Billy Bob Thornton

Billy Bob Thornton
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États-Unis

Billy Bob Thornton a plus de cinquante films à son palmarès. Qui peut m’en citer cinq dans lesquels il a joué? Peu de personnes. En effet, Billy Bob est le surdoué du second rôle mais aussi et surtout le plus caméléon des acteurs en activité. Il va fêter ses cinquante bougies l’année prochaine et continuer à écrire, jouer de la musique, tourner, que ce soit devant ou derrière la caméra, et mener une vie sereine entouré de ses enfants. Billy Bob Thornton, la force et le talent tranquilles.

MUSIC IS MY FIRST LOVE

C’est à l'âge tendre (deux ans) que Billy Bob reçoit sa première guitare des mains de son oncle. Sept ans plus tard, sa maman lui offre une batterie. Autant dire qu’il est tombé très tôt dans la musique; les groupes se succéderont au fil des années, Billy Bob étant à la fois chanteur et batteur. C’est en 1983 que sort Gunslinger, l’album de la formation Tres Hombres, ainsi nommée en hommage au disque éponyme de ZZ Top. Album qui est aujourd’hui une rareté quasi introuvable. Parallèlement à sa carrière cinématographique, il continue d'écrire des chansons et réalise en 2001 son grand rêve: se lancer en solo. Ce sera Private Radio. L'oeuvre est un mélange de blues, de musique country et de textes dits par Billy Bob. La critique salue son formidable talent de conteur et le compare à Tom Petty, Leonard Cohen ou encore Johnny Cash qui dit de lui: "Ecouter un album de Billy Bob, c'est comme écouter un vieil ami de retour à la maison." Cet album est celui que les fans préfèrent. En 2003 paraît The Edge of the World, dédié à son frère décédé à 30 ans d’une crise cardiaque. Ils avaient déjà écrit ensemble des textes du premier album et Billy Bob le considérait comme bien meilleur musicien que lui. The Edge of the World est un album introspectif sur la vie, l’amour, la douleur de la perte d’un être cher, et sur l’espoir. Dans Fast Hearts, Billy Bob s’en prend même à Dieu en l'accusant d'avoir pris le mauvais frère Thornton. Cet amour de la musique ne pouvait longtemps rester éloigné de l’univers du cinéma et Billy Bob a trouvé un moyen de conjuger les deux. En effet, en 1995 sur le tournage de Sling Blade, il improvise une jam session avec des amis pour l’équipe du film, une habitude qui ne le quittera plus.

MERCI MONSIEUR WILDER

En 1981, il déménage à Los Angeles avec son comparse de toujours, Tom Epperson. Les deux se connaissent depuis l’enfance, leurs mères étant voisines et confidentes. Ils se sont d’abord essayés à la Grosse Pomme mais ne sont restés en tout et pour tout que dix heures, l’expérience la plus effrayante et traumatisante de leur amitié. Les temps sont durs à Los Angeles et les vaches maigres. Billy Bob suit des cours d’art dramatique et rédige en compagnie de Tom des scénarii qui sont systématiquement refusés par les studios. C’est Billy Wilder en 1985, à l’occasion d’une soirée privée de Noël pour laquelle Billy Bob était serveur, qui lui avait soufflé l’idée en découvrant que ce dernier était apprenti comédien: "Tu n’es pas assez laid pour jouer un personnage de caractère et pas assez beau pour être jeune premier. Ecris plutôt tes propres films." Un conseil qu’il aurait eu tort d’oublier. En 1991 le succès critique sera au rendez-vous avec Un faux mouvement de Carl Franklin dans lequel Billy Bob joue également l’un des rôles principaux (celui d’un dealer assassin, aux côtés de Bill Paxton). Billy Bob et Tom poursuivent avec l'écriture de Don’t Look Back, un téléfilm avec Eric Stolz et A Family Thing pour Robert Duvall. Leur scénario le plus personnel reste sans doute celui d'Intuitions de Sam Raimi. En effet, le personnage d’Annie est directement inspiré de la mère de Billy Bob: elle aussi possédait des dons extralucides, elle aussi était veuve avec trois enfants à charge, elle aussi utilisait ses talents pour arrondir les fins de mois trop justes.

