Entretien avec Mitchell Lichtenstein
Révélé il y a quelques années par Teeth, primé notamment au Festival de Gérardmer, l’Américain Mitchell Lichtenstein est de retour avec Angelica. Deux films fantastiques sur la répression sexuelle, mais deux films très différents : Angelica, beaucoup plus sérieux, flirte avec l’horreur gothique et se déroule au 19e siècle. Ce long métrage vient d’être dévoilé à la Berlinale et vous devriez en entendre parler cette année. Entretien avec le réalisateur qui vous en dit un peu plus…
Comme Teeth, Angelica est un film qui parle de répression sexuelle, mais d’une manière très différente. Qu’est-ce qui vous a mené à adapter le roman d’Arthur Phillips ?
J'étais attiré par l'idée de créer un univers et une atmosphère du 19e siècle dont les thèmes sexuels seraient très explicites. Alors que, à l'image du Tour d'écrou d'Henry James, on s'attend davantage à ce que ce type de sous-texte reste totalement enfoui.
L’utilisation de la lumière dans Angelica est impressionnant. Comment avez-vous collaboré avec votre directeur de la photographie, Dick Pope, à ce sujet ?
Dick et moi-même avons longuement discuté de ces scènes et ce dans les moindres détails. On a tenté de déterminer dans quelle mesure la lumière pouvait refléter le climat de chaque scène - qui correspondait généralement à l'état d'esprit de Constance. Comme la majeure partie du film se déroule en intérieurs, durant la nuit (et que nous sommes au 19e siècle), la source de lumière était naturellement une simple lanterne ou un candélabre. Avec Dick, nous étions tous les deux d'accord pour que les chambres ne soient pas plus éclairées qu'elles ne le seraient en réalité via de telles sources de lumière. C'est assez inhabituel - généralement, les réalisateurs ont tendance à éclairer davantage pour le confort du spectateur.
Jena Malone est très convaincante et Janet McTeer est assez incroyable dans une prestation over-the-top. Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont vous avez travaillé avec vos actrices sur ce film ?
J'ai eu la chance de disposer de quelques semaines de répétition avec Jena et Janet avant le début du tournage. Du coup nous avons eu le temps de discuter de leurs personnages en profondeur, et de nous pencher sur ce dont il était question dans chaque scène. Ce sont deux actrices très rigoureuses qui ont par ailleurs fait beaucoup de recherches sur cette période. La concentration de Janet est vraiment intense et c'est pourquoi son personnage peut paraître over-the-top. Mais je crois que la volonté de son personnage est suffisamment forte pour soutenir cette intensité.
Angelica n’est pas le type de film d’horreur qu’on voit tous les jours en ce moment en salles. Était-ce difficile de produire un tel long métrage ?
Les films qui ne suivent pas exactement une formule donnée sont difficiles à vendre, et c'est la raison pour laquelle il est plus difficile de les produire. J'ai la conviction, néanmoins, qu'il y a un public pour des histoires qui sortent des idées préconçues.
Aviez-vous des références en particulier lors de la préparation de votre film ?
Il n'y a pas une référence en particulier, mais je reconnais qu'il y a dans Angelica des touches de Répulsion, de Rosemary's Baby et des Innocents.
Entretien réalisé le 26 février 2015.
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