Iron Man 2

Iron Man 2
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Iron Man 2
États-Unis, 2010
De Jon Favreau
Scénario : Justin Theroux
Avec : Don Cheadle, Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Gwyneth Paltrow, Sam Rockwell, Mickey Rourke
Photo : Matthew Libatique
Musique : John Debney
Durée : 2h05
Sortie : 28/04/2010
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans "Iron Man 2", le monde sait que l'inventeur milliardaire Tony Stark (Robert Downey Jr.) et le super-héros Iron Man ne font qu'un. Malgré la pression du gouvernement, de la presse et du public pour qu'il partage sa technologie avec l'armée, Tony n'est pas disposé à divulguer les secrets de son armure, redoutant que l'information atterrisse dans de mauvaises mains. Avec Pepper Potts (Gwyneth Paltrow) et James "Rhodey" Rhodes (Don Cheadle) à ses côtés, Tony va forger de nouvelles alliances et affronter de nouvelles forces toutes-puissantes...

EN ROUGE ET OR, J'EXILERAI MA PEUR

En adaptant un personnage certes réputé et important mais quelque peu secondaire vis-à-vis de ses compères filmiques et peu connu du grand public, Jon Favreau avait surpris son monde il y a deux ans. Le casting couillu d'un Robert Downey Jr. sur le retour marié à l'actualisation fidèle des origines du héros avait su donner au blockbuster tout son charme et aux geeks une nouvelle franchise prometteuse (contrairement à Daredevil ou Les Quatre Fantastiques). Attendus au tournant cette fois, Favreau et Downey Jr. avaient un sérieux défi à relever. Au vu du résultat final, Iron Man 2 s'avère être une suite thématiquement plus riche que son prédécesseur dont il surpasse également les scènes d'action mais bizarrement, malgré tous les nouveaux personnages, le film garde une ampleur similaire au premier film, dans l'intrigue - finalement assez simple - mais surtout au niveau du spectacle. Privilégiant la mise en place des bases de son univers, le premier épisode faisait presque figure de "petit film" avec seulement trois scènes d'action à proprement parler. Le second n'en comporte pas une de plus. Si le film déçoit sur un point, c'est celui-là. On ne note pas de bond épique entre les deux chapitres comme il pouvait y en avoir entre les deux Blade, les deuxSpider-Man ou les deux X-Men. Cependant, c'est une déconvenue que l'on pardonne largement au film, non seulement parce qu'il surpasse le précédent dès lors que l'heure est à l'action, mais plus particulièrement parce qu'il s'y développe dans le fond autour du protagoniste des thèmes autrement satisfaisants.

EN ROUGE ET OR, J’AFFICHERAI MON COEUR

Plus encore que pour toute autre série déclinée en plusieurs tomes, les adaptations de comics présentent une logique interne assez constante : une fois la genèse racontée, le champ est libre pour étendre l'univers et apporter un lot de nouvelles questions liées au parcours du héros. Iron Man premier du nom prenait son temps pour exposer ses éléments fondateurs et plus précisément les relations qui unissent - ou divisent - les personnages. Cette suite se le permet encore davantage. Le plus fascinant dans le personnage de Tony Stark, c'est comment il passe de marchand d'armes à pacifiste puis à gardien de la paix sans se poser de question. Ou comment un mec narcissique, intelligent mais globalement de droite se rebelle contre la cupidité immorale de sa propre compagnie mais s'octroie éventuellement le droit d'être le gendarme du monde. Ici, il défie même son gouvernement, se vantant d'avoir "privatisé la paix dans le monde" et dit ne pouvoir se soucier de quelque question libérales (dans le sens non-économique du terme). Seulement, prendre les choses en main de la sorte n'est pas sans attaches. Ainsi Iron Man 2 vient montrer les responsabilités qui lui incombent par conséquence tout en y mélangeant le passé trouble de la famille Stark et sa propre santé pour traiter du thème de l'héritage, ce que Stark va laisser derrière lui. Exploitant plus en profondeur la mise en garde de Yin Sen au début du premier film ("Quel sera le dernier acte de défi du grand Tony Stark? (...) Ne gâchez pas votre vie") au même titre que l'annonce prophétique d'Obadiah à la fin ("En cherchant à débarrasser le monde d'armes, tu lui as donné la meilleure"), le scénario fait du protagoniste à la Howard Hughes dans le premier film une figure inspirée de J. Robert Oppenheimer dans le second. A l'instar du "Père de la Bombe Atomique", il sombre dans la dépression face au monstre qu'il a crée...et, en l'occurrence, qu'il est devenu.

EN ROUGE ET OR, MES LUTTES MES FAIBLESSES

Si auparavant l'analogie citée par Favreau était l'Histoire de l'aviation, avec un Stark s'amusant de ses inventions, perfectionnées au fur et à mesure, cette fois-ci le récit présente clairement une allégorie de la course à l'armement. Tout comme Batman dans The Dark Knight, Stark se risque à engendrer de mauvais copycats, qu'il s'agisse d'un homme dépossédé en quête de vengeance, symbolisant les potentiels secrets de famille qui rongent Stark, ou bien du Président d'une société rivale, représentant l'avidité du complexe militaro-industriel, ou encore de l'ami dévoué, incarnant le sens des responsabilités vis-à-vis du peuple et de la nation. Encore une fois, comme pour Batman, les adversaires d'Iron Man ne sont autres que des doubles de lui-même, des "Dark Stark", le renvoyant à son rôle...et Tony Stark n'est pas Bruce Wayne. Il n'a pas son abnégation. C'est un gamin qui coupe le son dès qu'il n'aime pas ce qu'il entend. Un playboy en proie à ses démons. Et lorsque ceux-ci prennent le dessus, c'est drôle 5 minutes, mais très vite, ça tourne au cauchemar. A ce titre, la scène-clé de l'anniversaire de Tony cristallise toutes les qualités du film. La soirée telle qu'elle est décrite a été sans doute vécue par beaucoup de gens, super-pouvoirs mis à part. En ayant à nouveau recours à la formule utilisée sur le plateau du premier film, favorisant l'improvisation des acteurs afin de créer une plus grande véracité dans les rapports entre les personnages, Favreau et Cie parviennent à ancrer leur récit dans le réel, avec une gestion du ton exemplaire. L'ensemble baigne dans une légèreté certaine mais les moments importants ne manquent pas de poids. Stark a beau partir en vrille, Pepper et Rhodey seront toujours là pour le ramener sur Terre. Outre la densité de l'intrigue, c'est aussi cette humanité qui fait le film. N'oublions pas néanmoins les séquences d'action badass, basées sur des concepts du génie de l'animation Genndy Tartakovsky (la première série animée Star Wars : Clone Wars) qui nous offrent tantôt des combats en armure bien bourrins comme il faut, tantôt de l'infiltration experte à couper le souffle. Il en manque une au film pour rééquilibrer la structure et le rythme mais on ne saura trop reprocher à une grosse machine estivale de préférer s'intéresser à ses personnages. En fin de compte, c'est avant tout l'histoire de Tony Stark...et toujours l'univers Marvel en construction.

par Robert Hospyan

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