L'Agence

L'Agence
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Agence (L')
Adjustment Bureau (The)
États-Unis, 2010
De George Nolfi
Scénario : George Nolfi
Avec : Shohreh Aghdashloo, Emily Blunt, Matt Damon, Terence Stamp
Photo : John Toll
Musique : Thomas Newman
Durée : 1h47
Sortie : 23/03/2011
Note FilmDeCulte : ****--
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Sommes-nous maîtres de notre destin ? Ou sommes-nous manipulés par des forces invisibles ? David Norris entrevoit l'avenir que le Sort lui réserve et se rend compte qu'il aspire à une autre vie que celle qui lui a été tracée. Pour y parvenir, il va devoir poursuivre la femme dont il est tombé follement amoureux, à travers les rues de New York et ses réseaux souterrains. David Norris est un homme politique ambitieux qui s'apprête à siéger au Sénat quand il fait la connaissance d'une éblouissante danseuse étoile, Elise Sellas. C'est le coup de foudre, mais David s'aperçoit rapidement que de mystérieux hommes conspirent à le séparer de l'objet de son affection. Il prend conscience que ses adversaires ne sont autres que les agents du Sort lui-même - les hommes de L'Agence - qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher son union avec Elise. Face à une adversité écrasante, David doit choisir entre perdre l'être aimé et accepter le destin qui lui est dicté ou tout risquer pour défier le Sort et conquérir Elise.

AGENCE MATRIMONIALE

Premier long métrage de George Nolfi, scénariste d'Ocean's Twelve (film à twists, avec Matt Damon) et de La Vengeance dans la peau (film à poursuites avec Matt Damon), et adapté d'une nouvelle de Phillip K. Dick, L'Agence s'annonçait comme un film avec Matt Damon et des twists et des poursuites. Envers et contre toute idée préconçue, le film crée la surprise en substituant au thriller à retournements une romance exploitant finalement le concept dans l'unique but de lancer une intrigue qui pourrait presque se passer des éléments SF du pitch. Nolfi aurait pu signer une adaptation-type de K. Dick, où le concept sert principalement à faire du matériau un film d'action, mais il s'en désintéresse presque totalement. Il n'y a pour ainsi dire pas d'action dans le film, excepté deux scènes où Damon court à travers des couloirs et des portes - qui parviennent à être assez dynamiques par ailleurs, le film ne déméritant pas là-dessus - et le but ultime du protagoniste n'est pas de révéler la supercherie. Il n'y a pas ici de quête de la vérité et d'injustice qu'il faut faire éclater au grand jour. La machination est révélée très vite au personnage et ce dernier n'est pas Neo. Son but est ailleurs et c'est en cela que L'Agence s'avère être un essai autrement plus original.

Le pari de l'auteur s'avère assez audacieux, déguisant une comédie romantique en thriller de science-fiction, réussissant à marier les codes des deux genres pour apporter un regard un tant soit peu plus frais aux deux. Nolfi revisite des passages obligés de la comédie romantique ou d'histoires d'amours tragiques et astreint une dimension littérale à la notion de destin, remplaçant Dieu et ses anges par des hommes en costume dotés de pouvoirs, tout en soulignant le côté déceptif de cet aspect de l'histoire (cf. le coup du chapeau). Du coup, le récit acquiert un peu de gravitas là où il faut. En témoigne cette magnifique scène où Matt Damon regarde Emily Blunt danser tandis que Terrence Stamp lui expose leurs destins. Cet effort témoigne d'une vraie intelligence dans l'écriture, que l'on ressent par ailleurs dès la première scène du film, introduisant les personnage par le biais d'une caractérisation redoutablement efficace. L'écriture des scènes entre les deux héros est faite avec beaucoup de charme et les deux acteurs - Damon, éternellement sympathique, et Blunt que l'on avait pas vu dans ce genre de rôle - apportent la naturel nécessaire aux dialogues pour faire passer le tout comme une lettre à la poste. Nolfi n'est pas non plus manchot dans la mise en scène, choisissant d'ancrer son histoire d'amour dans une tonalité chromatique qui lui évite également de paraître trop léger. On regrettera que cette mécanique très bien huilée dans la première moitié tende à devenir redondante dans la deuxième, jusqu'à un dénouement un peu convenu qui manque d'ampleur. Au demeurant, L'Agence fait preuve d'un point de vue intéressant pour le genre et ne manque pas de charme.

par Robert Hospyan

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