L'année ciné 2016 par ceux qui l'ont faite
C'est notre tradition de fin d'année: pour la sixième année consécutive, nous avons demandé aux personnalités du cinéma que nous avons interviewées ces 12 derniers mois de nous parler de leur(s) film(s) préféré(s) de 2016. Sortis en salles, découverts en festivals, ou avec un peu de décalage, vous verrez que certains titres ont largement marqué les cinéphiles de la planète entière - dont un certain film allemand qui semble avoir mis pratiquement tout le monde d'accord. Quelques uns des cinéastes que nous avons interrogés, occupés sur leurs propres films, ont jugé ne pas en avoir vu assez pour nous répondre. D'autres au contraire sont rentrés dans les détails avec générosité et passion. C'est aussi l'occasion, pour nous, de revenir sur ceux qui ont fait l'année 2016, et qui pour pas mal d'entre eux feront aussi la prochaine...
Lucile Hadzihalilovic, Evolution
Anomalisa de Charlie Kaufman et Duke Johnson. Pour sa délicate mélancolie, son humour et sa poésie. Pour son usage magistral de la technique de stop-motion et l'humanité de ses marionnettes. Pour sa bouleversante scène d'amour.
La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit
Pour la radicalité et la force de l'épure visuelle et narrative. Pour la précision magistrale de chaque détail. Pour l'équilibre parfait qu'il tient entre réalité et rêve. Pour sa dimension spirituelle.
La Jeune fille sans mains de Sebastien Laudenbach
Pour la beauté du dessin et de l'animation. Pour ses inventions poétiques. Pour cette très émouvante histoire de libération.
Brothers of the Night de Patric Chiha
Pour la stylisation éblouissante de ses lumières et de ses décors. Pour le goût parfait et inspiré de ses choix musicaux. Pour cette bande de garçons perdus, à la beauté et à l'humanité bouleversantes.
Land of the Enlightened de Pieter-Jan de Pue
Pour le tour de force visuel de ce film, tourné (par le réalisateur et parfois à cheval) en 35mn. Pour la beauté de ces montagnes afghanes. Pour la dimension épique de l'histoire. Pour la sagesse abyssale de ces enfants-adultes.
Aquarius de Kleber Mendoça Filho
Pour la réussite formelle et pour sa bande son musicale inspirée. Pour sa construction narrative et le montage très réussi des flash-back. Pour ses détails inattendus. Pour la force et la beauté du personnage principal féminin, incarné avec un charme et une classe folle par Sonia Braga.
Neon Bull de Gabriel Mascaro
Pour la sensualité et les inventions narratives du film. Pour la scène de sexe particulièrement érotique. Pour les personnages si fins et touchants, et la façon vraiment rafraîchissante et jubilatoire dont le féminin et le masculin circulent entre eux. Pour son humour.
The Witch de Robert Eggers
Pour la photo et la force plastique de ce décor en lisière de forêt. Pour le jeu et le charisme des enfants (et du bouc !). Pour l'une de plus belles scènes de possession jamais vue, celle du petit garçon, filmée comme une extase amoureuse.
Blind Sun de Joyce Nashawati
Pour le jeu de la lumière et des ombres. Pour avoir su révéler la folie et la mélancolie qui hantent les bords solaires de la Méditerranée. Pour le dernier très beau plan de cet homme qui nage vers le large pour échapper à ses démons.
Le Teckel de Todd Solondz
Parce qu'on a vraiment besoin de rire aussi, et surtout des choses les plus noires et les plus trashs !
Et un 11e, un film de 1960, mais c'est le plus beau que j'ai vu cette année, et celui qui m'a le plus marquée et inspirée : La Déesse de Satyajit Ray (1960)
Pour la beauté et la force de l'image et des décors. Pour le trouble et la beauté de cet Amour-fou entre la jeune femme et le petit garçon. Pour la sensualité, la douceur et la profondeur de cette déesse terriblement humaine: Soumitra Chatterjee.
Et 3 films de cette année que je n'ai pas vus mais dont j'attends beaucoup, et qui auraient pu se retrouver dans cette liste : Sieranevada de Cristi Puiu, The Fits de Anna Rose Helmer et Cameraperson de Kirsten Johnson.
•La cinéaste française Lucile Hadzihalilovic a réalisé Évolution, primé à Gérardmer en début d'année. Ce film est désormais disponible en dvd, édité par Potemkine.
