Folles de joie
La Pazza Gioia
Italie, 2016
De Paolo Virzì
Avec : Valeria Bruni-Tedeschi
Durée : 1h56
Sortie : 08/06/2016
Beatrice est une mythomane bavarde au comportement excessif. Donatella est une jeune femme tatouée, fragile et introvertie. Ces deux patientes de la Villa Biondi, une institution thérapeutique pour femmes sujettes à des troubles mentaux, se lient d’amitié. Une après-midi, elles décident de s’enfuir bien décidées à trouver un peu de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est le monde des gens « sains ».
DEUX TÊTES FOLLES
Si le nom de Paolo Virzi n'évoque pas forcément grand chose en France, le réalisateur italien a davantage été reconnu de l'autre côté des Alpes, notamment avec son dernier film Les Opportunistes qui fut recouvert de David di Donatello (l'équivalent transalpin des César). Dans Folles de joie, il retrouve son actrice des Opportunistes, Valeria Bruni Tedeschi, ainsi que Micaela Ramazzotti qu'il a dirigée notamment dans La Prima bella cosa. Edouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs où le film est sélectionné, a présenté Folles de joie comme une sorte de Thelma et Louise italien. Il y a effectivement de ça dans ce road trip, cette course à la liberté et à la joie de deux femmes hors normes. Hors normes, vraiment ? La première séquence du film nous suggère que c'est avant tout une question de point de vue : la caméra suit Béatrice (Bruni Tedeschi, on fire) en plan séquence, élégante et souveraine dans sa propriété ensoleillée (une sorte de Casa Buitoni de carte postale)... avant que l'on ne découvre que ladite diva est internée chez les fous.
« Vous êtes moches ! Vous êtes pauvres! » - l'un des aspects truculents de Folles de joie réside dans sa méchanceté, voire sa cruauté. Béatrice est une grande bourgeoise déchue qui ne comprend pas pourquoi le monde ne lui appartient plus, et semble se souvenir de Berlusconi avec nostalgie. Dans ce rôle en or, Valeria Bruni Tedeschi crame la pellicule avec un timing comique millimétré et une séduisante sensualité. Elle constitue avec sa partenaire Micaela Ramazzotti le moteur de ce bolide lancé à toute allure entre rires et larmes – quitte parfois à ce que le réalisateur pousse le bouchon, comme lors d'un dénouement très/trop crémeux. Mais la virée dingo de ces deux femmes abîmées, dignes même shootées au valium ou déguisées en Minnie Mouse, possède un charme assez irrésistible.