3 Extremes
Hong Kong, 2005
De Chan-Wook Park
Scénario : Chan-Wook Park
Avec : Lee Byung-hun, Miriam Yeung
Durée : 2h05
Sortie : 04/05/2005
Trois pays, trois réalisateurs, trois moyens métrages. Et autant d’histoires de monstres, du quotidien (Nouvelle Cuisine, où une étrange jeune femme prépare des plats offrant la jeunesse éternelle) à l’onirique (La Boîte, où une écrivaine est hantée par ses cauchemars), en passant par la farce (Coupez!, où un réalisateur adoré est confronté à un horrible dilemme par un déséquilibré).
MONSTER
Il y a deux ans sortait en salles 3, Histoires de l’au-delà, qui regroupait trois moyens métrages, des histoires de fantômes, venant de différents pays d’Asie. A l’arrivée, une véritable perle (le magnifique Chez nous de Peter Ho-Su Chan), un exercice agréable mais un peu léger (Souvenirs, de Kim Jee-won), et un ratage (La Roue, de Nonzee Nimibutur). La donne est identique avec cette nouvelle fournée, consacrée cette fois-ci à trois monstres (le titre originel du programme). Evacuons d’abord la déception Park Chan-wook: après le sans-faute de la triplette JSA, Sympathy for Mr Vengeance et Old Boy, son Coupez! ressemble à une mauvaise caricature du cinéma du Coréen. Dans un exercice qui sent la redite mal digérée, le réalisateur reprend ce qui faisait la relative faiblesse de son dernier long métrage (le face à face final et très bavard de Old Boy), le tartine de défis couillons à la Saw, et se révèle d’une consternante maladresse dans ses effets comiques ou ses effusions de violence. Et malgré une aisance formelle toujours éclatante, le format plus court semble étouffer sa narration, ses minutieuses constructions sadiques d’hier devenant ici brouillonnes, simplettes et indigestes. C’est du côté de Fruit Chan et surtout de Takashi Miike qu’il faudra venir frapper.
MONSTRES ET CIE
Première œuvre présentée dans cette anthologie, Nouvelle Cuisine, de Fruit Chan (Made in Hong Kong), est une fable urbaine et féministe sur la dictature de la jeunesse. Le moyen métrage enchaîne ses séquences cracras de façon assez efficace, mais jouit surtout de la photo du maître Christopher Doyle, qui n’a pas son pareil pour magnifier rideaux volants, robes oranges et sacs à main assortis. Bel objet peut-être un soupçon creux, Nouvelle Cuisine vaut également pour ses deux comédiennes, Miriam Yeung et Bai Ling. Enfin, le programme s’achève sur sa plus belle note, La Boîte, signée d’un Takashi Miike capable du meilleur (l’horreur stylée et maline d’Audition) comme du pire (ses trasheries produites par paquets de 12). Retrouvant l’élégance du premier cité, teinté d’une poésie élégiaque de toute beauté, son film raconte l’horreur d’un regret qui ronge une jeune femme, monstre malgré elle, perdant pied entre inconsolable réalité et songes lugubres. Un grondement intérieur parfaitement rendu par une atmosphère épaisse et intense où Miike distribue quelques images puissantes et évocatrices (les danseuses entrelacées, l’enterrée vivante, le plan final), réveillant une sensibilité que le cinéaste furieux semble parfois trop négliger. Sa boîte de Pandore, partant sur les bases d’un yurei ega très classique, s’achève en rêverie bouleversante sur la culpabilité qui consume un cœur mort, et le manque qui afflige une chair triste et mutilée.
En savoir plus
Le moyen métrage Nouvelle Cuisine est le seul des trois films dont il existe également une version longue (91 minutes). Celle-ci a reçu un grand nombre de nominations aux Hong Kong Film Awards et au Golden Horse Festival, distinguant à chaque fois Bai Ling, sacrée meilleure actrice dans un second rôle.