Notre entretien avec Lucile Hadzihalilovic
Notre critique de Évolution
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Robert Eggers, The Witch
Krisha de Trey Edward Shults est fantastique. C'est rare de voir du cinéma américain avec autant d'âme. Moonlight de Barry Jenkins est également très émouvant et très puissant. J'ai adoré L'Etreinte du serpent de Ciro Guerra, Aferim ! de Radu Jude, et The Fits d'Anna Rose Holmer, trois films qui appartiennent davantage à mon imaginaire personnel de cinéma.
• L'Américain Robert Eggers est l'une des révélations de l'année avec son premier long métrage très remarqué, le film d'horreur The Witch. Celui-ci est désormais disponible en dvd.
Notre entretien avec Robert Eggers
Notre critique de The Witch
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Idan Haguel, Inertia
Six films qui me viennent à l'esprit parmi mes expériences de cinéma les plus mémorables en 2016:
1. Ma Loute de Bruno Dumont
Méchamment drôle et brillamment ridicule. Fabrice Luchini s'en sort haut la main.
2. Cemetery of splendour d'Apichatpong Weerasethakul
J'avais adoré Oncle Boonmee. Apichatpong Weerasethakul, encore une fois, parvient à rendre le surnaturel si naturel.
3. Poesia sin fin d'Alejandro Jodorowsky
Le cinéma peut encore exister en tant que moyen d'expression artistique et personnel. Un chemin que l'on avait perdu, mais sur lequel on retombe encore et encore.
4. Heart of dog de Laurie Anderson
L'intelligence et la sensibilité de Laurie Anderson sont hypnotisantes, quelles que soient la forme d'art privilégiée.
5. Rester vertical d'Alain Guiraudie
Ce film était totalement inattendu après L'Inconnu du lac, c'est une rébellion contre les conventions qui génère un sentiment de véritable liberté narrative. Une grande part du charme du film vient du fait qu'on sent que le réalisateur se surprend lui-même. Le film est peut-être inégal, mais il est fait avec panache. Certaines de ses images resteront en moi jusqu'à ce que je sois sénile.
6. The Neon Demon de Nicolas Winding Refn
Irrévérent, trashy, stylisé, fun, fascinant et absurde. Ce film est comme une grande œuvre de pop art qui s'exprimerait dans la langue du cinéma de propagande.
• L'Israélien Idan Haguel est le réalisateur de Inertia, un ovni découvert à la Berlinale. Ce film est à découvrir dès le 1er février 2017 en France.
Notre entretien avec Idan Haguel
Notre critique de Inertia
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Zhang Hanyi, Life After Life
Mon film film favori de 2016 est Toni Erdmann de Maren Ade. Je l'ai découvert dans l'avion qui m’emmenait de Pékin vers Vienne. La petitesse de l'écran (qui n'est pas la façon idéale de découvrir un film) et la version originale allemande sans sous-titres n'ont altéré en rien mon amour pour ce film. Au contraire : si je n'ai rien compris aux dialogues, cela n'a fait que rendre plus profond mon implication dans le récit. J'ai adoré comment la réalisatrice a créé, de manière simple et ingénieuse, ce personnages qui peine à exister et s'invente un alter-ego. Ce jeu à la fois minimaliste et très visuel m'a beaucoup séduit.
• Le Chinois Zhang Hanyi a été découvert à la Berlinale avec son premier film, la fable mystique Lifer After Life, produite par Jia Zhang-Ke. Il a fait sa première à Nantes au Festival des 3 Continents cet automne.
Notre entretien avec Zhang Hanyi
Notre critique de Life After Life
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Guillaume Morel, co-fondateur de Survivance
J’ai raté beaucoup de films en 2016 (je n’ai pas encore vu le film de Wang Bing par exemple) mais j’ai été marqué par Toni Erdmann, Aquarius, The Assassin et Homeland – Irak année zéro. Côté festivals, à Locarno, nous avons vu Bangkok Nites de Katsuya Tomita qui est d’une originalité et d’une ambition folles. Sinon j’ai eu la chance en novembre d’être invité à Taipei pour le Golden Horse Festival, j’y ai vu A Brighter Summer Day d’Edward Yang dans la version de 4h que je n’avais jamais vue. J’étais heureux de redécouvrir ce film restauré. Edward Yang ose vraiment des choses formellement mais sans ostentation, avec la sérénité d’un vieux maître. Ce qui m’a frappé, c’est la finesse de la reconstitution des années 50. Peu de films arrivent à reconstituer l’air d’une époque sans jamais être figé dans le décorum. La copie numérique n’est pas parfaite mais est assez belle. Le film ferait une belle ressortie française.
