Australia
Australie, 2008
De Baz Luhrmann
Avec : Hugh Jackman, Nicole Kidman
Durée : 2h35
Sortie : 24/12/2008
Australie du Nord, fin des années 30. Lady Sarah Ashley, aristocrate anglaise hautaine et renfermée, arrive au cœur des paysages sauvages de l'Australie et se retrouve à devoir gérer seule un gigantesque domaine. Contrainte pour sauver l'exploitation de partir vendre 2,000 têtes de bétail à des milliers de kilomètres, elle n'a d'autre choix que de faire équipe avec un cow-boy local un peu rustre. Cette aventure à travers les terres aussi magnifiques qu'inhospitalières du pays transformera à jamais ces deux êtres que tout oppose. Au bout de leur périple, la ville de Darwin doit faire face aux bombardements japonais.
FREEDOM, BEAUTY, TRUTH AND LOVE
Moulin Rouge!, en son temps, avait remis avec fracas la comédie musicale au goût du jour, trempant ses vieux habits élimés dans l'absinthe pour faire non seulement revenir leurs couleurs d'antan mais aussi leur donner une nouvelle vie, Montmartre rock'n'roll, nuits folles d'ivresse, excentricités Bollywood, vive la vie de bohème et tout ça au nom de la Liberté, la Beauté, la Vérité et l'Amour chantés, bouche en cœur et cœur ardent, sur les toits illuminés de Paris. Depuis, le film est devenu culte et Hollywood a réappris à gazouiller. Australia tente un pari assez voisin, la renaissance de la romance bigger than life et anachronique, faite de grands espaces, d'amoureux désuets, de guerre tragique, et Tara comme les flammes d'Atlanta ne semblent jamais bien loin. Mais là où la scène insensée d'un Moulin Rouge! exclamatif était ouverte à toutes les extravagances, l'imposant Australia fait avec les codes d'un genre plus guindé : les fées saoules de l'un contre les troupeaux de bovins de l'autre. La marge de manœuvre, ici, est largement moindre.
Luhrmann a tiré le rideau rouge sur sa trilogie excitée et livre un film plus sage, mais la première partie d'Australia laisse pourtant entrevoir la patte folle de son auteur. Mappemonde de bande dessinée et kangourous flingués, Hugh Jackman croqué en super-héros de western, ou Nicole Kidman en héroïne de comédie grotesque, Australian queen à voile de gaz sur tête de mouche, tâche noire dans le cimetière désertique mais attendue comme la pluie, le tout avec un montage dynamique et une caméra amoureuse des envolées. Puis le film se pose dans son bush, déroule son récit classique carburant entre archétypes et stéréotypes, sur fond d'Australie ségrégationniste des années 30. Tout ceci constitue la partie la plus efficace du long métrage, avançant certes sur des rails mais assumant au premier des degrés son épopée kitsch et roots dans une jolie imagerie de boîtes à chocolats. La dernière heure souffre, elle, davantage de problèmes rythmiques, entre couloirs et raccourcis, même si Luhrmann évite avec son tableau guerrier les débordements patriotiques d'un Michael Bay : Australia sonne comme un étendard, mais raconte avant tout l'histoire de ses marginaux, Lady étrangère, cow-boy traité comme un indigène et surtout Générations Volées d'aborigènes en esprits surplombant le pays. Le résultat est inégal, parfois exubérant, parfois trop lisse, mais la foi de Luhrmann fait malgré tout de ce livre d'images un joli cadeau sous le sapin.