The Descendants
États-Unis, 2011
De Alexander Payne
Scénario : Nat Faxon, Alexander Payne, Jim Rash d'après Kaui Hart Hemmings
Avec : George Clooney, Judy Greer, Nick Krause, Matthew Lillard, Amara Miller, Shailene Woodley
Photo : Phedon Papamichael
Durée : 1h55
Sortie : 25/01/2012
Lorsque sa femme tombe dans le coma suite à un accident, un avocat hawaïen tente de reprendre sa place au sein de sa famille et d'être plus proche de ses deux filles. Mais lorsqu'il découvre l'infidélité de sa femme, sa fille aînée le décide à trouver son amant.
IT’S THE END OF THE WORLD AS WE KNOW IT
Hawaï, les plages du Pacifique, les palmiers, la nature luxuriante, les fruits exotiques, de quoi se sentir en vacances perpétuelles... mais comme nous l’annonce d’emblée le film, on y vit, on y tombe malade et on y meurt là comme ailleurs : “Fuck paradise”. Tout le monde a beau porter des chemises à fleurs, personne n’est dupe, sauf peut-être Matt King, véritable descendant du roi Kameamea qui, à travers l’accident de sa femme, va devoir repenser son passé comme son futur. Comme il le dit lui-même, il n’est que le second parent, “la doublure”, et il connaît peu ses deux filles. Le coma de leur mère le forcera à endosser enfin le rôle de père de famille et lui fera réaliser à quel point il la connaissait également peu, et c’est au moment où il doit lui dire au revoir, et où elle ne peut plus répondre, qu’il ouvre enfin les yeux sur leur mariage, ou plutôt ce qu’il en reste. Comme s’il subissait le contre-coup psychologique de la blessure physique d’Elisabeth, Matt entame une remise en question totale qui s’insinuera jusque dans sa gestion du patrimoine familial, le dernier petit coin de paradis de l’île, le dernier lien qui le rattache à ses racines : un deuil à la fois est bien assez.
Comme dans Monsieur Schmidt, Alexander Payne offre un oeil averti sur les détails du quotidien et distille dans le grand schéma dramatique de son film des petits moments tendres et drôles. Les jeunes actrices incarnant les filles de Matt sont une petite merveille de naturel toutes les deux et savent exprimer sobrement des émotions pourtant très fortes. Elles sont il faut dire à bonne école avec un George Clooney très bien dirigé, c’est-à-dire abandonnant pour une fois ses tics habituels. Malgré ses tenues tout sauf élégantes (chemises hawaïennes et bermuda), il reste charmeur et viril bien sûr mais dégage une vulnérabilité qu’on lui a rarement vue. Futur veuf qui se découvre trompé, il inspire évidemment de la compassion mais sans jamais jouer la victime. Cherchant à digérer tout ça, il s’accroche désespérément à la quête, à la fois amusante et touchante, de l’amant de sa femme. Au lieu de rester au chevet de celle-ci, incapable - jusqu’à une scène que l’on croirait écrite pour la présentation de l’acteur aux Oscars - de regarder la réalité en face, il multiplie ainsi les escapades d’île en île avec ses filles (et l’ami de la plus vieille, dont la présence incongrue prendra finalement tout son sens), sans se rendre compte tout de suite que leur nouvelle vie à trois a déjà démarré. Encore une fois, le peu prolifique réalisateur (son dernier long métrage, l’acclamé Sideways, date de 2004 !) prouve son talent en toute simplicité.