"FUCK ME SANTA! FUCK ME SANTA!"

Billy Bob ne veut pas seulement écrire, il veut aussi jouer et bien qu’il ait à son actif une galerie imposante de personnages différents, il a déjà à trois reprises endossé des rôles d’idiots ou de marginaux, notamment dans Un plan simple, Bandits et Bad Santa. Jacob Mitchell, qu’il interprète dans le film de Sam Raimi, est le rôle préféré de Billy Bob, suivi du barbier Ed. A la lecture du scénario de Bandits, il est si impressionné par le travail de Harvey Peyton, qu’il souhaiterait l'avoir lui-même écrit. Les névroses de Terry ne sont pas fortuites. Barry Levinson ayant appris que Billy Bob souffrait de phobies, il a souhaité que cette particularité soit ajoutée au film. De ce fait, Billy Bob n’a pas eu à trop forcer le trait pour incarner ce personnage. Il a par ailleurs avoué agir parfois de manière similaire dans la vie de tous les jours. Dans Bad Santa de Terry Zwigoff, il donne vie à un petit criminel alcoolique qui, allié à un elfe plus par nécessité que par choix, dévalise chaque année un grand magasin à l’approche du 25 décembre. Aux dires de l’acteur, la plus décapante des comédies de Noël. Le film a connu un gros succès outre-atlantique et engendré plus de 60 millions de dollars au box-office.

CAMELEON DU SECOND RÔLE

Billy Bob est le spécialiste du second rôle: il jouera dans Proposition Indécente d’Adrian Lyne en 1993, sera dealer dans un salon oriental pour Tombstone la même année, puis fera une apparition dans Dead Man de Jim Jarmush en 1995 avant d’être Darell l’incroyable mécanicien dans U-Turn, ici commence l’enfer d’Oliver Stone en 1997. L’année suivante le verra conseiller de John Travolta dans Primary Colors, avant de prendre un peu de galon et de partager l’affiche avec un John Cusack dépassé, à qui il vole d’ailleurs la vedette, grâce à son rôle d’aiguilleur du ciel le plus zen de sa génération dans Les Aiguilleurs de Mike Newell. Entre ces deux films se trouve le blockbuster, seul et unique, dans lequel ait jamais joué Billy Bob, Armageddon. Michael Bay voulait un cow-boy de l’espace mais Billy Bob réussit à imposer un homme du gouvernement droit et implacable. C’est également lui qui a eu l’idée de la blessure de Dab Truman, blessure l’ayant privé d’un destin d’astronaute. Dan Truman est par ailleurs son personnage le plus célèbre parmi ses fans japonais. Billy Bob lui ne revendique pas spécialement ce rôle qu’il a accepté sur les conseils de son agent, et pour solder les comptes de son divorce de l’époque (l’acteur a connu cinq mariages et autant de séparations). Il jouera ensuite le texan abusé d'Intolérable Cruauté des frères Coen, avant de composer un Président des Etats-Unis inspiré de Bush et de Clinton pour Love Actually, rôle pour lequel il dit s’être beaucoup amusé. Dans The Alamo (sortie prévue pour 2005), Billy Bob incarne la légende américaine David Crockett. Son interprétation a beau être "le cœur et l’âme" du film selon le réalisateur et la presse, l'ensemble n'en reste pas moins décevant.