• Guillaume Morel et co-fondateur de la société de production et de distribution Survivance. La fable SF Sayonara de Koji Fukada sera distribuée par Survivance courant 2017.
Notre entretien avec Guillaume Morel
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Mohamed Ben Attia, Hedi
Toni Erdmann est de très loin le meilleur film que j'ai vu cette année. Je sais que c'est devenu presque banal, trop évident de le dire, mais pour moi ce film réussit le pari de provoquer de fortes émotions avec un sujet très simple et universel à la fois. J'ai aussi beaucoup aimé 2 hivers et 3 automnes. Le film est sorti il y a déjà deux ou trois ans, mais cette séance de rattrapage a été une vraie révélation. Le traitement et Vincent Macaigne sont exceptionnels. Depuis j'essaye de tout voir de cet acteur.
• Né en Tunisie, Mohamed Ben Attia a été doublement primé à la Berlinale avec son premier long métrage, Hedi, en salles ce mercredi 28 décembre.
Notre entretien avec Mohamed Ben Attia
Notre critique de Hedi
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Fiona Tan, Ascent
Récemment j'ai vu Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan que j'ai vraiment adoré. C'est un film à la construction remarquable et l'interprétation est merveilleuse. Lonergan est tellement bon pour écrire des personnages et des dialogues, et l'utilisation des flashbacks est une clef dans ce film.
• Plasticienne, Fiona Tan a été l'une des révélations de l'année cinématographique avec deux longs métrages: History's Future (en compétition à Rotterdam) et Ascent (découvert à Locarno). Ascent figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Fiona Tan
Notre critique de Ascent
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Yang Chao, Crosscurrent
Parmi les films que j'ai vus cette année, j'ai été particulièrement impressionné par The Strangers de Na Hong-Jin. Par sa façon de détourner le genre et d'explorer le mystère de la vie.
• Le cinéaste chinois Yang Chao était en compétition cette année à la Berlinale avec Crosscurrent, où il a été primé. Il figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Yang Chao
Notre critique de Crosscurrent
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Natalie Bookchin, Long Story Short
Je dois avouer avoir vu trop peu de films en 2016 pour fournir une liste de favoris. J'ai comme tant d'autres été distraite et désemparée, collée à mon petit écran à regarder le drame politique qui s'est déployé sur Twitter, les réseaux sociaux, et les infos. Un court métrage que j'ai également vu sur un petit écran a offert ce qui désormais semble constituer un inatteignable espoir en ces heures sombres. I Want A Dyke For President (voir la vidéo ci-dessus, ndlr), un film de Adinah Dancyger dans lequel le rappeur Mykki Blanco récite un poème écrit par Zoe Leonard lors d'une précédente élection présidentielle en 1992, et nous rappelle qu'il faut continuer de rêver et de se battre.
• La vidéaste américaine Natalie Bookchin a remporté le Grand Prix au Festival Cinéma du Réel pour son film Long Story Short.
Notre entretien avec Natalie Bookchin
Notre critique de Long Story Short
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Brillante Mendoza, Ma’Rosa
Ordinary People d'Eduardo Roy Jr. Par le message et le point de vue, cela m'a fait penser à L'Enfant des frères Dardenne. On pourrait dire qu'Eduardo et moi, on vient tous les deux de la même école. Lui aussi il fait du Found Story.
• Le Philippin Brillante Mendoza, révélé en 2007 avec John John, a réalisé cette année Ma'Rosa, un drame qui a obtenu le prix d’interprétation féminine à Cannes.
Notre entretien avec Brillante Mendoza
Notre critique de Ma'Rosa
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Argyris Papadimitropoulos, Suntan
Anomalisa de Charlie Kaufman et Duke Johnson
Tout la vérité racontée simplement dans une chambre d'hôtel. Avec quelques unes des meilleures idées d'écriture.
Comancheria de David McKenzie
Le cinéma américain à son meilleur. Un western moderne superbement filmé. Une performance formidable d'un des meilleures acteurs américains: Jeff Bridges.
