Les Immortels

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Immortels (Les)
Immortals
États-Unis, 2011
De Tarsem Singh
Scénario : Charley Parlapanides, Vlas Parlapanides
Avec : Henry Cavill, Stephen Dorff, Freida Pinto, Mickey Rourke
Photo : Brendan Galvin
Musique : Trevor Morris
Durée : 1h50
Sortie : 23/11/2011
Note FilmDeCulte : ****--
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Dans la Grèce antique, Thésée, un jeune guerrier, va mener ses hommes à la bataille avec les dieux de l'Olympe pour tenter de repousser les Titans, anciens dieux primaires qui ont juré de détruire l'humanité.

CE N'EST PAS UNE IMAGE JUSTE

Il suffit d'un coup d'œil sur Sucker Punch ou Transformers 3 pour reconnaître respectivement les styles de Zack Snyder et Michael Bay. Au-delà du fait qu'ils sortent chacun un film cette année, ces deux cinéastes, issus de la même génération, partagent également un goût pour le formalisme jusqu'au-boutiste qui leur a valu nombre de sobriquets péjoratifs et autres accusations d'être des "tâcherons" de la part des spectateurs et cinéphiles les plus limités. Leur passif dans le clip et la pub, et leur prédilection pour une imagerie iconisante - trop facilement réduite par leurs détracteurs à des ralentis et à une photo léchée - est partagée par Tarsem Singh. Tous trois ayant connu les pupitres de l'Art Center College of Design en Californie, il n'est pas étonnant de noter des similitudes à leurs carrières. Il va donc sans dire que la filmographie de Tarsem, plus jeune que celles de ses camarades de classe, va au devant du même clivage cinéphilique. Ce qui le rend d'autant plus intéressant. Contrairement à tout ce que les plus réfractaires veulent faire croire, le cinéma de ces trois auteurs présente des récurrences esthétiques qui distinguent leurs œuvres de celles de leurs collègues provenant du même milieu (cf. les films, autrement plus impersonnels, de Simon West ou Dominic Sena, deux autres transfuges de la télé et poulains de l'écurie Bruckheimer). Chez Tarsem, si l'on remarque un même amour de la composition de cadre aspirant à une approche picturale, l'influence de la peinture se ressent davantage que chez Bay ou Snyder. Dans son premier long métrage, The Cell (2000), Tarsem s'inspirait d'Odd Nerdrum, et pour le second, The Fall (2006, inédit en salles), de Salvador Dalí. Pour Les Immortels, le cinéaste se réclame cette fois-ci du Caravage et revisite certains épisodes de la mythologie grecque - en l'occurrence la Titanomachie et le mythe de Thésée - en mélangeant la vague cinématographique du péplum avec l'art de la Renaissance.

C'EST JUSTE UNE IMAGE

Plus encore que Bay ou Snyder, Tarsem n'a pas peur du kitsch et donne allègrement dans une direction artistique outrancière qui s'avère des plus séduisantes. Ainsi l'ouvrage parvient-il à se différencier de ses prédécesseurs (de Gladiator à Centurion en passant par Troie, Alexandre ou Kingdom of Heaven) par ces costumes et ces décors marqués du sceau de l'auteur. Enchaînant les tableaux tous plus sublimes les uns que les autres, évoluant entre onirisme typiquement Tarsem et un souffle épique qu'on ne connaissait pas au cinéaste, Les Immortels est un régal pour les yeux. Ensuite, on ne va pas se mentir, l'exercice satisfait avant tout au travers d'une expérience visuelle originale - à la 3D superbement exploitée par ailleurs - que par son scénario qui n'a rien de nouveau à offrir à un genre surexposé depuis dix ans. La réinterprétation des légendes, quelque part entre réalité et fantaisie, n'est pas impertinente, mais aurait mérité d'être approfondie, et l'intérêt est globalement maintenu par le face-à-face entre les deux acteurs qui tiennent les rôles de Thésée et Hyperion, le jeune Henry Cavill, futur Superman déjà convaincant, et le vieux Mickey Rourke, plus charismatique que jamais. En fin de compte, le registre du péplum permet au réalisateur d'intégrer de manière plus organique ses séquences picturales qu'il n'avait pu le faire jadis dans le film de serial killer ou dans le simili-conte de fées, mais les efforts thématiques faits pour The Fall ont à nouveau disparu. Toutefois, si Les Immortels est un beau livre d'images plutôt creux, il reste assez fascinant dans sa représentation d'un certain idéal de cinéma et de la foi absolue de l'auteur en ses images.

par Robert Hospyan

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