Un petit jeu sans conséquence

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Claire et Bruno font croire à leurs proches que le petit couple parfait qu’ils incarnent se sépare. L’occasion pour tout le monde de faire une mise au point et de crever certains de ces abcès qui empoisonnent la vie. Un petit jeu sans conséquences?

Un petit jeu sans conséquence - Trailerenvoyé par superyiyi

ACCORDS ET DESACCORDS

Pour son quatrième film, Bernard Rapp rattrape la semi déception de Pas si grave en renouant avec l’intérêt psychologique de protagonistes visiblement biens sous tout rapport mais qui traînent tous un secret, un fantasme ou des regrets sur la vie. Les rails de la pensée d’un chacun comme moteur de dramaturgie, les non-dits et autres faux-semblants comme rebondissements et les avancées directes ou les confessions intimes comme solution sont donc les balises plantées dans le chemin tout tracé d’un genre bien de chez nous. Mais à la différence de beaucoup de films hexagonaux trop manichéens, Rapp, en homme de culture et analyste, et grâce à la base théâtrale de la pièce de Jean Dell et de Gérald Sibleyras, évite les pièges de la bluette ou du psychodrame pour tirer son dernier né vers la comédie douce amère. Servi par des dialogues croustillants et des comédiens plus que brillants, accompagnant sur un plateau d’argent leur texte vers une histoire sans prétention mais suffisamment intelligente et qui possède le mérite de faire mouche à chaque situation, évitant ainsi une redite presque consensuelle, le film nous entraîne en simple spectateur vers une réflexion sur l’usure de l’amour face au temps et sur l’image donnée et perçue du "couple idéal". Des personnages au spectateur, dire que le processus de projection, dans ce creuset d’individus à un moment bien précis de leur vie sentimentale, est de rigueur, tient du naturel tant le script possède tous les atouts majeurs propices à la délectation de ces instants forcément vécus au sein d’un groupe, qu’il soit amical ou familial.

UNE PARTIE DE CAMPAGNE

Un décor unique, composé de chambres et d’antichambres, couverts par l’ensemble d’un déménagement propice au parallélisme des lieux équivoques, face aux propos se dévoilant au grand jour et découpés en cinq actes bien distincts, comme une représentation classique, oscillant entre comédie et tragédie. Ce film presque chorale s’articule autour d’un dénominateur commun et s’amuse à jouer de ses protagonistes et de leurs propos pour mieux (dé)constituer le panel presque complet de toutes les situations cocasses et finalement simplistes d’une vie en (dé)composition. Car Claire et Bruno deviennent immédiatement, à tort ou à raison, les objets de toutes les convoitises et analyses des autres membres de cette troupe, sans doute trop heureux de voir rejoindre dans leur contrée incertaine ce couple trop propre en apparence, qui arrive soudainement au moment fatidique du questionnement et de la remise à niveau de leur institution. Et malgré quelques défauts de rythme et l’utilisation trop courte de certains protagonistes, la bonhomie du projet et le talent communicatif des interprètes - notamment les toujours impeccables Lionel Abelanski et Michel Vuillermoz, secondant les tout aussi excellents Jean Paul Rouve et Marina Foïs -, n’en finissent pas de figer ce sourire narquois qui espère voir venir une fin en apothéose ou en bonne et due forme mais, en tout cas, loin du forcément classique happy end. Un petit jeu sans conséquence? Certes, mais tout autant un petit film sans effet autre que celui de faire passer un agréable moment en compagnie de talents de grande envergure et pas prétentieux pour un sou.

par Christophe Chenallet

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