Entretien avec Sivaroj Kongsakul
Grand prix au Festival du film asiatique de Deauville avec Eternity, Sivaroj Kongsakul, qui signe son premier long métrage, s'ajoute à la liste grandissante d'un passionnant jeune cinéma thaïlandais. FilmDeCulte a rencontré le cinéaste qui a répondu à nos questions!
FilmdeCulte: Quel a été votre parcours avant de réaliser votre premier long métrage ?
Sivaroj Kongsakul: J’ai fait des études d’art et j’ai ensuite commencé ma carrière en tant qu’assistant réalisateur sur des clips et des publicités, puis sur des films indépendants. Pendant ce temps, j’ai également réalisé mes propres courts métrages.
FdC: Eternity est produit par Aditya Assarat (réalisateur de Wonderful Town). Comment l'avez-vous rencontré, pouvez-vous nous parler de votre collaboration ?
SK: La première fois que j’ai rencontré Aditya, c’était pendant la production du documentaire 3 Friends. J’étais juste un stagiaire à l’époque, et je suis devenu son assistant. Nous travaillons ensemble depuis des années, comme une famille, et j’ai appris beaucoup de choses sur le cinéma à son contact.
FdC: Passé et présent se mêlent de façon quasi invisible dans Eternity. Comment avez-vous travaillé la structure temporelle de votre film ?
SK: Dans Eternity, différentes périodes et époques sont mélangées. C’est un mélange de souvenirs lies à mon père, d’histoires que ma mère me racontait et qui se sont déroulées avant ma naissance, et c’est aussi sur la mort de mon père, qui est survenue à un moment où j’étais assez grand pour m’en souvenir aujourd’hui. J’ai voulu recréer ces souvenirs sans pour autant les relier clairement à un moment précis.
FdC: Ce qu'il y a de particulier dans ce film, c'est ce mélange entre des scènes de la vie quotidienne (les repas, le ménage) et les histoires extraordinaires qu'on s'y raconte. Pouvez-vous nous en parler ?
SK: La plupart des événements et des dialogues du film viennent directement de souvenirs liés à ma famille. Mes propres souvenirs et ceux de ma mère, qu’elle me racontait comme une histoire. Les détails quotidiens, les gens simples, c’est ce qui m’intéresse. C’est pourquoi j’ai privilégié une approche naturaliste pour mon film.
FdC: Quelles étaient vos inspirations pour Eternity ?
SK: Mon inspiration me vient de vieux films thaïlandais ainsi que de la musique de notre âge d’or, dans les années 70 et 80. Ce sont les films et la musique de mon enfance, mais aussi de la jeunesse de mes parents. Je suis aussi inspiré par la production indépendante asiatique.
FdC: L'année dernière, Apichatpong Weerasethakul a remporté la Palme d'or à Cannes. Quel a été l'impact de ce prix en Thaïlande ?
SK: En Thaïlande, les gens qui font du cinéma sont très heureux pour Apichatpong parce qu’on sait à quel point continuer à faire des films est difficile. Il y a eu des news dans les médias, les gens en ont entendu parler, mais ça n’a pas rendu la situation vraiment plus facile. Cela dit, il y a des jeunes cinéastes motivés pour faire leurs films malgré ces conditions.
FdC: Comment un film comme Eternity est-il vu et distribué en Thaïlande ? Est-il difficile de sortir un film tel que celui-ci ?
SK: En Thaïlande, les films produits hors des studios ont toujours des difficultés à être distribués, tout simplement.
FdC: Quelle a été votre réaction après le grand prix que vous avez remporté à Deauville ?
SK: Je suis heureux. C’est une expérience positive pour un jeune cinéaste comme moi, et ça me met en confiance pour mon prochain projet.
FdC: Savez-vous si Eternity va pouvoir sortir en France ?
SK: Ce serait super que davantage de gens puissent voir Eternity en France et en Europe. Mais je n'ai pas d'information.
FdC: Quels sont vos projets ?
SK: Mon prochain film s’intitule Arunkarn. C’est l’histoire de deux soldats thaïlandais et de leur lutte entre l’image de force qu’ils dégagent et leur sentimentalité intérieure. Le film sera divisé en deux parties.