Dossier: quel est votre film queer préféré ?

Dossier: quel est votre film queer préféré ?

FilmDeCulte a interrogé des cinéastes dont les films aux thématiques LGBT sont sortis récemment en salles ou ont été présentés dans de grands festivals. Et nous leur avons posé cette question: quel est votre film queer préféré ? A l'occasion de l'événement militant et festif de la Quinzaine des Fiertés, retour sur notre dossier...

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Yann Gonzalez, Les Rencontres d'après minuit, Un couteau dans le cœur

Je dirais Un chant d'amour de Jean Genet, qui est peut être le film le plus pur sur l'amour homosexuel, entre deux prisonniers, et en même temps le plus subversif. C'est un film qui a été tourné à la fin des années 40 / début des années 50, avec des figures de prisonniers hyper érotisés, quelque chose de différent, à la fois très sexuel et ultra-sensible dans le rapport de ces deux amants. C'est un film panthéiste, il y a des séquences dans la nature toutes simples mais très frappantes, où les personnages sont juste allongés dans l'herbe… et c'est très beau. C'est un film en avance sur son temps, unique aussi puisque Genet n'a fait que ce film-là. C'est le genre de météore que j'affectionne.
Notre entretien avec Yann Gonzalez
Notre critique des Rencontres d'après minuit
Notre critique d' Un couteau dans le cœur

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Martin Farina, Taekwondo

Tropical Malady d'Apichatpong Weerasethakul et Mourir comme un homme de Joao Pedro Rodrigues.
Notre entretien avec Martin Farina
Notre critique de Taekwondo

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Francis Lee, Seule la terre

My Beautiful Laundrette. J'aime beaucoup le fait que ce ne soit pas tant un film sur la sexualité qu'un film sur les classes sociales, et j'aime que les personnages ne soient pas lisses. J'aime également beaucoup Carol: j'aime la détermination du personnage de Cate Blanchett, son sens du sacrifice.
Notre entretien avec Francis Lee
Notre critique de Seule la terre

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Pepa San Martín, Rara

Tomboy de Céline Sciamma.
Notre entretien avec Pepa San Martín
Notre critique de Rara

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Shu Lea Cheang, Fluid0

Dandy Dust de Hans Scheirl est unique en son genre, c'est un conte remarquable. Et cette année à la Berlinale, Pieles d'Eduardo Casanova m'a coupé le souffle.
Notre entretien avec Shu Lea Cheang
Notre critique de Fluid0

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João Pedro Rodrigues, L'Ornithologue

Un chant d'amour de Jean Genet. Le film ne me touche pas uniquement par sa dimension queer, et Genet lui-même ne se serait pas défini comme un écrivain queer, mais c'est un film très homosexuel, très libérateur, et donc très politique. Le film a longtemps été invisible, ou très difficilement trouvable. Je l'ai vu à quinze ans, et par la suite Genet est devenu très important pour moi, par son écriture encore plus. J'aime aussi beaucoup Pink Narcissus de James Bidgood. Le fait que le film n'ait pas été signé à l'époque n'est pas anodin: c'était un geste politique et courageux pour l'époque.
Notre entretien avec João Pedro Rodrigues
Notre critique de L'Ornithologue

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Bitte Andersson, Dyke Hard

Mmmh, difficile... J'en adore tellement ! Mais Desperate Living de John Waters tient une place spéciale dans mon coeur. J'adore également L'Inconnu du lac d'Alain Guiraudie, Les Vieux chats de Sebastian Silva, Le Prix à payer de F. Gary Gray, Spider Lilies de Zero Chou, Les Prédateurs de Tony Scott et Cruising de William Friedkin.
Notre entretien avec Bitte Andersson
Notre critique de Dyke Hard

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Olivier Ducastel, Théo & Hugo dans le même bateau