The Lobster de Yorgos Lanthimos
Une idée stupéfiante, génialement exécutée. Et l'une des meilleures fins de l'histoire du cinéma.
• Le cinéaste grec Argyris Papadimitropoulos a été révélé cette année avec son film Suntan, sélectionné au Festival de Rotterdam. Ce long métrage sortira en France en 2017.
Notre entretien avec Argyris Papadimitropoulos
Notre critique de Suntan
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Damien Manivel, Le Parc
En général je vois très peu de film au cinéma, mais cette année j'ai eu beaucoup de chance, j'ai très bien choisi! Dans les films disons anciens, le film qui m'a le plus marqué est Une femme dans la tourmente de Naruse, qui m'a vraiment bouleversé. Parmi les films plus connus et identifiés, je dirais Rester Vertical. C'est le premier film de Guiraudie que je voyais, j'ai trouvé ça troublant et sensible, imprévisible mais pas obscur, et très généreux même si ça part dans plein de directions. Je citerais également deux films de jeunes réalisateurs/trices vus en festivals, et qui se trouvent habiter tous deux en Argentine: El Futuro perfecto de Nele Wohlatz, et le film de Eduardo Williams, El Auge del humano, c'est un film très personnel. Il faut le voir!
• Remarqué notamment avec son court métrage Un dimanche matin, Damien Manivel signe avec Le Parc son second long métrage. Il sortira le 4 janvier en France.
Notre entretien avec Damien Manivel
Notre critique de Le Parc
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Nele Wohlatz, El Futuro perfecto
Il y a beaucoup de films dont j'ai entendu parler mais que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir, et il y a encore plus de films dont je ne sais rien du tout, mais que j'adorerai peut-être un jour. C'est pour ça qu'en général, je trouve ça un peu absurde de faire des listes de fin d'année. Ceci dit, je citerais en haut de ma liste Toni Erdmann de Maren Ade, et pas seulement parce qu'il m'a fait pleurer et rire en même temps en même temps. J'ajouterais Die Pferde des Rittmeisters, un court métrage de Clemens von Wedemeyer qui raconte la montée puis la chute du IIIe Reich en 10 minutes, à travers des photos de chevaux prises par son grand-père.
• Originaire d'Allemagne, Nele Wohlatz a réalisé son premier long métrage El Futuro perfecto en Argentine. Elle a reçu le prix du meilleur premier film au Festival de Locarno. El Futuro perfecto figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Nele Wohlatz
Notre critique de El Futuro perfecto
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Carlo Chatrian, directeur artistique du Festival de Locarno
La Mort de Louis XIV de Albert Serra et Scarred Hearts de Radu Jude. Je commence avec deux films où il s’agit d’un homme forcé de rester au lit. Dans les deux, il est question de douleur mais aussi d’un humour très noir. Le film d'Albert Serra est pour moi l’un des réussites plus évidentes de l’année. La présence de Jean-Pierre Léaud relance le cinéma du Catalan en prouvant qu’il est aussi un grand directeur d’acteurs. Le film de Radu Jude est moins compact, mais il est traversé par une force vitale qui emporte le lit et son occupant.
Hermia & Elena de Matias Pineiro est un hommage aux voyages et aux voyageurs. A tous ceux qui voyagent dans les livres et dans les films. Ce qui veut dire des voyages dans le temps plutôt que dans l’espace. Hermia et Elena est à la fois un film qui se rattache à la magie du muet et qui regarde vers l’avant, vers la contamination entre narration et video-essay.
Toni Erdmann de Maren Ade. L’un des films les plus passionnants que j’ai pu voir et que j’aimerais revoir. Un film qui démarre sur un petit air et qui, petit à petit, grandit jusqu’à devenir bien plus qu’une histoire entre père et fille. Une image réelle, jusque dans ses masques et ses dévêtements, de nos sociétés.
El Auge del humano de Eduardo Williams a été pour moi un véritable choc cinématographique. Ça fait plaisir de trouver en l’an 2016 encore des propos qui nous surprennent par leur force visionnaire.
L'Ornithologue de João Pedro Rodrigues. Je termine par un autre film de Locarno qui allie la précision des cadrages d’un documentaire sur les oiseaux avec la progression d’une "via crucis", un parcours de liberté qui s'affranchit des contraintes du réel.
• Le journaliste et auteur italien Carlo Chatrian est la directeur artistique du Festival de Locarno.
