Fred Astaire

Fred Astaire
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États-Unis

Danseur né, Fred Astaire a connu l’une des plus longues carrières de l’Histoire de la comédie musicale. Alors qu’il redoutait constamment de devoir partager l’affiche avec des partenaires plus grandes que lui, il aura dominé le genre alliant perfection, humour et grâce. Acteur free-lance au pays des studios, il s’est forgé avec détermination un parcours sans faute de 1933 à 1981.

LES ANNEES GINGER

Fils d’un immigrant autrichien, Frederic Austerlitz Jr. débute sur les planches à l’âge de cinq ans aux côtés de sa sœur Adèle. Le duo qui prend le nom Astaire se produit régulièrement dans les vaudevilles et à Broadway, pendant près de trente ans. En 1932, alors qu’Adèle convole en juste noce et laisse tomber sa paire de claquettes, Fred s’envole pour Hollywood où il signe avec la RKO et décroche un second rôle dans Carioca. Première rencontre avec Ginger Rogers. La malice du couple fait des étincelles. La RKO voyant là une manne leur propose l’année suivante La Joyeuse divorcée sous la direction de Mark Sandrich. Succès public immédiat auprès du public qui raffole des prises de bec et de réconciliations divines de leurs nouvelles coqueluches. Cinq nominations aux Oscars (dont celui du meilleur film) les placent comme le couple le plus en vogue du grand écran. Mais la réelle explosion pour Fred Astaire viendra deux ans plus tard avec Le Danseur du dessus (également de Mark Sandrich), dont le top hat du titre original deviendra son symbole, bien qu’il ne le portera que très peu par la suite. Si son jeu d’acteur un peu limité se base principalement sur la surenchère de moues abusives et un phrasé très rapide et cinglant, si son chant est parfois hésitant, il demeure un remarquable danseur à la technique aiguisée, capable de prouesses jusqu’ici inégalées au cinéma, en particulier au niveau de la rapidité de ses pas. Son secret: exécuter les mouvements sur le mode de l’élévation et de la suspension, laissant libre court à des jambes ultra mobiles. Fred danse en apesanteur.

EMANCIPATION

Le duo enchaînera cinq autres succès au cours des années 30, dont trois sous la direction de Mark Sandrich recyclant à l’infini leur formule magique. A partir de 1937, Fred Astaire cherche à se diversifier, et troque l’espace d’un film sa svelte et blonde partenaire contre une brune aux formes pulpeuses. Demoiselle en détresse de George Stevens, éclairé par le talent du danseur, recevra l’Oscar de la meilleure direction chorégraphique. Vincente Minnelli déclarera à ce sujet dans sa biographie: "Les numéros dansés de Fred Astaire constituaient les seuls éléments remarquables des ‘musicals’ de la fin des années 30". 1940, Fred Astaire fait ses bagages. Il quitte Ginger et la RKO pour rejoindre Eleanor Powell à la MGM dans une énième révision de Broadway Melody, Paulette Goddard à la Paramount dans Second Chorus, Rita Hayworth chez Columbia dans You’ll Never get Rich puis You Were Never Lovlier, avant de retrouver la RKO aux côtés de Joan Leslie dans Seul le ciel pour limite. A déjà plus de 40 ans, Fred est devenu un acteur-danseur free-lance dans la profession, se donnant ainsi la possibilité d’apparaître en tête d’affiche de six projets différents en l’espace de trois ans. C’est tout naturellement alors qu’on lui propose d’intégrer le casting de Ziegfeld Follies qui rassemble tous le gratin des films musicaux sous la direction de Vincente Minnelli et Charles Walters. Fred apparaît dans quatre tableaux dont le sublime Limehouse Blues, considéré comme l’un des plus beaux ballets mis en scène par Minnelli et le morceau d'anthologie The Babbitt and the Bromide aux côtés de Gene Kelly. Le film remportera la Palme d’or de la meilleure comédie musicale en 1947.

