Entretien avec Zhang Miaoyan

Entretien avec Zhang Miaoyan

C'est l'un des sommets du Festival Black Movie : le Chinois Zhang Miaoyan signe avec Silent Mist un drame qui se déroule dans une petite ville chinoise comme oubliée du monde. Une menace rôde dans les rues... Silent Mist est une expérience hypnotique où la mise en scène prime avant toute chose. Entretien express avec le réalisateur.

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Comment est né Silent Mist ?

Il y a un certain nombre d'années, j'ai lu des articles relatant des cas de viols en série qui ont eu lieu dans une petite ville. Derrière ces crimes, il était question de punition. C'est à dire que quand un témoin prétendait ne rien savoir du crime, sa fille devenait à son tour une des victimes. C'est de là qu'est né le film.

Au sujet de Black Blood, l'un de vos précédents films, vous aviez déclaré avoir le sentiment, en trouvant les lieux de tournage, d'être sur une autre planète. C'est un sentiment similaire que l'on a devant Silent Mist, qui a l'air de se dérouler dans un décor surréel et hanté.

Les lieux de tournage de Black Blood étaient localisés dans l'ouest de la Chine. Silent Mist, au contraire, a été tourné à l'est. Mais ces deux régions ont en commun de ne pas avoir suivi le même développement que d'autres régions chinoises, et cela se prêtait parfaitement à mes films.

Silent Mist à vos yeux peut-il être vu comme une histoire de fantômes ?

Pourtant Silent Mist n'est pas une histoire de fantômes. Le film est bel et bien adapté de faits réels. C'est un récit à la fois d'oppression et d'obéissance. Et plus il y a d'oppression, plus il y a de gens qui seront poussés à obéir.

Certaines scènes, comme celle du début de film où l'on prend le temps de suivre différents personnages dans les rues, parviennent à la fois à éveiller un sentiment de menace tout en ayant quelque chose d'onirique. Comment, à partir des décors, de la lumière, des couleurs, avez-vous travaillé sur cette atmosphère ?

Aucun lieu de tournage n'a été créé spécifiquement pour Silent Mist. La clef était de trouver le moment et le lieu parfaits pour le tournage. Quand on travaille de manière aussi indépendante, il n'est pas vraiment envisageable de se reposer sur ce qu'on peut construire pour le tournage, on exploite au mieux ce qu'on trouve. Par ailleurs, j'ai tourné moi-même une large partie des images du film. J'avais un assistant auprès de moi pour des questions pratiques. L'un des principes que nous avons suivis, c'était de ne pas utiliser, ou quasiment pas, de lumière artificielle. On s'est appuyé sur la lumière naturelle, la lumière des rues dès que possible. Il y avait simplement de touches de rouge dans les plans plus sombres.

Quelles étaient vos références visuelles pour Silent Mist, qu'il s'agisse de cinéma, de peinture ou d'autres disciplines ?

J'adore la peinture de Rembrandt, celle de Vermeer. J'adore Mère et fils du grand réalisateur russe Alexandre Sokourov, mais aussi Soy Cuba du Géorgien Mikhail Kalatozov.Je puise également dans mon propre background artistique pour associer différentes formes d'arts ensemble.

Vous avez commenté que "les viols dans Silent Mist symbolisent une nouvelle 'liberté' individuelle acquise au détriment des innocents". Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

J'espère qu'à travers ce film, on a la possibilité de voir l'envers de la société chinoise actuelle.

Entretien réalisé le 27 janvier 2017. Un grand merci à Pascal Knoerr.

par Nicolas Bardot

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