Entretien avec Stuart Gordon

Entretien avec Stuart Gordon

Stuart Gordon, le réalisateur légendaire de Re-Animator et de Dolls, prépare son nouveau long métrage. Nevermore, inspiré par Edgar Allan Poe, est actuellement à la recherche de financement via Kickstarter. A cette occasion, nous avons interviewé le cinéaste qui nous parle de son projet et revient pour nous sur sa filmographie composée de pépites cultes.

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FilmDeCulte : Pouvez-vous nous parler de votre nouveau projet, Nevermore ?

Stuart Gordon : En 2007, Jeffrey Combs a joué Edgar Allan Poe pour la première fois dans Le Chat noir, un épisode de la série Masters of Horror (dirigé par Stuart Gordon, ndlr). Il était tellement impressionnant qu'on a décidé de réaliser Nevermore, une pièce centrée sur un personnage unique, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Poe. A l'origine, le spectacle ne devait durer que quatre semaines. Finalement, la pièce a été jouée trois ans et a tourné à travers le pays. Désormais, nous voulons l'adapter en long métrage, et on essaie de trouver un financement via Kickstarter. Notre campagne s'achèvera à Halloween.

FDC: Vos films ont été inspirés par Mary Shelley, par Lovecraft, maintenant par Poe. Quel rapport entretenez-vous à la littérature fantastique ?

SG : J'aime les bonnes histoires, c'est aussi simple que ça. Et c'est la raison pour laquelle certaines histoires deviennent des classiques: parce qu'on veut entendre ces récits encore et encore.

FDC : Avant de réaliser Re-Animator, vous vous considériez comme un "ignare" en ce qui concerne la mise en scène. Vous avez regardez des films de Romero, Craven, les premiers Ferrara ou Rosemary's Baby de Polanski. Qu'avez-vous appris à l'époque de ces cinéastes ?

SG : Je ne sais pas si j'étais totalement ignare, mais, bien que j'admire les oeuvres de Romero et Craven, ma principale école de cinéma a été Rosemary's Baby de Roman Polanski. C'est le maître pour créer des images subjectives qui donnent l'impression aux spectateurs que c'est à eux que l'histoire arrive.

FDC : Vous avez raconté qu'en voyant Le Désosseur de cadavres de William Castle au cinéma, vous vous êtes enfui en pleine séance car vous étiez terrorisé. Qu'est-ce qui se passe pour que ce jeune garçon terrifié se mette à faire des films d'horreur ?

SG : Pour vous répondre, je vous citerai la réplique écrite par David Mamet pour Edmond: "Derrière toute peur se cache un souhait".

FDC : Vous avez déclaré: "On n'a pas peur quand Godzilla piétine Tokyo, on a peur quand on se coupe en se rasant". Est-ce que cela s'applique à la façon dont vous avez voulu concevoir l'horreur dans vos films ?

SG : Tout à fait. Ce sont les petites choses qui nous effraient, parce qu'on peut les relier à une expérience toute personnelle.

FDC : Votre chemin a souvent croisé celui de Brian Yuzna, avec qui vous avez collaboré. Qu'avez-vous appris de lui ?

SG : J'ai appris qu'il ne fallait jamais se censurer.

FDC : Vous avez co-écrit avec Yuzna l'histoire de Chérie, j'ai rétréci les gosses. Vu votre background dans l'horreur, est-ce qu'il a été question que le film soit plus effrayant ou a t-il toujours été pensé comme un film familial ?

SG : Disney n'arrêtait pas de nous dire qu'il fallait faire en sorte que Chérie, j'ai rétréci les gosses ressemble davantage à Monte là-dessus (The Absent-Minded Professor de Robert Stevenson, ndlr) qu'à La Mouche. Mais on a toujours eu l'intention d'en faire un film pour toute la famille.

FDC : La séquence de mise à mort de votre épouse dans Dolls est une des plus jouissives de votre cinéma. Gardez-vous en mémoire une anecdote particulière sur le tournage de cette scène ?

SG : Je suis heureux que vous ayez apprécié le meurtre de ma femme - c'est pareil pour moi. Carolyn était très irritée qu'un cascadeur italien souhaite la doubler dans le plan où elle doit passer par la fenêtre, et elle a insisté pour réaliser cette cascade elle-même. Ça l'a énervée que quelqu'un puisse penser qu'un homme allait prendre sa place. Parce qu'elle n'a peur de rien. Et il fallait bien ça pour rester mariée avec moi.

FDC : Il a plus ou moins été question d'une suite pour Dolls à l'époque. Vous avez également déclaré ne pas être très fan de l'idée de suites en général. Néanmoins, qu'est-ce que vous auriez aimé faire pour cette suite ?

SG : A vrai dire, on n'est jamais allé très loin dans les idées d'une suite pour Dolls. Mais le film devait débuter avec la fillette, héroïne du premier long métrage, qui reçoit une boite par courrier. A l'intérieur, il y avait deux poupées qui ressemblaient exactement au fabriquant de poupées et à son épouse...

Pour participer à la campagne de financement de Nevermore, cliquez ici !

Entretien réalisé le 22 octobre 2013

par Nicolas Bardot

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