18 ans apres
France, 2003
De Coline Serreau
Scénario : Coline Serreau
Avec : Madeleine Besson, Michel Boujenah, André Dussollier, Roland Giraud, Philippine Leroy-Beaulieu
Durée : 1h30
Sortie : 05/02/2003
Cela fait 18 ans que Pierre, Jacques et Michel regardent leur fille grandir. Tout juste bachelière, Marie part en vacances avec sa mère, qui réside habituellement aux Etats-Unis, faisant ainsi la connaissance de son beau-père américain et de ses nouveaux demi-frères. L'été faisant naître les premiers émois amoureux de la jeune fille, les trois pères s'inquiètent de la voir s'éloigner.
Faisant plus de 10 millions d'entrées au box-office, Trois hommes et un couffin connut le succès le plus inattendu et le plus fulgurant de l'année 1987. A l'époque où les femmes ont tendance à faire des bébés toutes seules, comme l'énonce Goldman dans une de ses chanson, la vision de ces trois célibataires coureurs de jupons fait tilt. Aussi, le plaisir est-il grand à la seule idée de retrouver ce trio de choc dans cette suite improbable, de nouveau réalisée par Coline Serreau. Mais comment assurer cette transition de dix-huit années entre les deux récits, sachant que l'histoire n'est plus forcément au goût du jour et que deux des trois acteurs sont plutôt passés de mode? Tout simplement en changeant de cible. Cette fois, la trame directrice se construit davantage autour du personnage de Marie, parfaitement interprétée par la prometteuse Madeleine Besson.
Ainsi, le film présente toute une galerie de personnages et d'intrigues qui gravitent systématiquement autour d'elle, comme autant de sources de gags et de situations cocasses. L'arrivée de la belle famille américaine provoque notamment un bouleversement général. Jack, le beau-père, vit à cent à l'heure, espérant combattre les effets du temps. Et comme pour lui, seules les apparences sont importantes, il s'éclate avec son fils (top)modèle, mais ne supporte pas cet autre rejeton boutonneux et binoclard. Situation caricaturale qui permet à la réalisatrice de suggérer (plus ou moins lourdement) ses idées politiques et sociales. Malgré l'aspect ludique du film, Coline Serreau a quand même du mal a estomper son côté moralisateur. Les deux amis de Marie, Amos et sa soeur, déjà partisans d'un groupe politique écologique, font partie de ces personnages qui délivrent ouvertement les idées de Serreau, étalant au cours d'une scène de repas familial tout un discours sur les bienfaits des verts. Cet épisode, très lourd et mal introduit, sent en plus le réchauffé puisque ces mêmes propos étaient déjà tenus dans La Belle verte, l'un des films précédents de la réalisatrice.
Conséquence de ce revirement de situation, Giraud, Boujenah et Dussolier sont relayés au rang de seconds rôles, se demandant eux-mêmes, dans une scène symptomatique du film, ce qu'ils allaient devenir, eux qui n'étaient plus rien aux yeux de Marie. Dépassés par les évènements du récit, par le temps, par la mode, leurs personnages n'ont plus la même consistance. Leurs apparitions sont courtes, saccadées et dispatchées tout au long du film. Ce constat est vraiment étonnant car, inchangés, fidèles à leurs humeurs et à leurs caractéristiques, ils restent une fois de plus très drôles. Chacune de leurs scènes communes est gaie et amusante, et l'on regrette vraiment de ne pas les voir plus au cours du métrage, d'autant que celui-ci décolle à chaque fois qu'ils apparaissent à l'image, et retombe dans une semi-médiocrité dès leur absence, faisant ainsi naître un film en demi-teinte: d'un côté, l'histoire, banale, de Marie. De l'autre, celle, originale, des trois compères. Néanmoins au final, malgré une photographie affreuse car tournée en vidéo et une mise en scène catastrophique (constante chez la réalisatrice), le film ne manque pas d'attraits. L'ensemble est souvent drôle, chaleureux et sympathique, contrairement à ce que l'on aurait pu prévoir, et le plaisir est réel devant certaines scènes réjouissantes, telle celle de la pharmacie. Le meilleur film de Coline Serreau depuis La Crise.