The Last Face
États-Unis, 2015
Avec : Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos, Sean Penn, Charlize Theron
Sortie : 11/01/2017
Au Libéria, pays d'Afrique ravagé par la guerre, le docteur Miguel Leon, médecin humanitaire, et le docteur Wren Petersen, directrice d'une ONG, tombent passionnément amoureux l'un de l'autre. S'ils sont tous les deux engagés corps et âme dans leur mission, ils n'en sont pas moins profondément divisés sur les politiques à adopter pour tenter de régler le conflit qui fait rage...
WHITE AND BLACK BLUES
On a du mal à vous faire l'affront de ressortir de notre besace un bon vieux "les bonnes intentions ne font pas les bons films" mais en la matière, The Last Face de Sean Penn se pose là. L'acteur-cinéaste réussit l'exploit d'être maladroit dès la première seconde du long métrage avec une phrase d'accroche à la fois déplacée (la violence du conflit au Libéria est comparée à la violence d'un amour impossible entre un homme et une femme) et ampoulée (la phrase apparaît petit à petit, avec des points de suspension, nous laissant le temps d'écarquiller les yeux devant l'énormité). Le nouveau film du cinéaste de The Pledge et Into the Wild raconte la relation entre un médecin humanitaire (Javier Bardem) et la directrice d'une ONG en mission au Libéria (Charlize Theron). On comprend rapidement (mais était-ce l'intention première ?) que le film s'intéressera davantage à la culpabilité des Blancs qu'à la tragédie vécue par les premiers concernés (aux rôles à peine parlants).
Pourquoi pas ? Mais, rappelant des naufrages grandioses dans la compétition cannoise tel le nanar Soleil trompeur 2 de Nikita Mikhalkov, The Last Face est aussi délicat qu'un éléphant jouant au Mikado. La mise en scène extrêmement affectée semble caricaturer le cinéma récent de Terrence Malick, avec son montage impressionniste, sa voix-off et ses grands sentiments. Sauf que la méthode Malick est une écriture, un dispositif total, pas des bouts de cosmétique comme chez Penn qui en est à faire des ralentis sur Bardem se lavant les pieds. Le film cumule les coups de coude grandiloquents (ici, une fillette faisant un regard caméra va vous juger) le tout tartiné de musique mielleuse et de confiture world.
The Last Face a l'honnêteté de ne pas édulcorer l'horreur de son sujet. Mais il flirte parfois avec une complaisante indécence qui confine au rire involontaire et gênant (pour caractériser une femme victime de violence mais qui a gardé sa dignité, un personnage commente, sérieux et concerné: "Elle a des fuites urinaires, mais elle danse"). La toujours parfaite Charlize Theron fait preuve de beaucoup de conviction pour rendre crédibles les situations dans lesquelles elle est impliquée. Mais ses efforts sont annulés par une écriture parfaitement condescendante envers ce personnage féminin, et beaucoup plus généreuse vis-à-vis de cet antihéros masculin lourdingue à qui il faudrait tout pardonner - et qui d'ailleurs est "parfait" (c'est à elle qu'on le faire dire). Il y a de quoi raconter sur les terribles sujets abordés par The Last Face, mais le traitement gras de loukoum se retourne complètement contre lui.