression aurait permis d’écourter un film trop long (plus de deux heures!). Ce petit relâchement aux deux tiers du métrage se voit cependant dédouané par un plan final (presque) parfait qui rachète tout et fait de cette pelloche vaguement anar un objet cinéphile burné et attachant.

par Guillaume Massart

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