LE POLE EXPRESS: la critique

LE POLE EXPRESS: la critique

La veille de Noël, un garçon se voit proposer de monter à bord du Pôle Express, un train menant au royaume du Père Noël. MR. INCREDIBLE

La veille de Noël, un garçon se voit proposer de monter à bord du Pôle Express, un train menant au royaume du Père Noël.

MR. INCREDIBLE

Dès son annonce, le nouveau projet de Robert Zemeckis, cinéaste ne multipliant pas les films au rythme d’un Spielberg, s’avérait tout de suite atypique et laissait interrogateur. Pourquoi un metteur en scène de films en prises de vues réelles irait réaliser un film entièrement en images de synthèse, alors que l’histoire ne semble pas nécessiter l’animation? Pourquoi l’auteur de Forrest Gump et Seul au monde, deux oeuvres qui se différencient nettement des films qui précédent dans sa filmographie, voudrait adapter un livre pour enfants très court et majoritairement composé d’illustrations, n’offrant qu’un potentiel limité à la transcription en long métrage? Tout d’abord, il faut se rappeler que Zemeckis a toujours su repousser plus loin les limites des effets visuels de manière à mieux servir son sujet. De Michael J. Fox jouant trois personnages interagissant dans un même cadre dans Retour vers le futur 2 à l’exercice de style hitchcockien qu’est Apparences, en passant par le mélange animation/live de Qui veut la peau de Roger Rabbit? et les images d’archives trafiquées de Forrest Gump, le réalisateur s’est affirmé comme véritable virtuose de l’illusion cinématographique. Il n’est donc pas étonnant de le voir inaugurer un tout nouveau procédé visant à capturer la performance d’un acteur dans ses moindres détails par le biais de la technologie numérique et à la recréer au sein d’un univers généré par ordinateur. Du Gollum puissance dix qui permet à l’auteur un exercice expérimental où des adultes incarnent des enfants et où Tom Hanks interprète pas moins de six rôles.

THE PASSION OF THE CHRISTMAS

Du point de vue technique, Le Pôle Express se révèle être finalement une réussite. Pourquoi avoir eu recours à ce processus de fabrication si particulier? Zemeckis dit avoir souhaité saisir au mieux la sensation dégagée par les dessins originaux, "entre rêve et réalité". Malgré des visages qui tendent évidemment à manquer de vie, le film traduit assez bien cette volonté. De plus, la forme sied parfaitement à ce conte de Noël pur, principalement destiné aux plus jeunes. On regrettera cependant que le développement se limite à une structure de montagnes russes et que les personnages secondaires soient un peu trop archétypaux, empêchant le film de gagner en profondeur. Néanmoins, l’œuvre s’intéresse à cette période capitale dans la vie de l’enfant, lorsque celui-ci cesse de croire au Père Noël, entamant ainsi la perte de son innocence. Certaines mauvaises langues verront dans cette notion centrale du film un symbole religieux malvenu (la nécessité de croire) uni à un thème des plus fédérateurs (Noël), mais l'on demeure loin d’un Contact qui semblait n’avoir pour seul but que de justifier la foi de "95% de la population mondiale". Si Le Pôle Express présente un réel défaut, c’est celui de se cantonner à un scénario un peu trop simplet et probablement trop infantile, mais il ne fait aucunement tâche dans le corps de travail de son auteur.

par Robert Hospyan

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