Sonny Chiba
Japon
En Asie puis dans le monde entier, les prémices des années 70 sont marquées par l’émergence au cinéma d’un dragon nommé Bruce Lee. Pourtant, depuis quelques années, un gymnaste japonais devenu acteur ronge son frein en attente de gloire…
DE SADAO A SONNY
Sadao Maeda naît le 23 janvier 1939 à Fukuoka au Japon. Il n’est encore ni Sonny Chiba, ni même Shinichi Chiba, juste un jeune garçon à l’enfance tranquille parmi ses quatre frères et sœurs. Bien qu’attiré par le théâtre, Chiba se dirige davantage vers le gymnase afin d’y suer tout ce que son corps peut pour devenir un champion, si possible olympique. Mais l’art de la gymnastique est ardu, et les efforts parfois mal récompensés. Ainsi une hanche brisée le contraint d’un craquement à renoncer à ses espoirs. Il se tourne alors vers les arts martiaux, où il se forgera un palmarès qui témoigne de sa réussite, avec notamment une ceinture noire 3e dan de karaté, ainsi qu’une excellente maîtrise du judo, du kendo, du jujitsu et du kempo. Elève du vénérable Masatatsu Oyama, Chiba se transforme en catalogue humain de la savate, et se construit son petit nom (il devient d’ailleurs Shinichi Chiba). Mais à l’aube des années 60, un nouveau virage se profile: la Toei l’engage pour tourner dans une série télévisée intitulée Spectral Mask. La roue de la fortune est désormais lancée.
SUNNY
Les sixties verront apparaître au fil des ans une centaine de films mettant en scène Chiba, de qualité pour le moins inégale. La notoriété de Chiba n’en souffre pas, et l’acteur devient une star sur le continent asiatique. A la fin de la décennie, il crée une école (le Japan Action Club) destinée aux apprentis comédiens et enseignant les arts martiaux. Mais pendant que Chiba suit son bonhomme de chemin, un phénomène commence à faire vibrer les pays voisins. Celui-ci a pour nom Bruce Lee, et fera l’essentiel de sa fulgurante carrière entre 1972 et 1973. Mais plutôt qu’être un obstacle à la carrière de Chiba, cette concurrence va le porter vers les sommets. La Toei, soucieuse de profiter de la vague Lee, va offrir au Japonais un carosse d’or avec Streefighter. Le succès est immédiat, et trois suites prolongeront le triomphe en moins de 2 ans. Il s’agit là de l’Age d’or pour le comédien, qui tournera notamment Super Express 109 (dont le principe - un train ne doit pas descendre sous les 80 km/h sous peine d’exploser - sera repris vingt ans plus tard dans Speed) ou Shaolin Karaté, et fera de fructueuses rencontres avec Kinji Fukasaku ou Teruo Ishii.
MON VIEUX
Les années passent et les modes avec elles. Chiba, devenu entre-temps Sonny, voit sa cote chuter lors des années 80. L’homme se retire aux Etats-Unis et plante sa tente à Los Angeles. Il n’y a guère que quelques apparitions sur les écrans japonais qui ont pu l’en extirper. Symbole des années noires, sa première et unique réalisation: Yellow Fangs (1990), un échec cinglant. Pourtant, endormi dans sa tanière, le tigre se réveille peu à peu, les membres engourdis, lors du nouvel Age d’or de Hong Kong. Chiba a acquis le statut d’éternelle icône, et se voit de nouveau désiré. Il est à l’affiche de Stormriders, pour lequel Andy Lau a fait des pieds et des mains pour que Chiba soit l’homme de la situation. Il retrouve Fukasaku puis son fils sur le tournage de Battle Royale II (qui sortira prochainement) et se voit adoubé par un fan nommé Quentin Tarantino. Le réalisateur américain l’a en effet invité à son festin de Kill Bill, permettant à Chiba de gravir une marche supplémentaire vers l’éternel. L’approche de Sonny demeure pourtant aussi pure que simple, à savoir "vendre du rêve au bon sens du terme".
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2003 Kill Bill volume 2 2003 Kill Bill volume 1 2003 Battle Royale II 1998 Stormriders 1982 Les Guerriers de l’apocalypse 1975 Shaolin Karaté 1975 Super Express 109 1974 Streefighter 1973 Le Garde du corps 1962 Gyangu 4 1961 Furaibo Tantei 1961 The Drifting Detective 1961 Vigilante in the Funky Hat