A Bigger Splash de Jack Hazan. Le film date de 1975 mais je l’ai vu en 1981, probablement peu de temps avant l’élection de François Mitterrand, mais surtout avant de passer le bac. Avec ce film je découvre: la Californie, David Hockney, je vois mon premier baiser au cinéma entre deux garçons, (j’ai vraiment l’impression de retrouver les sensations de mon premier baiser avec Thierry... À ce moment là c’est le seul garçon que j’ai embrassé). Et puis, je crois aussi que c’est la première fois que je vois des garçons heureux de s’aimer... Mais le temps embellit peut-être les souvenirs. Je n’ai jamais pu revoir ce film. J’ai découvert le tableau de David Hockney à la Tate Gallery, je crois bien. Des années plus tard...
Notre entretien avec Olivier Ducastel & Jacques Martineau
Notre critique de Théo & Hugo dans le même bateau

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Jacques Martineau, Théo & Hugo dans le même bateau

S'il s'agit d'un film queer, je me vois contraint de voter pour Pink Flamingos. Parce que le film est vraiment aussi hors norme que Divine elle-même, provocant, absurde et absolument réjouissant. Parce que je me souviens que les gens quittaient la salle (c'était au Ciné Beaubourg ! et c'était une reprise déjà.), alors que je me bidonnais. Et parce que, quand même, la scène finale de la crotte de chien, c'est presque trop. C'est du queer, pur et dur. Et nous avons tous un peu oublié la nécessité d'être outranciers, kitchs, non-assimilables à la norme.

Mais sentimentalement, c'est quand même My Own Private Idaho qui reste un film essentiel pour moi. Malgré sa grande tristesse, j'en garde un souvenir émerveillé, comme la révélation qu'on avait le droit nous aussi, les gays, d'être émus par une histoire d'amour sans avoir à se projeter dans le personnage féminin. Et le film est assez queer quand même...
Notre entretien avec Olivier Ducastel & Jacques Martineau
Notre critique de Théo & Hugo dans le même bateau

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Sean Baker, Tangerine

Ce doit être Un après-midi de chien de Sidney Lumet. Certains ne le considéreront pas comme un film à thématique LGBT mais moi si, et c'est un grand film.
Notre entretien avec Sean Baker
Notre critique de Tangerine

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Ester Martin Bergsmark, Something Must Break

Je dirais Je, tu, il, elle de Chantal Akerman.
Notre entretien avec Ester Martin Bergsmark
Notre critique de Something Must Break

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Patrick Wang, In the Family

Nighthawks, un film anglais des années 70, l’un des premiers à parler de la vie des homos. On voit le personnage principal draguer dans des bars, puis on se rend compte qu’il est prof, et on suit également sa vie au travail. Il se lie d’amitié avec une collègue, qui a un faible pour lui sans oser lui dire. Il y a une scène que j’adore dans laquelle ils discutent nonchalamment et il se met à dire qu’il a rencontré quelqu’un, et sans s’en rendre compte il dit « il ». On voit la collègue en train de digérer l’information en silence, se demander ce qu’elle va faire, puis on la voit revenir dans la conversation, en silence. Quelle façon réaliste d’éviter le mélodrame! Plus tard dans le film, l’école apprend l’homosexualité du héros. Ses élèves se moquent de lui, il doit se battre pour placer un mot, il n’a pas l’occasion de faire un grand discours et pourtant il arrive à leur apprendre quelque chose. Rien que pour ces deux scènes, c’est un de mes films préférés.
Notre entretien avec Patrick Wang
Notre critique de In the Family

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Till Kleinert, Der Samurai

Hedwig and the Angry Inch. J'adore le personnage, l'audace et l'autodérision impitoyable de la performance de John Cameron Mitchell, ainsi que la musique qui est fantastique. Le film est comme un concert de rock, et pour être honnête, les concerts de rock ont toujours eu un impact encore plus grand sur ma vie que les films. Au-delà de cela, Hedwig raconte aussi une histoire très profonde et émouvante sur la quête d'identité, et comment on peut s'y perdre. Un autre de mes favoris, disons mon outsider, est La Revanche de Freddy, pour parler comme dans notre entretien de l'usage de la métaphore et de sous-texte gay pas si subtil ...
Notre entretien avec Till Kleinert
Notre critique de Der Samurai

