Saint Amour
France, 2016
De Benoît Delépine, Gérard Depardieu, Gustave Kervern
Scénario : Benoît Delépine, Gustave Kervern
Avec : Vincent Lacoste, Benoît Poelvoorde, Céline Sallette
Durée : 1h41
Sortie : 02/03/2016
Tous les ans, Bruno fait la route des vins… sans quitter le salon de l’Agriculture ! Mais cette année, son père, Jean, venu y présenter son taureau champion Nabuchodonosor, décide sur un coup de tête de l’emmener faire une vraie route des vins afin de se rapprocher de lui. Et s’ils trinquent au Saint-Amour, ils trinqueront bien vite aussi à l’amour tout court en compagnie de Mike, le jeune chauffeur de taxi embarqué à l’improviste dans cette tournée à hauts risques entre belles cuvées et toutes les femmes rencontrées au cours de leur périple…
C'EST A BOIRE QU'IL NOUS FAUT
Depuis une dizaine d'années, Gustave Kervern et Benoît Delépine forment le duo le plus singulier du cinéma français contemporain. Sous leurs habits de punk à chien se cachent deux cinéastes cinéphiles, nostalgiques d'un certain cinéma français - pas celui de la Nouvelle Vague, mais la branche anarcho-libertaire des années 70-80 dont le chef de file serait Bertrand Blier et le film-modèle Les Valseuses. Le road-movie est leur genre de prédilection, car il permet à leur héros de goûter à une nouvelle liberté, sans parvenir à s'affranchir totalement d'une société qui les étouffe. Mammuth reste le sommet de leur filmographie, leur film le plus équilibré entre rires gras et mélancolie profonde. Après un détour pas très réussi au cinéma quasi-expérimentale - Near Death Experience, on les retrouve pour une comédie alcoolisée avec pour cadre le salon de l'Agriculture, au moins dans sa première partie. Au casting, deux fidèles: Gérard Depardieu, dans le rôle du père agriculteur, Benoît Poelvoorde dans celui du fils qui ne veut pas reprendre l'exploitation. Deux "monstres" de la comédie, qui se jaugent, s'affrontent puis se tombent dans les bras - on les verrait bien en Obélix et Astérix, d'ailleurs...
Dommage qu'à ce beau couple de cinéma, les auteurs aient cru bon ajouter un troisième larron - le chauffeur de taxi Mike (Vincent Lacoste), qui peine à exister et dont la trajectoire personnelle manque singulièrement de relief. Décousu, mal branlé, Saint Amour ? Oui, un peu, beaucoup, le film ressemblant souvent à une série de sketchs pas toujours très réussis. Mais Gustave Kervern et Benoît Delépine réussissent aussi quelques magnifiques scènes de cinéma - de la tendresse à l'hôtel, un coup de fil post-mortem, le dernier quart d'heure surréaliste -, si bien qu'on ne sait plus si l'on a aimé ou détesté l'expérience, s'il s'agit d'un bon ou d'un mauvais cru. On guettera les caudalies des mois à venir.