Dossier 2017: Entretien avec Rosie Jones
Nous vous avions proposé au printemps dernier une première série d’entretiens dédiée aux découvertes de l’année et aux réalisateurs les plus prometteurs dont les films sont encore inédits en salles. Voici la deuxième partie, que nous entamons avec l’Australienne Rosie Jones, réalisatrice d’un des documentaires les plus fous de l’année. The Family, dévoilé à la rentrée à l’Etrange Festival, raconte l’histoire incroyable d’une secte australienne dirigée par une femme qui pourrait constituer le meilleur personnage de fiction de l’année – sauf qu’ici tout est vrai...
Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu parler d’Anne Hamilton-Byrne et de La Famille ?
La première fois que j’ai entendu parler d’Anne Hamilton-Byrne et de La Famille, c’était en 1987, lorsque la police s’est introduite dans la propriété de la secte à Lake Eildon et a sauvé six enfants de son emprise. Cette image terrifiante d’enfants blonds habillés avec des vêtements identiques était dans tous les médias, et a retenu mon attention. Quand je me suis penchée plus précisément sur l’histoire de la secte, j’ai découvert que la vérité dépassait la fiction – soit le point de départ parfait pour un documentaire en apparence séduisant mais dont le sujet est d’une profondeur incroyable.
Qu’est-ce qui avant tout vous a intéressée dans une histoire aussi folle ?
J’ai d’abord été fascinée par Anne Hamilton-Byrne et le fait qu’elle ait parvenu à convaincre l’élite de Melbourne qu’elle était la réincarnation de Jésus. Puis j’ai découvert que cette histoire allait beaucoup plus loin qu’en apparence, et touchait des thèmes universels tels que la famille, l’amour, la trahison et la foi. Lorsque j’ai rencontré certaines des personnes touchées par la secte, j’ai été impressionnée par leur intégrité, leur perspicacité et le courage qu’il leur a fallu pour prendre la parole.
En tant que réalisatrice, comment aborde t-on un documentaire au sujet littéralement plus extraordinaire qu’une fiction ?
Traiter de cette histoire a constitué un grand défi pour moi parce qu’elle a quelque chose de si tentaculaire. Elle touche à plein de sujets différents – l’adoption, la drogue, la psychologie, la justice, une enquête de police pour en citer juste quelques uns. J’ai décidé d’utiliser l’enquête policière comme véhicule narratif parce qu’elle fournissait une ligne directrice ancrée dans les différents et formidables entretiens que nous avons réalisés. J’ai travaillé avec une équipe géniale, notamment ma monteuse Jane Usher, mon directeur de la photographie Jaems Grant et ma productrice Anna Grieve, qui m’ont tous soutenue pour garder le cap. C’était à vrai dire difficile de garder une durée classique de long métrage à partir d’un matériel si riche.
Quels sont vos cinéastes favoris ?
Il y en a trop à citer mais je dirais Lynne Ramsay, David Fincher, Alejandro Gonzalez Inarritu, Jane Campion, Errol Morris, Sarah Polley… et des tonnes d’autres.
Quels sont vos projets ?
Je travaille sur une version série télévisée de The Family.
Entretien realisé le 12 octobre 2017