Jeune & Jolie

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Jeune & Jolie
France, 2013
De Francois Ozon
Scénario : Francois Ozon
Avec : Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Nathalie Richard, Marine Vacth
Musique : Philippe Rombi
Durée : 1h30
Sortie : 21/08/2013
Note FilmDeCulte : ****--
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Le portrait d’une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons.

A QUOI REVE UNE JEUNE FILLE ?

« J’aime installer un cadre formel à l’intérieur duquel j’ai ensuite une totale liberté ». Ces mots de François Ozon peuvent effectivement s’appliquer à plusieurs de ces films, que ce soit 8 Femmes ou Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (et leur théâtralité assumée) ou encore 5X2 et son rembobinage narratif. S’il fallait rapprocher Jeune et Jolie d’un de ses précédents long-métrages, il s’agirait sans doute de ce dernier. Même découpage en blocs au fil des saisons, mais aussi le même mélange élégant entre douceur et dureté. Le finale de 5X2, scène de rencontre romantique sur une plage, se retrouve ici en écho au début de l’histoire d’Isabelle. Et ici une fois encore, la tendresse de ces scènes (sur lesquelles flotte un parfum des films estivaux de Rohmer) est enrichie d’une nuance amère et poignante quand on pressent ce que l’adversité révèle à ses personnages. L’écriture d’Ozon est comme toujours très élégante : les touches d’humour ne virent jamais à la tâche de gras sur la nappe ni à l’ironie facile. Les chansons ne sont pas là comme un gimmick illustratif : comme dans 8 femmes, elles font partie intégrante de la narration dans le sens où elles viennent enrichir ou modifier le sens des scènes où elles apparaissent.

De même, il n’y aura aucune explication précise aux décisions prises par Isabelle. Chaque piste évoquée s’évapore aussitôt, évitant ainsi au film toute étude psychologique ou sociologique de son sujet. Dieu merci, Jeune et Jolie n’est pas un film-dossier prêt à générer des interprétations toutes faites et des émissions télé sur un sujet de société. D’ailleurs ce sujet, quel est-il vraiment ? Jeune et Jolie n’est pas un « film sur la prostitution étudiante ». Ce serait d’une part réduire une œuvre de cinéma à un discours et ignorer la richesse d’un scénario qui, s’il possède quelques légers passages à vide (assez bizarrement, les scènes de Charlotte Rampling ne sont pas les meilleures), a le bon goût de ne pas racoler, de ne jamais offrir d’explication toute prête et de ne jamais dicter quoi penser. Non, d’une certaine manière, Jeune et Jolie ne parle même pas de ça (les scènes attendues, avec la police par exemple, sont vites expédiées). Il s’agit avant tout d’un film sur la sexualité adolescente, sur la manière dont on vit sa sexualité de manière presque secrète à cet âge. Allons plus loin : la clandestinité des rapports d’Isabelle, la réaction de l’entourage, son émouvante solitude rappelle tout simplement le parcours de tous les homosexuels adolescents. Tout ce qui arrive à Isabelle serait pareil si elle se découvrait homosexuelle au lieu de décider de se prostituer, et le film entier resterait également le même, car son sujet est là : pas dans un sujet de société, mais dans l’imposante solitude d’une jeune personne face à sa propre sexualité. Cette solitude fait de Jeune et Jolie le film le plus émouvant de son auteur depuis longtemps. A l’heure où les jeunes actrices françaises semblent être pour moitié des « filles de » ou Miss Météo au maigre talent, Marine Vacth s’en sort d'ailleurs plus qu’honorablement dans un rôle pas évident. Après le jeune Ernst Umhauer de Dans la maison, voilà qui confirme le talent d’Ozon pour repérer de jeunes comédiens à suivre.

par Gregory Coutaut

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