SOUS LA HOULETTE DE LA MGM

Pendant le tournage fleuve de Ziegfeld, Vincente Minnelli en profite pour garder Fred Astaire et sa partenaire Lucille Bremer sous le coude. Il leur offre les premiers rôles de Yolanda et le voleur, un petit film sans prétention à la saveur latine exquise qui passe malheureusement inaperçu auprès du public. Fred Astaire retrouvera le réalisateur pour une troisième collaboration huit ans plus tard dans l’exceptionnel Tous en scène (1953). Il y incarne un acteur-danseur en fin de carrière délivrant son dernier spectacle. Un écho à son propre statut dans la profession (on le considère alors comme le papy de la comédie musicale), comme l’illustrent certaines séquences ironiques et piquantes. Il excelle dans ce rôle aux côtés d’une Cyd Charisse flamboyante qui alterne avec brio timidité et sensualité. Le ballet final Girl Hunt, dans la lignée de Limehouse Blues, est un réel bijou de maîtrise et d’inventivité qui couronne à la fois le travaille du réalisateur et de ses interprètes. L’alchimie avec Cyd Charisse sera telle qu’il la retrouvera quatre ans plus tard dans La Belle de Moscou, version musicale de Ninotchka réalisée par Rouben Mamoulian. Retour en arrière. A la sortie de Ziegfeld Follies en 1946, la MGM profite de l’emprise de Minnelli sur Fred Astaire pour lui faire signer La Parade de printemps (1948) aux côtés de Judy Garland et faire revivre pour un dernier film (The Barkleys of Broadway - 1949) son couple mythique avec Ginger Rogers. Les films font un carton au box-office et prouvent que même déguisé en clochard et âgé de presque 50 ans, Fred Astaire sait garder l’énergie et la classe de ses débuts.

L’IRONIE D’UNE FIN DE CARRIERE

1951, 52 ans et toutes ses dents, Fred remporte le premier prix de sa carrière, le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie ou film musical pour Trois petits mots de Richard Thorpe. L’année suivante, associé à Stanley Donen plus inventif que jamais, il bouleverse les codes du genre avec Mariage royal. Prenant au pied de la lettre la notion de légèreté qui se dégage de la danse de son interprète, le réalisateur-chorégraphe déjoue les lois de l’apesanteur, en le faisant danser sur les murs et le plafond de son salon. La scène restera gravée dans les annales à tout jamais. Il retrouvera Donen en 1957 dans les rues de Paris pour Drôle de frimousse aux côtés d’Audrey Hepburn. Le poids des années se faisant sentir, Fred Astaire laisse de côté ses petits pas aériens pour ne figurer alors que dans des comédies sympathiques, des films d’action voire même un film d’horreur pour le dernier rôle de sa carrière. Son second rôle dans le film de guerre Le Dernier Rivage lui vaut une deuxième nomination aux Golden Globes. Il ne rechaussera ses claquettes que pour les beaux yeux de Francis Ford Coppola. La Vallée du bonheur (1968) dont il partage l’affiche avec Petula Clark lui rapporte une troisième nomination aux Golden Globes. 1974, il participe au casing de luxe du film catastrophe La Tour infernale, remporte un Golden Globe et une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle masculin. Souffle sur cette fin de carrière toute l’ironie de ce genre de cérémonies qui, pour se racheter de n’avoir jamais rien accordé à cet acteur mythique, le barde de récompenses dans un domaine qui n’est pourtant pas le sien.

par Julie Anterrieu

En savoir plus

1981 Le Fantôme de Milburn 1977 Un taxi mauve 1974 La Tour infernale 1968 La Vallée du bonheur 1962 L’Inquiétante Dame en noir 1959 Le Dernier Rivage 1957 La Belle de Moscou 1957 Drôle de frimousse 1954 Papa longues jambes 1953 Tous en scène 1950 Mariage royal 1950 Trois Petits Mots 1949 Entrons dans la danse 1948 Parade de printemps 1946 Ziegfeld Follies 1945 Yolanda et le voleur 1943 L’Aventure inoubliable 1942 O toi ma charmante 1942 L’Amour chante et danse 1941 L’Amour vient en dansant 1940 Swing Romance 1940 Broadway Melody 1939 La Grande Farandole 1938 Amanda 1937 L’Entreprenant Monsieur Petrov 1937 Demoiselle en détresse 1936 En suivant la flotte 1936 Sur les ailes de la danse 1935 Le Danseur du dessus 1935 La Joyeuse Divorcée 1935 Roberta 1933 Carioca 1933 Le Tourbillon de la danse

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