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Ira Sachs, Love is Strange

Je m’occupe d’un cycle de programmation régulière de films queer qui s’appelle Queer Art Film. Il y a un film qui a eu énormément d’influence sur moi à un moment de ma vie c’est le film de Jacques Nolot, Avant que j’oublie. C’est le film qui m’a directement poussé à réaliser Keep the Lights On. A peine sorti de la salle j’ai su que j’allais faire ce film, je me suis dit: il faut que moi aussi je raconte mon histoire. Je voulais être aussi direct, franc et précis que Nolot sur le monde dans lequel je vivais. Et sans honte. C’est la principale qualité du film : il ne s’excuse pas. Il y a de la douleur, mais pas de gène.
Notre entretien avec Ira Sachs
Notre critique de Love is Strange

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Panos Koutras, Xenia

Il y a les films qui m’ont marqué quand j’étais enfant, comme ceux de Marlene Dietrich, que j’adore. Quand j’étais petit je la dessinais sur mes murs ! Le film qui me vient tout de suite à l’esprit c’est Trash de Paul Morrissey et Andy Warhol. Je l’ai vu à quinze ans et j’ai tout de suite eu envie de vivre avec ces gens-là ! Pour la première fois j’ai eu l’impression de me voir représenté à l’écran. Puis il y a eu Pink Flamingos bien sûr. Culturellement, cela reste encore à mes yeux l’un des films les plus puissants de la culture queer. Le film avait quelque chose d’iconoclaste qui m’avait beaucoup plu : il ne cherchait pas à revendiquer un droit à la différence, il imposait sa différence à la gueule de tout le monde ! D’ailleurs j’ai imaginé L’Attaque de la moussaka géante comme les aventures de la fille grecque et illégitime de Divine !
Notre entretien avec Panos Koutras
Notre critique de Xenia

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Jeffrey Schwarz, I Am Divine

Je reviens régulièrement à Boys in the Band, l’adaptation de la pièce de Mart Crowley sur un groupe d’amis gay de l’avant-Stonewall, qui se réunissent pour une fête d’anniversaire arrosée. Le première fois que je l’ai vu ado, c’était assez terrifiant parce que je ne connaissais aucun homo et ces mecs m’avaient l’air véritablement malheureux et se réjouissaient à l’idée de se tirer vers le bas les uns les autres. Mais maintenant je peux voir l’humour, les personnages brillamment écrits, l’amitié et l’esprit de camaraderie, la description comme si c’était hier de ce moment précis de la libération gay. Je citerais également Clins d'oeil sur un adieu de Bill Sherwood, My Own Private Idaho de Gus Van Sant, Victor/Victoria de Blake Edwards et Hold Me While I'm Naked de George Kuchar.
Notre entretien avec Jeffrey Schwarz
Notre critique de I Am Divine

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Stacie Passon, Concussion

Je, tu, il, elle par la charmante, merveilleuse et géniale Chantal Akerman. C’est un film qui est complètement fou, beau, et très très courageux. J’adore les corps ainsi que l’obsession et le désespoir du personnage principal du film. Et ces scènes où on la voit manger son sucre en poudre… Il y a un plan de mon film qui reproduit l’affiche de Je, tu , il, elle. C’est mon petit clin d’œil.
Notre entretien avec Stacie Passon
Notre critique de Concussion

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Adam Csaszi, Land of Storms

J'aime particulièrement Happy Together de Wong Kar Wai et La Loi du désir de Pedro Almodovar. Et j'ajouterais que I Love You, Phillip Morris de Glenn Ficarra et John Requa est une des comédies les plus drôles que j'ai jamais vues.
Notre entretien avec Adam Csaszi
Notre critique de Land of Storms

