Entretien avec Lisa Aschan
Distinguée au dernier Festival de Tribeca où son film Voltiges (en salles le 3 août) a décroché la timbale, la jeune Suédoise Lisa Aschan signe un premier long métrage maîtrisé et prometteur. Interview express de la réalisatrice...
FilmdeCulte: Quel a été votre parcours avant Voltiges ?
Lisa Aschan: Je ne suis pas monogame dans ma relation au cinéma. J’ai étudié à l’école nationale de cinéma du Danemark, mais j’ai également fait du théâtre et j’ai également étudié au Royal Institute of Art de Stockholm. Je dirais que je suis une artiste, tout simplement. Quand j’ai un nouveau projet, je laisse le thème décider quel média je vais utiliser. Au début, Voltiges étaient juste une pile de papiers sur mon bureau. C’est comme ça que commencent tous mes projets, avec une pile de livres, de photos, d’articles. Les trois éléments en haut de cette pile-là étaient: une publicité avec une petite fille en bikini qui suçait une glace, L'Histoire de l’œil de George Bataille, et une photo de Shirley Temple.
FdC: Le centre équestre joue un rôle important dans votre film. Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir ce décor ?
LA: J’aime les règles. Dans Voltiges, le genre du western sert de cadre, et à l’intérieur de ce cadre, ma chef-opératrice Linda Wassberg et moi-même avons laissé aller notre imagination. Je tiens particulièrement à créer des règles strictes dans le déroulement de mon histoire, de telle sorte que chaque décision que je prends ne répond jamais à une simple question de goût.
FdC: Dans votre film, les positions dominant/dominé peuvent rapidement s’inverser. Emma paraît d’abord assez soumise, mais ce qu’on prend pour de la passivité est finalement un choix, une protection. Comment avez-vous abordé la direction d’acteur pour un tel rôle ?
LA: La seule chose que je leur ai dite, c’est que je voulais qu’elles utilisent leur volonté et leur faiblesse comme des armes. C’était la base de notre travail.
FdC: Voltiges est également un film sur l’apprentissage de la féminité, parfois de façon inattendue avec le personnage de la jeune sœur. Quel rôle joue selon vous le regard d’autrui dans la construction de cette féminité ?
LA: Rien n’arrive pas hasard. Dans la vie, tout fait partie d’une structure générale qui serait incomplète si on y enlevait la moindre brique. On voulait montrer que le sexe c’est le pouvoir, et que le pouvoir c’est aussi sexuel, et parler de tous les jeux de rôles et des jeux de pouvoirs qui peuvent exister. Pour moi, tout ça n’est pas limité à un âge ou à un endroit, cela fait partie de tous les rapports humains.
FdC: Dans une récente interview qu’il nous a accordée, Ruben Östlund nous parlait d’un vivier important de jeunes cinéastes intéressants en Suède. Quel est votre sentiment sur la question ?
LA: Je suis tout à fait d’accord avec lui, on peut bel et bien parler de nouvelle vague suédoise. Mais je ne me sens pas appartenir à un groupe pour autant.
FdC: Quels sont vos projets ?
LA: Eh bien il y a une nouvelle pile sur mon bureau!