"I DON'T TALK MUCH, I JUST CUT HAIR"

2001 sera un bon cru pour Billy Bob. En effet, il retrouve les frères Coen pour son plus beau rôle à ce jour, celui d’Ed dans The Barber. Il dit oui avant même de lire le scénario: "Peu m’importe l’histoire. Certaines personnes ne se plantent jamais, ce ne peut pas être une mauvaise décision." L'homme raconte l’histoire de son point de vue, il ne fait que fumer et respirer et pourtant emplit l’écran d’une présence incroyable, imposant sur son visage et ses attitudes une époustouflante gamme de sentiments. Anti-héros qui n’a pas envie d’être coiffeur, Ed est un individu explosif, dont pourtant personne ne se rappelle le nom, tant il se fond dans le décor. Ce qui prête à sourire quand Rachel (Scarlett Johansson) lui dit: "Vous êtes un enthousiaste" et lui de répondre: "Oui, peut-être." Ce rôle d'Ed était comme un galop d’essai pour Billy Bob qui avec le personnage de Hank Grotowski dans A l’ombre de la haine prouve une fois de plus, dans des scènes sans dialogue ni superflu, l’étendue de son talent d’acteur. Au fil de l'histoire, le profil de Hank s'éclaircit, gagne en confiance et finit par imposer une vraie personnalité. Son prochain grand rôle est celui de l’entraîneur de l’équipe de football Gary Gaines dans Friday Night Lights (sortie en 2005). Pour ce rôle, il s’est beaucoup inspiré de son père, mort prématurément à 44 ans, qui était entraîneur de basket à l’université. Pour célébrer la sortie de ce film aux Etats-Unis, l’acteur s’est vu décerner l’insigne honneur de posséder son étoile sur le Walk of Fame de Los Angeles.

UN HOMME COMPLET

Billy Bob Thornton n'est pas seulement un caméléon à l’écran. Non content d’être scénariste et acteur, il est aussi producteur et réalisateur. Son premier personnage lui est apparu lors de la préparation d’un rôle alors qu’il faisait des grimaces devant la glace. Il écrit le scénario et en 1996, Sling Blade est sur les écrans. Il obtient l’Oscar du meilleur scénario, est nominé à celui du meilleur acteur. Il s’est tellement investi dans le rôle de Karl, débile léger, relâché après vingt-cinq ans d’hôpital psychiatrique, qu’il lui a trouvé une démarche et une façon de parler propre, une véritable transformation physique qui en fait son rôle le plus impressionnant à ce jour. Une performance inoubliable. Jim Jarmush, avec qui il avait tourné en 1995, fait d’ailleurs une apparition caméo dans le film. Vient ensuite, quatre années plus tard, De si jolis chevaux avec Matt Damon et Pénélope Cruz. Le film de Billy Bob dure trois heures. Beaucoup trop long au goût de Miramax qui décide de faire quelques coupes franches dans le film. La censure anéantit Billy Bob qui ne reconnaît plus son film et se jure alors de signer à l'avenir un contrat qui exclut une telle mainmise des studios. Son troisième film est une comédie aigre-douce sur la famille, Daddy and Them avec Diane Ladd et Laura Dern, mère et fille à la ville comme à l'écran. Billy Bob aura dû attendre trois ans avant que Miramax ne décide à distribuer le film. Il semble que décidément ses films connaissent des destins contrariés à cause du studio. Souhaitons-lui plus de chance pour le prochain (voire un autre studio). L’Arkansas, terre de ses racines, est pour le moment le décor de ses films. Coincidence ou choix délibéré? Réponse dans le quatrième épisode.

par Carine Filloux

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Acteur:

2005 Friday Night Lights 2005 The Alamo 2004 Bad Santa 2003 Love Actually 2003 Intolérable Cruauté 2001 Daddy and Them 2001 A l’ombre de la haine 2001 Daddy and them 2001 Bandits 2001 The Barber 1999 Les Aiguilleurs 1999 Un simple plan 1998 Armageddon 1998 Primary Colors 1997 U-Turn, ici commence l’enfer 1996 Sling Blade 1995 Dead Man 1993 Tombstone 1993 Proposition Indécente 1992 Un faux mouvement

Réalisateur:

2001 Daddy and them 2000 De si jolis chevaux 1996 Sling Blade

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