6A

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6A
Suède, 2016
De Peter Modestij
Scénario : Peter Modestij
Durée : 1h01
Note FilmDeCulte : *****-
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Une réunion scolaire est organisée entre des parents en colère, des enseignants désemparés et trois lycéennes après des plaintes pour harcèlement.

LUTTE DE CLASSE

Premier film du réalisateur suédois Peter Modestij, 6A est un film rikiki en apparence (il dure seulement une heure) mais qui frappe d’emblée par un concept tenu jusqu’au bout : celui d’une réunion entre élèves, parents et professeurs, suivie en temps réel, sans artifice. Visuellement, l’immersion est totale : plongée au beau milieu de ce petit groupe d’une douzaine de personnes, la caméra change sans cesse de point de vue. Comme si nous étions nous-mêmes assis dans cette salle de classe, il y a toujours une tête dans le champ de la caméra, et la mise au point change dans un même plan en fonction de qui s’exprime. Pourtant, 6A s’intéresse rapidement moins à ceux qui parlent qu'à ceux qui écoutent. La réunion a beau être organisée pour régler les problèmes par le dialogue, la parole est une balle difficile à attraper.

6A n’est pas pour autant du théâtre filmé. Le film est bien plus vivant, tant par sa mise en scène que par son écriture. Le scénario de Peter Modestij n’enferme jamais ses personnages dans des rôles artificiels (il n’y a pas l’intellectuel d’un côté, la tête à claque de l’autre, de même qu’il n’y a pas de scènes d’hystérie toc comme dans un mauvais huis-clos). Peu importent les attitudes de chacun. Ce que nous dit 6A c’est que tous, adultes comme adolescents, sont responsables. En effet, le sujet du film n’est pas la violence à l’école ou encore moins la violence perpétrée par des jeunes filles. Il s’agit d’avantage de la façon dont la société gère la violence. Comment on la génère, on la perpétue, on la nie.

Mais la violence n’est pas la seule à être niée. C’est aussi le cas de la parole en général. Dans une réunion/société en apparence très civilisée, ou chacun doit s’exprimer, les arguments insidieux pour ne pas avoir à s’écouter ne tardent pas à poindre. Il est remarquable comme on trouve toujours une bonne raison de ne pas accorder de crédit à l’autre. La violence supposée des ados trouve un écho dans celle des adultes. Les problèmes de l’école se retrouvent dans la société en général. C’est déjà ce que nous disait la réalisatrice suédoise Anna Odell dans son curieux et glaçant The Reunion, qui traitait également de harcèlement. On peut aussi voir dans 6A un écho des films d’un autre Suédois : Ruben Östlund et sa vision grinçante de la violence inhérente aux dynamiques de groupe (de fait, le film de Peter Modestij pourrait ressembler à une scène coupée de Happy Sweden). A l’instar de ses deux compatriotes, Modestij montre avec talent qu’il n’a certainement pas froid aux yeux.

par Gregory Coutaut

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