Don't Be Afraid of the Dark
États-Unis, 2010
Scénario : Guillermo Del Toro, Matthew Robbins
Avec : Katie Holmes, Bailee Madison, Guy Pearce
Photo : Oliver Stapleton
Musique : Marco Beltrami, Buck Sanders
Durée : 1h39
Une petite fille doit vivre avec son père et sa nouvelle petite amie. Celle-ci va découvrir que de sinistres créatures vivent sous les escaliers de sa nouvelle demeure...
TRAIN-TRAIN FANTÔME
Habilement survendu sur le nom de son producteur, Guillermo Del Toro (également co-scénariste!), Don't Be Afraid of the Dark ne vaut finalement pas mieux qu'un produit horrifique de 3e zone qui serait passé inaperçu sans le label magique du réalisateur du Labyrinthe de Pan. Après un prologue archétypal, Don't Be Afraid of the Dark annonce la couleur avec un plan sur une gamine brune qui s'acharne à dessiner des spirales sur sa page blanche, comme tout gamin de (mauvais?) film d'horreur qui se respecte. Le cynisme est facile mais Troy Nixey, dont c'est le premier film, donne le bâton pour se faire battre avec cet empilement de déjà vu sans jamais qu'une pointe d'invention ou de personnalité ne fasse son apparition. Il est encore plus cruel de voir ce long métrage en clôture de l'Étrange Festival, qui célèbre les œuvres bizarres, décalées, originales, de tous pays et toutes époques, pour finir sur une production qui représente tout ce que l'horreur peut avoir d'industriel, mal torché, sans esprit, tartiné d'une musique omniprésente de peur qu'il y ait un instant de silence (pour réfléchir, ou pire, imaginer?). Un bon réalisateur aurait pu filmer ces mille clichés et en faire quelque chose. Comme un bon réalisateur serait parvenu à rendre inquiétantes les bouches d'aération de cette maison hantée sans avoir à ajouter des effets sonores pachydermiques (on se prend à imaginer que les sempiternels souffles-chuchotements menaçants soient remplacés par un jingle d'Hélène et les garçons ou un yeah-hi-yeah-hi-yeah de Corona à chaque pas de la jeune héroïne). Telle la gym queen qui se mire en faisant gonfler ses muscles en plastique, Don't Be Afraid of the Dark n'a que ses jump-scares bidons pour faire sursauter, avec ses livres qui tombent par terre en faisant le bruit d'un avion se crashant dans une usine Swarovski.
Mais l'effroi, le vrai? C'est peu dire qu'avec leurs tours pendables dignes des Minipouss, les créatures lovecraftiennes du long métrage ne relèvent pas le niveau, et évoquent au mieux, lors de passages horrifiques, le fantôme (comique) des Gremlins dans le 2e opus de Joe Dante. Mais le but de Don't Be Afraid of the Dark ne semble pas de faire rire. On ne pourra pas non plus se raccrocher à l'écriture des personnages: fillette insupportable au bout de trois scène, père au rôle à peine pensé, reste Katie Holmes qui se noie dans un emploi de mère sacrificielle perdue dans une maison de fous - s'agit-il d'un sos à peine caché sur sa vraie vie? Blague à part, Don't Be Afraid of the Dark incarne, au-delà de ses clichés d'horreur mal troussée, tout ce qui fait le mauvais cinéma.