Entretien avec Visra Vichit-Vadakan

Entretien avec Visra Vichit-Vadakan

Elle est l'une des nombreuses révélations récentes en provenance de Thaïlande. Après des études aux États-Unis, Visra Vichit-Vadakan a signé un premier film doux et poétique, Karaoke Girl, à mi-chemin entre fiction et documentaire. Cette petite perle, qui raconte l'histoire d'une jeune femme travaillant dans un bar de Bangkok, était en compétition au Festival de Rotterdam. Rencontre avec une réalisatrice à suivre !

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FilmDeCulte : Quel a été votre parcours avant la réalisation de Karaoke Girl ?

Visra Vichit-Vadakan : Après mes études de cinéma à l’Université de New York, j’étais sur le point de réaliser Karma Police, à partir d’un scénario que j’ai écrit dans le cadre de mon cursus. Je travaillais sur le financement de Karma Police depuis quelques mois quand l’idée de Karaoke Girl m’est venue. C’est un film à la fois plus petit et plus accessible pour mon producteur, Pornmanus Rattanavich, et j’ai décidé de faire Karaoke Girl d’abord. Je suis partie de l’idée d’utiliser à la fois le documentaire et la fiction dans un même film. Je voulais trouver un sujet de documentaire, tourner un documentaire à partir de ce sujet, tout en écrivant un script de fiction à intégrer à cela. Le film était pensé comme une combinaison d’images documentaires et de fiction.

FDC : Qu'est-ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire en particulier ?

VVV : Une fois que la forme du film était claire pour moi, je voulais trouver quelque chose qui me rendrait curieuse, un sujet avec lequel je voudrais développer une relation. Ayant grandi à Bangkok, j’ai été confrontée très jeune à l’industrie du sexe et j’ai toujours été curieuse au sujet des femmes liées à cette industrie. Du coup je suis partie de là. J’ai interviewé beaucoup de femmes avant de rencontrer Sa. Sa détermination et son optimisme m’ont immédiatement frappée, et son histoire m’a intéressée de plus en plus. Pour moi, personnellement, Karaoke Girl, en plus d’être l’histoire de Sa, c’est aussi l’histoire de notre amitié.

FDC : Pouvez-vous nous parler de la façon dont vous avez voulu mélanger documentaire et fiction dans Karaoke Girl ? Y'a t-il eu une part d'improvisation ?

VVV : Le documentaire représente les souvenirs, le passé de Sa, et ses rêves. J’ai tourné la partie documentaire avec cela en tête. Du coup, il était plus facile de monter le documentaire, qui avait cet aspect onirique et éphémère, avec la fiction. Il n’y avait pas vraiment d’improvisation en ce qui concerne la fiction, mais la majeure partie du documentaire a été improvisée.

FDC : Vous avez une double culture, vous avez vécu à la fois en Thaïlande et aux États-Unis. Diriez-vous que, d'une certaine façon, cela se reflète dans votre film ?

VVV : Grandir dans un environnement bi-culturel m’a appris à observer et à tisser des relations avec des gens venant de milieux différents. Karaoke Girl reflète une image de Sa, une image qu’elle partage directement avec le spectateur. C’est à travers le prisme de mon expérience que je peux observer Sa et que je peux partager son histoire avec vous. Voilà comment mon histoire personnelle se reflète dans le film.

FDC : Karaoke Girl était sélectionné au Festival de Rotterdam, un festival dédié aux nouveaux talents et aux nouvelles formes de cinéma. Un autre film thaïlandais, 36, faisait partie de la compétition. Selon vous, est-ce qu'il y a quelque chose de neuf qui se passe dans le cinéma thaïlandais actuellement ?

VVV : Il y a beaucoup de réalisateurs indépendants talentueux en Thaïlande qui font actuellement de grandes choses. Ces gens commencent à être connus à l’international, ce qui est excitant pour tout le monde.

FDC : Quels sont vos projets ?

VVV : Je suis de retour sur Karma Police. C’est un peu comme si je renouais avec un ancien ami. Karma Police est très différent de Karaoke Girl. C’est de la pure fiction, et ce sera un suspens.

FDC : Quelle est la chanson que vous préférez chanter au karaoké ?

VVV : Je ne fais pas assez de karaoké pour avoir une chanson préférée ! (sourire)

Entretien réalisé le 7 mai 2013.

par Nicolas Bardot

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