24 Hour Party People
Royaume-Uni, 2003
De Michael Winterbottom
Scénario : Frank Cottrell Boyce
Avec : Paddy Considine, Steve Coogan, Martin Hancock, Shirley Henderson, Lennie James, Simon Pegg, Andy Serkis
Photo : Robby Müller
Durée : 1h52
Sortie : 04/06/2003
Manchester, 4 juin 1976. Après un mémorable concert des Sex Pistols, Tony Wilson, animateur de la chaîne Granada, fonde avec ses comparses Alan Erasmus et Rob Gretton un label qui va révolutionner la scène musicale anglo-saxonne, Factory Records. En 1982, ils remettent le couvert en inaugurant une immense boîte de nuit, l’Hacienda, qui deviendra le foyer tumultueux de la techno européenne.
TAPAGE NOCTURNE
Au placard l’exactitude historique; friand de colonnes people, Michael Winterbottom choisit d’entretenir la légende, plutôt que d’éplucher les archives. 24 Hour Party People ravive avec désinvolture et flegme british les grandes heures de L’Hacienda, temple des nuits mancuniennes devenu le principal refuge des clubbers jusqu’au dépôt de bilan en 1997. Tony Wilson, animateur truculent courant après les bons mots, convoque entre deux hallucinogènes quelques célébrités maison – Ian Curtis (Joy Division), Shaun Ryder (Happy Mondays), Pete Shelley (Buzzcocks) ou Peter Saville (graphiste attitré de Factory). Sans jamais se départir de son humour pincé, le dandy loquace interrompt chaque séquence par des commentaires anachroniques et grinçants. Ne pas s’attendre à une approche muséale du mouvement Madchester; Winterbottom exalte avant tout un parfum potache, des couleurs criardes, des stridences familières, en abandonnant l’analyse érudite aux encyclopédies. DV granuleuse, extraits de concerts, image saturée de tags en surimpression: la visite musicale ne s’interdit aucun réflexe MTV et revêt l’esthétisme bariolé des années 80. Un comble, quand on sait que L’Hacienda impressionna en son temps par une architecture glacée et des lignes avant-gardistes.
ENTREE SELECTE
Brouillon et laborieux, 24 Hour Party People se limite souvent à des œillades entre mélomanes avertis. Enrobée de monologues tortueux et de railleries comiques, la narration dispersée tend maintes fois de perdre en route les moins informés. Les années glorieuses de L’Hacienda sont expédiées, les icônes sacrifiées. Difficile, à la lumière du discours enfumé, d’apprécier la folle démesure du label Factory et de discerner l’anecdote de l’essentiel. Winterbottom intercepte les rock stars, gentils drogués ou manager graisseux, sans qu’aucune ligne directrice ne réussisse à ordonner tout ce beau monde. Parfaitement à l’aise dans les bottes de Tony Wilson, Steve Coogan héberge le show avec une tranquille indifférence. La mine déconfite du clone de Ian Curtis et sa danse épileptique frisent par moments la caricature éhontée. Le cinéaste pousse le vice à reconstituer son suicide par pendaison, avant que Tony Wilson ne lui rende un dernier hommage décalé. Ce n’est que lorsque les premières notes d’Atmosphere retentissent et couvrent les dialogues abscons que 24 Hour Party People se fait véritablement l’écho d’une époque bénie et surréelle.
En savoir plus
Michael Winterbottom
Régulièrement sélectionné à Cannes, Michael Winterbottom, quarante-deux ans, suit des études de cinéma à Bristol puis à Londres. Après deux documentaires sur Ingmar Bergman, des séries et des téléfilms pour la chaîne anglaise Channel 4, il réalise son premier long pour le cinéma, Butterfly Kiss, un road-movie présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 1995. Tourné en numérique et présenté sur la Croisette l’an passé, 24 Hour Party People marque sa troisième sélection en compétition officielle.
Steve Coogan
Acteur et scénariste vedette de la télévision britannique, Steve Coogan rencontre un succès considérable avec la série comique I’m Alan Partridge. Participant à d’innombrables téléfilms et sketchs où il démontre ses talents d’imitateur, il apparaît dans quelques longs métrages, dont Resurrected de Paul Greengrass, avec David Thewlis (1989), L’Indien du placard de Frank Oz (1995) et Amour, vengeance et trahison de Malcolm Mowbray (1998), aux côtés de Sam Neill, Helena Bonham Carter et Kristin Scott Thomas. En 2001, il tient le premier rôle de The Parole Officer de John Duigan.
Shirley Henderson
Familière des tournages de Winterbottom (Rédemption et Wonderland), Shirley Henderson a signé pour un second rôle dans la suite des aventures d’Harry Potter au cinéma (Harry Potter et la chambre des secrets de Chris Columbus). Apparue dans Le Journal de Bridget Jones de Sharon Maguire (2001), l’actrice figure à l’affiche de Trainspotting de Danny Boyle (1996) et Rob Roy de Michael Caton-Jones avec Liam Neeson (1995). En 2001, Shirley Henderson a également joué aux côtés de Julie Delpy dans Villa des Roses de Frank Van Passel.