19
Nineteen
Japon, 2003
Avec : Dajiro Kawaoka, Takeo Noro, Ryo Shinmyo
Durée : 1h22
Sortie : 23/07/2003
Usami, un jeune homme sans histoire, est pris en otage par un trio de jeunes mafieux qui roule à bord d'une voiture violée.
NO FUTURE
Acteur vedette de Visitor Q de Takashi Miike, Kazushi Watanabe signe un premier film en forme de road-movie mystérieux. Noir et blanc charbonneux, guitares omniprésentes, dialogues minimalistes: 19 est d’abord un exercice de style formel, très influencé par le cinéma de Jim Jarmusch (Stranger than Paradise). Avant de s’intéresser aux personnages, Watanabe tente de créer une ambiance semi-fantastique. Il s’épargne tout discours psychologique et ne cherche jamais à expliquer le comportement des kidnappeurs. Leur identité restera secrète, même pour Usami qui rêve de s’intégrer au groupe, passée la peur des premiers instants. Le spectateur est placé dans les mêmes conditions que l’otage: inquiet puis fasciné par le manège du trio aventureux, peu soucieux des règles de la société, capables d’abandonner leur voiture dans les embouteillages ou de piller un supermarché. Les trois petites frappes possèdent chacun un profil distinct, accentuant par-là même le cauchemar fantasmé d’Usami. L’équipage insolite est composé d’une conducteur désabusé, philosophe à ses heures, d’un homme de main muet et violent et du chef de gang, interprété par le cinéaste lui-même.
SYNDROME DE STOCKHOLM
Sur un rythme indolent et de nombreux riffs de guitare, le voyage prend successivement les traits d’une ballade familiale tragi-comique puis ceux d’un thriller métaphysique. Outre Jim Jarmusch, le cinéaste revendique son amour pour Sergio Leone, Sam Peckinpah et Takeshi Kitano. Il reproduit le montage acéré, l’économie de mot et les soudaines flambées de violence des deux premiers. Et rend hommage à Sonatine par de longues scènes sur la plage, où un nouvel otage est humilié, puis tué. Watanabe maîtrise à merveille l’humour noir; la virée des quatre acolytes tourne souvent à la farce grotesque, comme lors d’une excursion incongrue au zoo où l’un des kidnappeurs s’amuse à singer des primates. A l’origine un court métrage multi-primé, 19 pêche par quelques longueurs, surtout dans sa deuxième partie, chargée inutilement en éléments dramatiques. Le long métrage témoigne néanmoins du talent de ce jeune touche-à-tout qui jongle avec différents projets artistiques - pas seulement cinématographiques. On attendra avec une certaine impatience la sortie de son nouveau film, un western futuriste à gros budget. Frimeur sans doute, mais ô combien intrigant.