Entretien avec Shayne Ehman et Seth Scriver
Les Canadiens Shayne Ehman et Seth Scriver signent avec Asphalt Watches un film d'animation que vous ne regarderez peut-être pas avec vos petits neveux et nièces. Ce long métrage frappadingue raconte le road trip expérimenté par les deux réalisateurs sur le ton de l'hallucination et du bric-à-brac coloré. Seth et Shayne nous en disent un peu plus dans notre entretien...
Avez-vous jamais envisagé de tourner Asphalt Watches avec des acteurs, dans un film live? Pouvez-vous nous parler de votre choix de l’animation ?
Seth : Je n’y avais jamais songé avant que notre ami Max n’en parle, en dessinant un nez-bite miniature sur lui. Ce qui nous a fait beaucoup rire. Et on s’est dit que ce serait très drôle de faire le film ainsi. On a choisi l’animation parce que c’était plus accessible, et ça nous a semblé être un choix évident pour nous qui sommes dessinateurs et gribouilleurs. Ca prend certes plus de temps mais ça coûte aussi moins cher. Avec l’animation, tout est possible et c’est ça qui est excitant.
Shayne : Je pense que notre style d’animation nous permet de faire un lien très direct de notre cerveau à l’écran. Tous les éléments visuels de chaque scène sont minutieusement composés.
Le design d’Asphalt Watches est très singulier, glauque et hétérogène. Comment avez-vous travaillé sur cet aspect très surprenant ?
Seth : On a essayé de décrire l’essence des personnages par la symbolique, par la manière dont on se souvenait d’eux : leurs sentiments, leur odeur, leur comportement. On a souvent combiné nos souvenirs à nous deux pour faire un personnage ou raconter un moment de notre road trip.
Shayne : J’adore contempler une page blanche jusqu’à ce que des lignes jaillissent. Je trace les lignes.
Vos personnages ressemblent à des jouets fous dans un visuel très coloré mais on a souvent le sentiment d’être au bord du film d’horreur. Êtes-vous d’accord avec ça ?
Shayne : Oui, je vois tout à fait cela. Je pense que cela a à voir avec la manière dont on se comporte face à « l’inconnu ». Genre, vous vous jetez dans le vide, tout peut arriver, et vous avez une chance sur deux de vivre, ou de mourir.
Seth : Essayer de rester au plus près de la vérité de notre histoire et recréer ce qu’on a ressenti à ce moment précis, c’était un de nos buts. Et j’ai l’impression qu’on a vraiment réussi à saisir cela.
Asphalt Watches n’est pas un film d’animation comme les autres. Aviez-vous néanmoins des références en tête ?
Seth : Des graffitis dégueu, des fanzines, comics, Sergio Aragones, Groo le Vagabond, nos amis dessinateurs psychédéliques Amy Lockhart, Marc Bell, Erin Zimmerman, Mark Connery, Jeffro Halladay, Jonny Petersen, Keith Jones, Owen Plummer et d’autres encore…
Shayne : A vrai dire, comme on a vécu cette histoire, j’imagine que la principale référence pour nous était tout simplement notre propre expérience !
Votre film est présenté dans le cadre de l’Étrange Festival. Quelle est votre film « étrange » favori ?
Seth : Reflections of Evil de Damon Packard était assez bizarre et formidable. Il y a aussi ce film très étrange que j’ai vu l’an passé : A Field in England de Ben Wheatley. Et Moebius de Kim Ki-Duk que j’ai beaucoup aimé. Le Dernier combat qui est français donc je me dis que je devrais le mentionner, et au sommet de tous les films bizarres trônera certainement Bugs de Life of Craphead (nom du duo de dessinateurs canadiens composé de Jon McCurley et Amy Lam, ndlr), qui devrait être visible en 2015.
Shayne : Meshes in the Afternoon de Maya Deren, et Kwaidan de Masaki Kobayashi. Je les aime parce qu’ils retournent mon cerveau.
Y'a t-il un moyen de voir votre film pour ceux qui ne pourraient pas se déplacer à l’Étrange Festival ?
Seth : Il est visible en VoD sur Vimeo en cliquant ici !
Entretien réalisé le 22 août 2014.
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