Le Hobbit: un voyage inattendu
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Hobbit: An Unexpected Journey (The)
Nouvelle-Zélande, 2011
De Peter Jackson
Scénario : Philippa Boyens, Peter Jackson, Fran Walsh
Avec : Cate Blanchett, Orlando Bloom, Ian McKellen, Andy Serkis, Hugo Weaving, Elijah Wood
Photo : Andrew Lesnie
Musique : Howard Shore
Sortie : 12/12/2012
La demeure de Bilbo, jeune hobbit oisif, est envahie un jour par douze nains menés par Gandalf le Gris. Ils ont besoin d'un cambrioleur pour récupérer leur royaume et leur trésor, accaparés par le dragon Smaug depuis plus de 150 ans. Bilbo, plus ou moins volontaire, va se laisser entraîner dans une aventure qui le changera à tout jamais.
HISTOIRE D'UN ALLER…
Alors que nous pénétrons dans la salle, nous pensons que Le Hobbit n’a que des handicaps. Guerre des droits d’adaptation, prolongée par la faillite de la MGM (dont a aussi pâti James Bond). Refus originel de Peter Jackson, qui se voyait très bien en producteur. Longue implication de Guillermo Del Toro, au scénario et à la réalisation, puis son départ, obligeant quasiment Jackon à rempiler en Terre du Milieu, après l’échec artistique et commercial de Lovely Bones. Enfin, la référence heroic-fantasy depuis dix ans, l’adulée trilogie du Seigneur des Anneaux, réalisée par la même équipe, et à laquelle nous ne pourrons pas nous empêcher de penser pendant le film. Il apparaît rapidement que Peter Jackon y a pensé aussi. Ce Voyage inattendu est très familier : prologue dramatique, longs palabres, départ précipité, ennemis, refuge, ennemis, refuge, etc… Si Jackson ne peut échapper à une structure déterminée par Tolkien dans Le Hobbit, dix sept ans avant qu’il n’écrive La Communauté de l’anneau, les similarités entre ses deux adaptations sont troublantes. Au point qu’elles évoquent les jeux de miroir de George Lucas entre ses deux trilogies Star Wars. Et ce n’est pas l’ajout d’une scène spectaculaire, en montagne, totalement inutile, qui fera taire les détracteurs de ce Hobbit (qui sont probablement les mêmes que ceux de Lucas). Mais alors, pourquoi cela fonctionne quand même ?
… ET D’UN RETOUR
Nous quittons la salle et nous savons, nous en sommes sûrs : Peter Jackson est revenu. Le Peter Jackson de Créatures Célestes, intime, proche des corps, guettant les visages de ses nains, elfes, hobbits et sorciers. Celui de Fantômes contre fantômes, jonglant entre la bouffonnerie du Roi des gobelins et la noirceur du Nécromancien. Le Néo-Zélandais de King Kong, généreux, parfois trop (la scène en montagne mentionnée plus haut), amoureux de son sujet. Ce réalisateur là n’a pas disparu : son art, cet équilibre parfait entre maîtrise technique et sacralisation de la narration, est dans Le Hobbit. Il porte le film, construit et anticipe en faisant le pari que sa générosité nous ramènera en salle en 2013, et 2014. Alors certes, Un voyage inattendu a les stigmates du film étiré, mais s'il ajoute, ça n'est jamais pour rien (à une exception près, que nous ne comprenons toujours pas). Il pose, expose, emporte, maître de son sujet et de ses destinations. A l'est vers Erebor et Smaug, Thranduil, Beorn, et le Nécromancien. Nous savons que Peter Jackson nous emmène à nouveau vers un finale grandiose, et il y a dans Le Hobbit : un voyage inattendu les plus belles directions, tous les traits de la grandeur. Oui, Peter Jackon et la Terre du Milieu nous ont manqués, mais ils reviennent pour Noël avec un magnifique cadeau.