Notre entretien avec Carlo Chatrian
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João Pedro Rodrigues, L'Ornithologue
Je n'ai pas beaucoup eu le temps d'aller au cinéma cette année. Ce qui m'a le plus marqué récemment, c'est de revoir sur grand écran trois des premiers films de Bruce LaBruce, qui ont beaucoup compté pour moi à l'époque, et qui sont restés très puissants: No Skin Off My Ass, Super 8 ½ et Hustler White
• Le réalisateur portugais João Pedro Rodrigues, découvert en 2000 avec O Fantasma, a réalisé L'Ornithologue, sorti cet automne. Il a reçu pour ce film le prix de la mise en scène à Locarno.
Notre entretien avec João Pedro Rodrigues
Notre critique de L'Ornithologue
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Bitte Andersson, Dyke Hard
Bessie de Dee Rees avec Queen Latifah et Déesses indiennes en colère de Pan Nalin.
• La Suédoise Bitte Andersson a été sélectionnée à la Berlinale pour son premier long métrage, Dyke Hard. Ce film est désormais disponible en dvd chez Outplay.
Notre entretien avec Bitte Andersson
Notre critique de Dyke Hard
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Ted Geoghegan, We Are Still Here
2016 a été une grande année pour le cinéma de genre. Ma liste de favoris inclue le thriller riche en sensations fortes Green Room de Jeremy Saulnier, l'exaltant Dernier train pour Busan de Yeon Sang-Ho, le simple et efficace Don't Breathe de Fede Alvarez, le western drôle et attachant In A Valley of Violence, le thriller inspiré des comics EC The Autopsy of Jane Doe de André Øvredal. Parmi mes autres préférés, je citerais Captain America: Civil War de Joe et Anthony Russo qui poursuit leur magistrale série d'excitants films d'action à méga-budget, Zootopie de Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush et son sous-texte politique qui aborde avec maestria, tact et empathie des thèmes comme le racisme et la xénophobie, et enfin Sing Street de John Carney, dont les merveilleux personnages et la formidable musique parviendraient même à faire apparaître un sourire sur le visage d'Ebenezer Scrooge.
• Le premier long métrage de l'Américain Ted Geoghegan, le film d'horreur We Are Still Here, a été sélectionné en début d'année au Festival de Gérardmer. Il est désormais disponible en dvd. Le cinéaste achève son nouveau film, intitulé Mohawk.
Notre entretien avec Ted Geoghegan
Notre critique de We Are Still Here
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Babak Anvari, Under the Shadow
Il y a un documentaire incroyable, que j'ai adoré : Tickled de David Farrier et Dylan Reeve. Très drôle, très sombre et très perturbant en même temps.
• Né à Téhéran, le Britannique Babak Anvari a tourné son premier long métrage, Under the Shadow, en persan. Dévoilé à Sundance, c'est l'un des films d'horreur les plus remarqués de l'année.
Notre entretien avec Babak Anvari
Notre critique de Under the Shadow
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Teemu Nikki, Lovemilla
Les films que j'ai le plus adorés cette année sont Olli Mäki de Juho Kuosmanen et The Lobster de Yorgos Lanthimos.
• Le Finlandais Teemu Nikki a présenté la fantaisie SF Lovemilla, adaptation d'une série télévisée, au Festival de Gérardmer.
Notre entretien avec Teemu Nikki
Notre critique de Lovemilla
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Prabda Yoon, Motel Mist
Le film qui m'est le plus resté en tête cette année est Elle de Paul Verhoeven. Je n'en attendais pas tant car même si j'avais beaucoup aimé Starship Troopers, je n'ai jamais trop suivi la filmographie de ce cinéaste. Elle m'a beaucoup surpris. C'est un film noir, drôle, complexe, mémorable, perturbant, étrange, et je suis sorti du cinéma en ayant la conviction d'avoir vu un classique instantané. Habituellement je déteste comparer des artistes, mais Elle m'a donné l'impression de voir un film de Woody Allen qui aurait été écrit par Patricia Highsmith. Une expérience très plaisante qui pousse à se poser des questions.