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Daniel Ribeiro, Au premier regard

Beautiful Thing a été très important pour moi parce que je l'ai vu étant ado, et je me suis immédiatement identifié à ces personnages et cette histoire. Les sentiments qu'ils découvrent étaitent en train d'éclore en moi. J'avais un petit copain à l'époque et c'était génial de pouvoir partager cette histoire avec lui, alors que nous essayions de comprendre nos sentiments.
Notre entretien avec Daniel Ribeiro
Notre critique de Au premier regard

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LeeSong Hee-Il, Night Flight et White Night

Je ne préfère pas nécessairement les “films queer” et je ne les trouve pas plus intéressants simplement parce qu’ils sont queer. Mes références sont plus des mélodrames classiques que des films queer. Mais si je devais en choisir un, je dirais Cruising de William Friedkin. La tendance des films queer occidentaux est de faire des films qui ne sont vus que par les homosexuels. Les films queer asiatiques ont tendance à suivre le même mouvement. Les gens semblent se satisfaire d’une dichotomie de l’amour homosexuel/hétérosexuel. Cruising de Friedkin brise cette séparation homosexuel/hétérosexuel en questionnant le genre. C’est un film queer qui symbolise l’activisme des 70’s.
Notre entretien avec LeeSong Hee-Il
Notre critique de Night Flight
Notre critique de White Night

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July Jung, A Girl at My Door

Il y a un certain temps, j’ai vu Les Nuits fauves. J’étais assez jeune quand je l’ai découvert et j’ai du coup été assez choquée, mais je n’ai jamais oublié son message et sa mélancolie. A l’époque, en 1992, je ne savais pas grand-chose du sida, sur l’identité sexuelle chaotique des personnages, leur attachement explosif, leur malaise – toutes ces choses qui mènent à la mort. C’était une expérience émotionnellement incroyable et pour moi le film contenait quelque chose d’essentiel sur la vie humaine : qui suis-je et pourquoi je meurs ?
Notre entretien avec July Jung
Notre critique de A Girl at My Door

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Hao Zhou, The Night

Mon film à thématique LGBT préféré est Happy Together de Wong Kar Wai. Mais je dois dire que j’admire beaucoup Brokeback Mountain de Ang Lee ainsi que A Single Man de Tom Ford. C’est difficile de dire ce qui me touche tant dans Happy Together. Mais je l’aime beaucoup. L’histoire, le travail visuel, l’émotion procurée par le film et cette atmosphère dans laquelle on se plonge…
Notre entretien avec Hao Zhou
Notre critique de The Night

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Pandora Boxx, drag queen et performer

Je dirais Priscilla, folle du desert. Ce film a eu un tel écho en moi. Et il est fantastique, je l’adore de A à Z.
Notre entretien avec Pandora Boxx

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Darren Stein, GBF

J’en adore tellement: Paris is Burning de Jennie Livingston, Clins d’œil sur un adieu de Bill Sherwood, Hewig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell, Prick Up Your Ears de Stephen Frears. Mais je dois dire que mon préféré de tous les temps est The Rocky Horror Picture Show. Il mélange l’horreur, la science-fiction, le camp et le sexe comme je ne l’avais jamais vu avant. J’étais évidemment fasciné par l’affiche étant gosse – ces lèvres rouges et lascives, la police rouge du titre. La musique était glam et sublime et Frankenfurter est juste le plus merveilleux des personnages du monde ! Dans toute ma jeunesse passée dans la vallée de Los Angeles, je n’ai jamais vu quelqu’un comme lui. Bien sûr, « Don’t dream it, be it » est un message tellement formidable. Il s’agit avant tout d’aspirer à votre propre grandeur – personnelle, sexuelle, professionnelle, artistique, tous les sens que cela peut avoir !
Notre entretien avec Darren Stein
Notre critique de GBF

Un grand merci à tous les réalisateurs qui nous ont répondu.

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par Nicolas Bardot

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