Entretien avec Pierre Ricadat
La 6e édition du Festival Franco-Coréen du film se déroule actuellement à Paris, jusqu'au 18 octobre! Pierre Ricadat, chef-programmateur de ce festival qui monte, a répondu à nos questions...
FilmDeCulte : Quel est votre rôle au sein du festival ?
Pierre Ricadat: Je suis chef-programmateur en charge des longs-métrages. Cela implique un travail continu pendant presque une année pour repérer, visionner et sélectionner les films. Pour cela, je travaille avec deux autres programmatrices, Jun Huijin et Cho Kyounghee. Une fois la sélection faite et pendant le festival, nous tâchons également de communiquer autour de notre sélection, de présenter et de défendre les films.
FdC : Comment s’effectue le travail de sélection en amont ?
PR: Pour la section Paysage 2011 qui regroupe 15 longs-métrages des 3 dernières années, nous nous sommes d'abord attachés à visionner un maximum de films réalisés pendant cette période, parfois en allant dans divers festivals ou en demandant des copies auprès des distributeurs. Ensuite, nous avons essayé d'en extraire une sélection vraiment variée, composée de films inédits de toutes sortes (différents genres, budgets...). La question n'était pas juste de prendre un film parce qu'il était bon (ce qui est assez subjectif) mais parce qu'il y avait des raisons intéressantes de le montrer.
FdC : On parle beaucoup ces dernières années du cinéma coréen, pourtant ça reste, hors festivals, un cinéma quasi invisible dans les salles en France. Trois films coréens sont sortis chez nous depuis le début de l’année. Que vous inspire ce paradoxe ?
PR: En fait il y a eu une sorte de vague au début des années 2000 avec l'émergence de plusieurs réalisateurs très talentueux et pas mal de découvertes. Mais peu à peu, les sorties se résument uniquement à ces fameux réalisateurs et à quelques polars violents. Pourtant, il existe bel et bien d'autres cinémas, d'autres talents (énormément de premiers films sont produits chaque année en Corée), et c'est ce que nous essayons de montrer.
FdC : Notez-vous un décalage entre la perception qu’on a du cinéma coréen en France et la réalité de la production sur place ?
PR: Les cinéastes coréens adulés en France ne sont pas forcément prophètes en leur pays : Kim Ki-duk et dans une moindre mesure Hong Sang-soo font extrêmement peu d'entrées. Après comme je le disais, en France nous avons souvent accès à un seul genre de film pas forcément représentatif du reste de la production. Le cinéma coréen a un peu une image "bobo" en France alors qu'il offre des choses complètement diverses qui ne collent pas trop à cette définition.
FdC : Y’a-t-il au Festival Franco-Coréen du film une porte ouverte laissée à d’éventuelles productions nord-coréennes ?
PR: Pourquoi pas, le problème est que ce genre de production est totalement inaccessible pour nous aujourd'hui.
FdC : Quels sont pour vous les jeunes cinéastes les plus prometteurs en Corée ?
PR: Sans que cela soit volontaire, notre section Paysage 2011 comporte 8 premiers films, ce qui montre bien l'arrivée de nouveaux cinéastes pleins d'idées et de talent. Parmi eux, Yoon Sung-hyun (Bleak Night), Min Yong-keun (Re-encounter) ou encore Jo Seung-hee (End of Animal) sont particulièrement à suivre.