Black Movie Festival: Entretien avec Kate Reidy & Maria Watzlawick
Le Festival Black Movie, qui se déroule jusqu'au 29 janvier à Genève, est une manifestation cinéphile à contre-courant des cinémas uniformisés et offre une approche curieuse et défricheuse du cinéma d'auteur. Ses programmatrices, Kate Reidy et Maria Watzlawick nous détaillent les temps forts de cette nouvelle édition.
Qu'est-ce qui à vos yeux fait la spécificité du Black Movie Festival ?
La liberté totale dont nous bénéficions dans nos choix de programmation, le ton impertinent de notre communication, la jeunesse de notre public. Nous ne faisons aucun appel à films, ce qui nous permet de prospecter et de choisir les films que nous considérons les plus extraordinaires à présenter à notre public.
Comment avez-vous établi les différentes thématiques de l'année ?
Les thématiques s’imposent d’elles-mêmes après vision des films. Petit à petit, en visionnant, en nous rendant dans des festivals, des tendances se dessinent et nous permettent de commencer notre thématisation. Cette organisation thématique est aussi un moyen de mettre en valeur les films et ce qui les lient entre eux.
Est-il à l'heure actuelle aisé de monter un festival à la programmation aussi à contre-courant que le Black Movie Festival ?
Il n’est jamais aisé de monter une édition du festival comme nous dépendons essentiellement des fonds publics et de nos recettes, notre programmation n’intéresse pas vraiment les sponsors privés. Cependant, l’expérience de l’équipe du festival et son succès public, nous permettent pour l’heure de continuer à convaincre les pouvoirs publics de l’intérêt de notre existence, malgré la menaçante droitisation du Conseil municipal de la Ville de Genève.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les invités de cette édition ?
Notre vingtaine d'invités vient des quatre coins du monde: Mexique, Philippines, Mali, Pologne, Chine, …. Ce sont soit des connaisseurs du festival, qui reviennent chaque fois comme le Portugais João Pedro Rodrigues, dont nous montrons son nouveau film L’Ornithologue, soit des jeunes cinéastes émergents comme Juan Sebastián Mesa de Colombie qui vient présenter son premier long métrage Los Nadie, très beau portrait d’une jeunesse anarcho-punk idéaliste de Medellin. Notre priorité? Que les cinéastes rencontrent leurs publics: par les Q&A après les séances, les repas, les nuits festives. Cette convivialité à la fois cinéphile et familiale est très bien perçue par les invités, qui apprécient que le cinéma soit au coeur du festival.
Avez-vous des coups de cœur à nous faire partager parmi les films retenus ?
Tous les films du festivals sont nos coups de coeur! Mais s’il faut en retenir quelques-uns: pour leur virtuosité formelle envoûtante The Days that Confused de l’Estonienne Triin Ruumet, The Last of Us du Tunisien Ala Eddine Slim ou encore le psychotique The Strangers de Na Hong Jin (The Chaser, The Murderer). Pour leur narration pertinente et précise: Amerika Square de Yannis Sakaridis, comédie sombre sur la question migratoire en Grèce ou Wrong Elements de Jonathan Littell qui revient sur les parcours de quatre ex-enfants soldats. Pour leur fraîcheur et leur poésie visuelle: les perle animées du Petit Black Movie pour adulte ou le délirant Baby Bump du Polonais Kuba Czekaj.
Entretien réalisé le 20 janvier 2017. Un grand merci à Pascal Knoerr.
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