36 vues du Pic Saint-Loup

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A la veille de la tournée d'été, le propriétaire et fondateur d'un petit cirque décède brutalement. Pour essayer de sauver la saison, la troupe décide de faire appel à sa fille aînée Kate. Bien que cette dernière ait quitté le cirque depuis une quinzaine d'années, elle accepte à la surprise générale de mettre entre parenthèses ses activités actuelles et de les rejoidnree de les rejoindre. Le hasard met sur sa route un Italien Vittorio. Intrigué par la personnalité de Kate et passionné par la vie du cirque, celui-ci décide de faire un bout de chemin avec eux. Il va peu à peu s'insérer dans la vie de la troupe, tout en essayant de percer le secret de Kate : pourquoi a-t-elle quitté la troupe hier et pourquoi accepte-t-elle de revenir aujourd'hui ? A la fin de la tournée, chacun reprendra sa route. Mais quelle route ?

TOUS EN SCENE

Un dizième d'Out 1 (12h30), un quart de La Belle noiseuse (4h00), la première surprise de 36 vues du Pic Saint-Loup, c'est sa durée, 1h24, soit le temps d'une bande annonce ou d'un haiku pour un cinéaste habitué aux films-fleuves. Pourtant tout est là, l'univers et les thèmes rivettiens, et ce moment venu pour faire les comptes, tirer le bilan. Kate (Jane Birkin, de retour après L'Amour par terre et La Belle noiseuse) est en panne, Sergio Castellito (Vittorio, rôle dans la continuité de celui qu'il tenait dans Va savoir) va l'aider. Tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses souffrantes, histoire d'une libération ou au moins sa tentative. Une autre réplique constitue un moment clef, lorsque Sergio Castellito parle de la scène comme de l'endroit le plus dangereux du monde mais aussi celui de tous les possibles. Un moment qui place l'art, le théâtre comme ici le cirque, au centre de tous les enjeux, de la vie, de ses épreuves et de l'accomplissement.

Et l'un se mêle toujours à l'autre dans 36 vues du Pic Saint-Loup, comme souvent chez Rivette, avec ici ces scènes en rupture, digressions théâtrales où les comédiens sont face caméra, sur scène, comme insérées dans "l'autre" récit. Plus loin, les clowns rabâchent leur routine, les improvisations s'écrasent parfois au sol comme des assiettes qui se brisent. Mais à l'épreuve du feu ou du fouet, il n'y a plus de moyens de dissimulation. Pour Kate, héroïne murée en prison mentale, la dernière partie marche comme un rituel, un exorcisme par l'art, avec son décor de cirque-précipice, un peu fantôme (la caméra qui panote souvent sur une nature sans âme qui vive, les gradins peu peuplés), et où l'un (les blessures d'un personnage, son chagrin, la vie) communique forcément avec l'autre (la scène, la mise en danger et à nu, la représentation, l'art). La conclusion est joueuse, mais rien n'est anodin. "Petit" film peut-être, mais dont la beauté se révèle peu à peu, de plus en plus fort.

par Nicolas Bardot

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