Jane Fonda

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Actrice
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Elle a beau s'assurer aujourd'hui une rente solide en prêtant son beau visage fané à une grande marque de cosmétiques, Jane Fonda, invitée d'honneur du Festival Paris Cinéma, écrase n'importe quelle actrice d'Hollywood (Meryl Streep est hors-concours) avec un curriculum vitae en or massif. 40 ans de carrière quasi irréprochable et un engagement personnel et politique ont fait d'elle une authentique Lady, au propre et au figuré.

SUPERGIRL

D'ailleurs, Jane a en fait des origines doublement royales. Son géniteur, l'illustre Henry Fonda dont la filmographie longue comme deux bras s'orne de fleurons mythiques de l'usine à rêves, décida de la baptiser Jeanne Seymour, du nom de l'une des femmes les plus opiniâtres du roi Henry VIII. Dès son plus jeune âge, elle montre en effet un caractère décidé qui ne souffre pas le compromis. Dans les spotlights alors qu'elle est une adolescente qui s'enfièvre de la folle vie new yorkaise où elle est née en 1937, elle se montre au départ réticente à suivre la voie de son père. Mais elle monte pourtant pour la première fois sur les planches en 1954 dans une production d'Une fille de la campagne. Le déclic se fait instantanément et elle commence à suivre les cours de l'Actor's Studio sous la direction du légendaire Lee Strasberg, parallèlement à une carrière de mannequin. Mais faire la couverture de Vogue, entre autres, la conduit en même temps à la boulimie, une plaie qui ne guérira qu'au bout de vingt ans. En même temps que le théâtre, elle fait ses armes dans des films mineurs de Edward Dmytryk, George Cukor ou George Roy Hill et sa carrière s'amorce tranquillement tout au long des années 60. C'est en 1968 qu'elle cause des attaques cardiaques sur toute la planète en apparaissant dans son personnage mythique de Barbarella, justicière du futur à la crinière blonde façon Barbapapa. Un mythe est né, qui cause le même bouleversement que Bardot dans Et Dieu créa la femme. Sex symbol absolu qui surgit dans une période de libération des moeurs, Jane Fonda devient du même coup une superstar. Son film suivant ne peut pas être plus contrasté: On achève bien les chevaux, réalisé par Sydney Pollack, raconte l'histoire de ces marathons de danse pour les victimes de la dépression des années 30. Âpre et sensible, Jane y acquiert enfin le statut d'actrice sérieuse. Presque toutes les portes qui s'ouvrent à elle, elle les referme avec dédain, devenant si sélective dans ses choix qu'elle refuse des rôles dans Rosemary's Baby et Bonnie and Clyde. Néanmoins, le monde est à ses pieds; tout comme Roger Vadim avec qui elle restera mariée huit ans, jusqu'en 1973. Deux ans auparavant, elle remporte son premier Oscar pour Klute, dans lequel elle joue une prostituée qui aide un détective, Donald Sutherland, à résoudre un meurtre. Le film, sombre et oppressant, reflète une sensibilité propre à l'époque : l'Amérique est alors embourbée dans le conflit du Viet-Nam.

UNE FEMME D'HONNEUR

C'est l'occasion pour elle de dévoiler une nouvelle facette: après le mannequin, le sex symbol et l'actrice accomplie, Jane Fonda se mue en activiste politique à 100%, une passion dévorante qui ne la lâchera plus jamais. Après avoir défendu les droits civiques pour les Noirs et les Amérindiens, et là où les cercles de Washington s'inclinent devant les décisions du bureau ovale, elle monte au créneau et s'adresse au peuple dans des élans de vindicte flamboyante. C'est une socialiste convaincue, chose criminelle à Hollywood où on la regarde désormais d'un oeil torve. Peu importe, Hanoi Jane vit son utopie sans limites et met sa carrière entre parenthèses pendant quelques années. En 1977, elle fait un premier come-back avec Touche pas à mon gazon, succès critique et commercial. Sa société de production lui assure des rôles réguliers, mais c'est Julia (1978), relatant l'histoire de deux amies éloignées par le temps, et dont l'une d'elle soutient le nazisme, qui la replace sur son trône. Elle enchaîne avec le sulfureux Le Retour, amère épilogue filmique sur les vétérans du Viet-Nam qui lui vaut son second Oscar, même si elle critiquera par la suite l'aspect politiquement correct du film. C'est à ce moment qu'elle conjugue enfin ses convictions sociales et ses ambitions d'actrice, déclarant ne vouloir tourner que des projets porteurs de sens - elle ne respectera qu'à moitié cette promesse. Le Syndrome Chinois s'inscrit pourtant complètement dans cette perspective, peignant l'étouffement d'un accident dans une centrale nucléaire. Grand écart à nouveau avec 9 to 5 en 1980, une comédie délirante qui culmine au box office, où aux côtés de Limy Tomlin et Dolly Parton, elle se fond dans un rôle de housewife rebelle. L'année suivante, elle se lance dans un projet personnel: La Maison du Lac lui permet enfin de tourner aux côtés de son père peu de temps avant la mort de celui-ci, signant du même coup la fin d'une ère.

LA FEMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS

Loin de s'assagir, elle endosse une énième carapace et devient tout au long des années fric la grande prêtresse de l'aérobic. Ses vidéos se vendent par dizaines de millions de Sydney à Rio et se transforment en poule aux oeufs d'or. Femme d'affaire avisée, elle se consacre alors exclusivement à cette nouvelle marotte, lassée et déçue par l'évolution d'Hollywood. C'est en conséquence que peu après son mariage avec Ted Turner, le magnat multimilliardaire de CNN avec qui elle partage les mêmes ambitions, Jane Fonda annonce sa retraite en tant qu'actrice. Dix années au bras d'un des hommes les plus influents d'Amérique la poussent à l'embourgeoisement, peut-être fatiguée de trois décennies folles. Mais l'échec de ce mariage qui sent trop le dollar la pousse à l'ennui profond, elle qui a tout vécu et tout tenté. En 2005, alors qu'elle approche de ses soixante-dix printemps, elle s'octroie une cure de jeunesses saisissante avec Sa mère ou moi, dans un face-à-face redoutable avec J.Lo. c'est la même année que sortent ses mémoires où elle s'épanche librement sur ses erreurs, ses drames personnels comme le suicide de sa mère lorsqu'elle avait treize ans, et ses liaisons avec les plus beaux séducteurs de la planète. Aujourd'hui respectée et toujours aussi populaire, elle mêle shows à Broadway, combats politiques comme ses implications dans les conflits irakien, israélo-palestinien et l'écologie. Increvable jusqu'au bout.

par Grégory Bringand-Dedrumel

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