Entretien avec Marie Miyayama

Entretien avec Marie Miyayama

Lors de la cuvée 2010 du Festival Kinotayo, consacré au cinéma japonais contemporain, un film plus que d'autres a attiré l'attention de FilmDeCulte. Der Rote Punkt de Marie Miyayama raconte le périple en Allemagne d'une jeune Japonaise à la recherche de son passé. Nous avons rencontré la réalisatrice du film.

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FilmdeCulte: Quel est le point de départ de Der Rote Punkt ? Quelle est la part d’autobiographie dans le projet ?

Marie Miyayama: J'ai rencontré par hasard une Japonaise qui a perdu une partie de sa famille dans un accident de voiture, en Allemagne. J'ai l'ai accompagnée en tant qu'interprète en Allemagne, à l'endroit de l'accident, le "point rouge" (Der Rote Punkt) qu'elle avait tracé sur la carte. Elle m'a raconté l'histoire de son jeune cousin, qui était le seul survivant de cet accident et qui a été adopté par sa tante. La personne responsable de l'accident n'a toujours pas été identifiée, c'était un délit de fuite. C'est cette histoire vraie qui m'a donné l'inspiration du film. En ce qui concerne les éléments biographiques, j'ai eu l'occasion de voyager seule, quand j'étais étudiante, avec mon sac à dos. Beaucoup de détails du film proviennent de mes expériences, durant ces voyages.

FdC: Vous avez réalisé un documentaire avant ce premier film de fiction. En quoi cette expérience vous a-t-elle servi dans la préparation et la mise en scène de Der Rote Punkt ?

MM: J'ai beaucoup aimé le fait que de nombreuses choses arrivent sans que ce ne soit ma volonté. Et j'ai appris qu'un film prend réellement vie au moment du montage.

FdC: Comment avez-vous travaillé avec votre chef opérateur, Olivier Sachs, sur le style visuel du film ?

MM: On a beaucoup parlé de l'histoire et du style visuel qui collerait le mieux. Nous sommes tous les deux très amis avec le minimalisme.

FdC: J’ai eu le sentiment que vous étiez plus à l’aise avec les scènes muettes, le non-dit, avec cette héroïne qui parle à peine Allemand, qu’avec les scènes parlées, ou les scènes plus explicatives. Y’avait-il des choses plus évidentes que d’autres pour vous au moment de l’écriture ou sur le tournage ?

MM: En fait j'ai écrit les dialogues d'Aki et les séquences au Japon moi-même, tandis que les conversations avec la famille allemande ont été écrites par mon co-scénariste dont l'allemand est la langue maternelle. Les Allemands peuvent parler de tout, alors que nous, les Japonais, avons une façon tout à fait différente de communiquer. Ces éléments contradictoires étaient pour moi une des principales caractéristiques du film.

FdC: Une image dans le film revient à plusieurs reprises : celle d’Aki, enfant, sur sa balançoire. Pouvez-vous nous parler de ce leitmotiv ?

MM: Aki oscille entre deux mondes, entre celui de ses parents et de ses parents adoptifs, entre les vivants et les morts.

FdC: Le film marche vraiment à l’économie : de musique, d’effets mélodramatiques, sur une courte durée… aviez-vous des modèles en tête en ce qui concerne cette approche minimaliste du sujet ?

MM: Concrètement, je n'avais pas de modèle. Mais j'aime les films dans ce style-là.

FdC: Comment le film a-t-il été reçu en Allemagne et au Japon ? Les réactions ont-elles été différentes?

MM: Le film est sorti l'année dernière en Allemagne (et vient de sortir en dvd!) et nous avons eu de bons retours. Au Japon, nous avons également eu des réactions positives du public dans les différents festivals où le film a été présenté, mais nous n'avons à ce jour pas encore trouvé de distributeur japonais. J'ai le sentiment que la société japonaise n'est pas très ouverte, en ce moment, à quelque chose de "différent". En tout cas c'était très excitant de parler avec le public dans les deux pays car leurs points de vue étaient effectivement très éloignés.

FdC: Quels cinéastes ont accompagné votre parcours de cinéphile ?

MM: Les réalisateurs que j'admirais quand j'avais 16 ans sont toujours mes favoris: Wim Wenders, John Cassavetes, Abbas Kiarostami. En ce qui concerne le cinéma japonais, j'aime beaucoup les films de Hirokazu Kore-Eda.

FdC: Quels sont vos projets ?

MM: En ce moment je travaille sur l'histoire d'un jeune Allemand qui part dans la partie rurale du Japon.

FdC: Merci à vous !

MM: Merci! Joyeux Noël et bonne année à vous!

par Nicolas Bardot

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