Robin des Bois
Robin Hood
États-Unis, 2010
De Ridley Scott
Scénario : Brian Helgeland
Avec : Cate Blanchett, Russell Crowe, William Hurt, Oscar Isaac, Mark Strong, Max Von Sydow
Photo : John Mathieson
Musique : Marc Streitenfeld
Durée : 2h20
Sortie : 12/05/2010
Robin Longstride revient des Croisades avec l’armée de feu Richard Cœur-de-Lion. Mais arrivé en Angleterre, il découvre l’étendue de la corruption qui règne sous le Prince Jean. Il trouve refuge près du village de Nottingham.
JEUX DE POUVOIR
L’héritage de ce Robin des Bois se trouve plus chez Kingdom of Heaven que Gladiator, auquel on le compare souvent. A bien des égards, le début fait presque penser à une suite directe de son précédent film de Croisades : Richard Cœur-de-Lion, qu’on avait vu partir en Terre Sainte, est désormais sur le retour, pillant sa route jusqu’en Angleterre à la tête d’une armée désillusionnée. C’est là que Scott commence à tisser le fil narratif qui semble le plus l’intéresser dans le film : celui du contexte politique de l’Europe du XIIIe siècle où l’Angleterre, exsangue, est prête à tomber aux mains de l’ennemi français. Le pari du film est intéressant : montrer les conditions sociales et historiques qui ont conduit à la création du légendaire ‘‘Robin Hood’’. Scott met en scène avec vivacité et réalisme ces scènes de tractations qui donnent au film une belle texture, même s’il n’évite pas toujours de s’embourber dans une intrigue inutilement compliquée.
ROBIN BEGINS
Au milieu de ce mille-feuille donc, un autre film, qui voit la longue et très progressive émergence de celui qui ne s’appelle pas encore Robin des Bois. Tel Batman et James Bond, c’est au tour d’une autre icône d’être rebootée sur l’obligatoire ton post-moderne qui prévaut à Hollywood. On sent alors Scott moins à l’aise lorsqu’il essaie de jongler l’ancrage iconoclaste de son film avec les passages obligés de la naissance du héros (tiens, voici Petit Jean ; oh, voilà Frère Tuck…). Russell Crowe, débordant de charisme, donne vie à ce Robin Longstride avec l’intensité qu’on lui connaît, mais son parcours n’est pas toujours convaincant, notamment lorsque le film verse dans une backstory dispensable sur le père du héros. Plus séduisante par contre, l’histoire d’amour en pointillés entre Robin et Marian, jouée par Cate Blanchett, traitée sur un ton adulte. Pour le reste, Ridley Scott livre une fois de plus une œuvre visuellement splendide. A la photo, le toujours fiable John Mathieson est l’autre héros du film, faisant naître avec talent les splendeurs et misères du Moyen-âge.