• Scénariste pour son compatriote Pen-Ek Ratanaruang, le Thaïlandais Prabda Yoon a présenté son premier long métrage, l'ovni Motel Mist, dans la compétition du Festival de Rotterdam. Il figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Prabda Yoon
Notre critique de Motel Mist
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Axel Koenzen, Deadweight
Le film polonais The Communion d'Anna Zamecka, pour la simplicité et la discipline avec lesquelles le film se concentre sur les relations fortes qu'entretiennent les personnages, et pour la foi que la réalisatrice a en la puissance de l'un d'eux: un garçon autiste qui, aidé par sa sœur, s'apprête à faire sa communion. Il y a un moment du film où il dit, approximativement, “la réalité se transforme en fiction”, ce qui reflète non seulement le style du film à cet instant précis, mais aussi la réalité du monde qui l'entoure. C'est là que le film dépasse son récit initial, et offre un aperçu des mœurs dégueulasses dans la Pologne actuelle. “C'est la vie”, comme l'a justement commenté le père lors de la première du film.
• Découvert à la Berlinale, Deadweight est le premier long métrage de l'Allemand Axel Koenzen. Il figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Axel Koenzen
Notre critique de Deadweight
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Johnny Ma, Old Stone
Je n'ai pas vu tout ce que je voulais voir mais j'ai adoré Paterson de Jim Jarmusch. C'est un film si calme et pourtant si courageux, une histoire ordinaire transcendée par la vision experte du réalisateur. Vraiment merveilleux ! Et s'il y a vraiment un film qui permet aux réalisateurs cyniques d'oublier qu'ils le sont et d'être à nouveau un simple spectateur aimant le cinéma, c'est bien La La Land de Damien Chazelle. Les stars brillent comme elle le devraient, et on quitte la salle en se souvenant pourquoi on est tombé amoureux du cinéma. Un cas d'école de film réalisé par un rockstar!
• Le thriller social Old Stone est le premier long métrage du Chinois Johnny Ma, découvert à la Berlinale. Il a ensuite fait une large tournée en festivals.
Notre entretien avec Johnny Ma
Notre critique de Old Stone
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Akihiko Shiota, Wet Woman in the Wind
Au Festival de Vancouver, j'ai vu un film japonais intitulé Suffering of Ninko de Norihiro Niwatsukino. Il raconte l'histoire hilarante d'un apprenti moine qui se trouve être un peu trop séduisant, et qui attire beaucoup les femmes.
• Akihiko Shiota fait partie des cinéastes à qui la Nikkatsu a commandé un long métrage faisant partie d'un hommage spécial au genre érotique du roman porno. Wet Woman in the Wind figurait en compétition à Locarno cet été.
Notre entretien avec Akihiko Shiota
Notre critique de Wet Woman in the Wind
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Olivier Ducastel & Jacques Martineau, Théo & Hugo dans le meme bateau
En commun: Julieta de Pedro Almodovar. Parce que ce film nous montre qu'après une longue carrière on peut conserver le plaisir de raconter des histoires et qu'en termes de scénario, comme de mise en scène, la simplicité et la recherche de la ligne claire sont la vraie virtuosité.
Jacques: L'effet aquatique, parce que la liberté de Solveig Anspach va nous manquer. Forcément.
Olivier: Taxi zum Klo de Frank Ripploh, un film du patrimoine, sorti en 1981 que j'ai découvert avec une extrême curiosité cette année. Il me semble que sans Frank Ripploh (et aussi Rainer Werner Fassbinder) nous n'aurions pas, Jacques et moi, fait les films que nous avons faits.
• Prix du public aux Teddy Awards lors de la dernière Berlinale, Théo & Hugo dans le meme bateau a ensuite été sélectionné dans un très grand nombre de festivals. Sorti chez nous au printemps dernier, ce film de Olivier Ducastel & Jacques Martineau est désormais disponible en dvd.
Notre entretien avec Olivier Ducastel & Jacques Martineau
Notre critique de Théo & Hugo dans le meme bateau
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Aslaug Holm, Brothers
J'ai adoré Fuocoammare, le documentaire italien réalisé par Gianfranco Rosi. C'est un film merveilleux. Il raconte une histoire à la fois belle, mystérieuse et émouvante. Le film fait le portrait de Lampedusa, l’île sicilienne où arrivent les migrants désespérés venant d'Afrique et du Moyen-Orient dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe. En racontant le quotidien des gens de Lampedusa, et d'un jeune garçon en particulier, le film raconte une histoire plus large dans ce petit univers. Les images des migrants, sur leur bateaux dans une mer dangereuse, sont filmées et montées d'une manière poétique qui m'a fait ressentir à la fois de la tristesse mais aussi de l'espoir. C'est un film qui grandit en moi.
