Les 7 jours du talion
Canada, 2010
De Daniel Grou
Scénario : Patrick Senécal
Avec : Martin Dubreuil, Rémy Girard, Claude Legault, Fanny Mallette
Photo : Bernard Couture
Musique : Nicolas Maranda
Durée : 1h45
Bruno Hamel, un chirurgien, vit paisiblement avec sa femme et sa fille Jasmine, jusqu’au jour où cette dernière est kidnappée et violée. Persuadé que la justice ne réparera rien, il enlève le violeur le jour du procès et envoie une note aux policiers révélant qu’il va torturer le monstre pendant sept jours, qu’il l’exécutera puis qu’il se rendra aux policiers pour affronter la loi.
LE DROIT DE TUER
Personne ne l’attendait et pourtant Les 7 jours du talion fait partie de ces films qui méritent vraiment le détour. Car, à l’instar de son compatriote 5150 rue des Ormes, le film est tiré d’un des écrits de Patrick Sénécal, un auteur québécois implacable qui ne fait pas dans la dentelle. Aussi clinique, froid, méthodique et calme que la vengeance dont il est ici question, le film de Daniel Grou (caché sous le pseudonyme de Podz) est de la trempe des œuvres qui possèdent force et intentions,qui donnent à réfléchir, ne laissent pas insensible et qui ne se contentent pas de donner bêtement une vision manichéenne et putride d’un acte tout sauf droit. Non. Son film, Grou le veut terre à terre, sec, hyper réaliste, ne prenant pas de gants, ne tournant pas autour du pot mais surtout et plus que tout : jamais complaisant. Car pour vraiment s’identifier à ce chirurgien emporté dans le tourbillon de son acte et qui se bat contre lui-même pour ne pas perdre pied, il ne fallait surtout pas tomber dans un pamphlet analytique privé de toute image dérangeante (comprendre édulcoré à la sauce hollywoodienne). Et ces erreurs, le film les évites toutes. Ou presque (le côté quelque peu insistant sur le trauma du flic chargé de l’enquête est limite emphatique). Accompagné par un comédien hanté par son rôle (le mutisme dans lequel s’enferme Claude Legault est un modèle de sobriété et d’efficacité dérangeante à mille lieues des vigilantes façon Bronson ou Le Punisher), Les 7 jours du talion, vous l’aurez compris, se fait donc plus violent dans sa morale et son propos que dans ses actes, rappelant même le Funny Games de Haneke. Une bonne surprise.