Les Trois singes
Turquie, 2008
De Nuri Bilge Ceylan
Scénario : Nuri Bilge Ceylan
Avec : Nuri Bilge Ceylan
Musique : Nuri Bilge Ceylan
Durée : 1h49
Sortie : 14/01/2009
Une famille disloquée à force de petits secrets devenus de gros mensonges, tente désespérément de rester unie en refusant d’affronter la Vérité. Pour ne pas avoir à endurer des épreuves et des responsabilités trop lourdes, elle choisit de nier cette Vérité, en refusant de la voir, de l'entendre ou d’en parler, comme dans la fable des "trois singes". Mais jouer aux trois singes suffit-il à effacer toute Vérité ?
Regarde une famille tomber
On connaissait déjà l'ultra-moderne solitude magnifiquement filmé par le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, dans Uzak et Les Climats. Avec Les Trois singes, il ferme la parenthèse de la veine autobiographique de son cinéma contemplatif pour mettre en scène la destruction d'une cellule familiale, gangrénée par l'argent et de lourds secrets. Le scénario des Trois singes est épuré à l'extrême. Père d'une famille sans le sou, un chauffeur de taxi accepte d'endosser la responsabilité d'un homicide involontaire pour toucher une grosse compensation en petites coupures... Mais l'argent ne fait pas le bonheur et le placide homme de main va vite comprendre cette évidence. Il y a quelque chose de pourri sous le soleil de la Turquie... Malgré une mise en scène absolument sublime, le cinéaste d'Istanbul peine à insuffler de la passion à un récit beaucoup trop théorique et abstrait pour émouvoir. Dans chaque scène et dans chaque plan, l'orage guette, en sourdine, prêt à dévorer les âmes et les corps, mais l'on se prend vite à espérer une réaction sensée des personnages, qui s'enfoncent, chacun de leur côté, dans des actions de plus en plus absurdes. En Grégoire Colin stambouliote, au regard d'une intensité folle, Gürkan Aydin crève néanmoins l'écran.