• La réalisatrice Aslaug Holm a tourné son documentaire Brothers pendant 8 ans. Il a été primé cet automne au Festival de la Roche-sur-Yon et figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Aslaug Holm
Notre critique de Brothers
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Rosemary Myers, Girl Asleep
Je viens de voir Captain Fantastic de Matt Ross ce weekend. Je l'ai vu avec mes fils, nous l'avons tous adoré et on en a beaucoup parlé. J'ai adoré Spearde Stephen Page, un film fait en Australie par la Bangarra Dance Company. C'est une plongée épique et hypnotique dans l'expérience personnelle d'un Aborigène aujourd'hui. J'ai également adoré Carol de Todd Haynes, un festin absolu en termes d'histoire, d'esthétique, d'interprétation : incroyable.
• Venue du théâtre, l'Australienne Rosemary Myers a signé son premier long métrage avec Girl Asleep. Ce très curieux récit d'apprentissage sortira en France en 2017.
Notre entretien avec Rosemary Myers
Notre critique de Girl Asleep
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Peter Modestij, 6A
Les deux expériences de cinéma les plus importantes pour moi cette année ont été de voir en festival Grave de Julia Ducournau et American Honey d'Andrea Arnold. C'est une telle inspiration de voir des cinéastes exprimer leur voix comme elles le font. D'autre part, c'est très rafraîchissant de voir que ces deux films traitent de sujets et problèmes qui me touchent en tant que réalisateur et scénaristes. Deux vraies sources d'inspiration pour moi.
• 6A, tourné en temps réel dans une salle de classe, est le premier long métrage du Suédois Peter Modestij. Il a été sélectionné en début d'année à la Berlinale et figure parmi notre sélection des 20 films inédits qui méritent de sortir en salles.
Notre entretien avec Peter Modestij
Notre critique de 6A
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Amat Escalante, La Region salvaje
Je pense à We Are the Flesh, un très bon film de Emiliano Rocha Minter. Ainsi qu'à un autre film mexicain: Maquinaria Panamericana de Joaquin del Paso, un long métrage très surprenant et très singulier dans notre cinéma.
• Révélé à Cannes avec Los Bastardos et Heli, le Mexicain Amat Escalante a reçu le prix de la mise en scène cette année à la Mostra de Venise avec La Region salvaje. Ce film fantastique devrait sortir en 2017 en France.
Notre entretien avec Amat Escalante
Notre critique de La Region salvaje
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Paolo Moretti, programmateur au Festival de la Roche-sur-Yon
Longs métrages
Aquarius - Kleber Mendonça Filho
Brothers of the Night - Patric Chiha
Certain Women - Kelly Reichardt
Fuocoammare - Gianfranco Rosi
Kate Plays Christine - Robert Greene
La Mort de Louis XIV - Albert Serra
Lo chiamavano Jeeg Robot - Gabriele Mainetti
Swiss Army Man - Dan Kwan et Daniel Scheinert
The Hateful Eight - Quentin Tarantino
The Woman Who Left - Lav Diaz
Zootopia - Byron Howard, Rich Moore
+
The Bad Batch - Ana Lily Amirpour
The Jungle Book - Jon Favreau
Des premiers longs remarquables
Baden Baden - Rachel Lang
Bodkin Ras - Kaweh Modiri
El Auge del humano - Eduardo Williams
Empathy - Jeffrey Dunn Rovinelli
Icaros, a vision - Leonor Caraballo & Matteo Norzi
The Challenge - Yuri Ancarani
The Eyes of My Mother - Nicolas Pesce
The Giant - Johannes Nyholm
Problemski Hotel - Manu Riche
Under the Shadow - Babak Anvari
Unfilmévènement (UFE) - César Vayssié
Where is Rocky II? - Pierre Bismuth
3 travaux plus courts
Alter Senator - Willehad Eilers
Sarah Winchester, opéra fantôme - Bertrand Bonello
The Dust Channel - Roee Rosen
• Paolo Moretti est directeur du Festival de la Roche-sur-Yon depuis 2014.
Notre bilan du Festival de la Roche-sur-Yon
Propos recueillis pas Nicolas Bardot et Gregory Coutaut. Un grand merci à tous les participants.
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