Alice au pays des merveilles
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Alice in Wonderland
États-Unis, 2009
De Tim Burton
Scénario : Linda Woolverton d'après l'oeuvre de Lewis Carroll
Avec : Helena Bonham-Carter, Johnny Depp, Anne Hathaway, Alan Rickman, Michael Sheen, Mia Wasikowska
Photo : Dariusz Wolski
Musique : Danny Elfman
Sortie : 24/03/2010
Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu'elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve ses amis le Lapin Blanc, Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, le Loir, la Chenille, le Chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s'embarque alors dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la Reine Rouge.
CET AFFREUX CAUCHEMAR EST TERMINE
Dans son excellent livre d'entretiens avec Mark Salisbury, Tim Burton se confie sur son expérience chez Disney, qui cherchait, dans les années 80, à renouveler ses équipes, faire émerger de nouveaux talents, mais qui a malgré tout jeté à la poubelle tout son investissement personnel sur Taram et le chaudron magique - trop noir, trop décalé: la quête d'une personnalité nouvelle avait ses limites. Burton parle des difficultés qu'il a rencontrées sur le tournage de Batman, celles de mener à bien un blockbuster écrasant son univers à lui (et de sa libération plus tard, lorsqu'il a court-cicuité les attentes sur Batman, le défi, pour lequel il s'est fait taper sur les doigts). De son étroite collaboration avec ses scénaristes, pour qui il écrit à l'occasion les histoires, voire co-écrit les scénarios sans être crédité (Mars Attacks!), de son besoin d'intimité pour tourner, ensuite, une œuvre qu'il peut s'approprier. Ou encore de son manque d'amour pour les scènes d'action, qu'il ne sait pas filmer, selon ses propres dires. Qu'est-il donc allé faire dans cette galère, cette Alice qui réunit toutes les conditions pour un naufrage annoncé? Ouvrage industriel labellisé Disney où l'univers de Burton semble à peine apparaître, mégaprojet prêt à remplir le porte-monnaie de Mickey façon formule (et appelant déjà une suite), scénario robot par une Linda Woolverton en poulain maison d'une sensibilité bien différente (scénariste de La Belle et la bête, Le Roi Lion, Mulan ou la série des Popples), et avec qui il n'avait encore jamais travaillé à ce jour, enfin un finale sur une scène de bataille contractuelle, Narniesque, et complètement dépourvue de souffle.
"Quand je suis mauvais, je suis très mauvais" indique t-il également. On comprend que l'univers de Lewis Carroll, le merveilleux d'Alice, son monde d'inversion, de dualité, d'absurde, soit fait pour Burton. Que le projet 3D avait son ambition technique. Mais, plombé par un scénario épouvantable, de sa fausse-bonne idée de départ à son parcours initiatique à sieste (Woolverton mérite de voir la Reine rouge débarquer chez elle pour qu'elle lui coupe la tête et le reste), Burton illustre, fait illusion un temps lors de la découverte de l'underland, 3D ici utilisée comme un gadget décoratif, mais termine en mode totalement automatique, la tête ailleurs. Après avoir signé le plus beau plan de sa carrière en clôture de Sweeney Todd, Burton filme sa pire scène avec une danse du chapelier fou sortie d'un cauchemar. Il y a vingt ans, Burton regrettait ne pas avoir eu assez de temps pour développer son culte Frankenweenie en long métrage. Ce remake est désormais son prochain projet: gageons qu'il sera plus personnel et plus inspiré.
