Festival des 3 Continents: Entretien avec Jérôme Baron

Festival des 3 Continents: Entretien avec Jérôme Baron

Le Festival des 3 Continents débute ce mardi 21 novembre et sera à suivre en direct sur FilmDeCulte ! Son directeur artistique, Jérôme Baron, nous parle des temps forts de cette 39e édition...

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Le Festival des 3 Continents projette des films d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Comment s'organise le travail de sélection tout au long de l'année autour de cinématographies aussi vastes et pour certaines moins accessibles ?

Il y a à l'évidence plusieurs axes de travail selon qu'il s'agit d'une rétrospective, d'un programme spécifique à construire ou de la sélection officielle. Pour cette dernière nous lançons comme tous les festivals un appel à inscription des films que nous commençons à visionner dès la fin du mois de janvier. Nous nous déplaçons aussi en festival en Europe et bien sûr au-delà pour repérer des films récents. Nous avons par ailleurs après 39 années d'existence un vaste réseau de contacts qui nous recommande de porter une attention à des films qu'eux-mêmes viennent de voir. Le travail de préparation des autres programmes obéit à différentes logiques et il se peut même que chaque programme détermine une logique particulière de travail. La mise en place de certaines rétrospectives doit être largement anticipée, cela peut prendre entre 12 et 18 mois selon les contraintes d'accès aux films et les négociations à prévoir. Pour chaque édition, nous visionnons un millier de films environ.

Vous consacrez une rétrospective au cinéaste coréen Shin Sang-ok, dont la filmographie reste méconnue chez nous et qui a une histoire personnelle assez rocambolesque. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce programme ?

Shin Sang-ok est une figure clé de l'histoire du cinéma coréen. Cinéaste, il a aussi été un producteur frénétique (entre 200 et 300 films produits) et il est vraiment le point d'origine de l'ambition industrielle du cinéma en Corée du Sud. Né dans le Nord du pays, la partition de la Corée l'a fait citoyen du Sud avant qu'il ne soit kidnappé par le Nord. Il a ainsi été pris entre deux dictateurs, Park Sung-hee au Sud et Kim Jong-il (plutôt que son père) au Nord. Shin aurait de particulier de ne pas avoir eu à choisir entre les deux Corée. Son désir de cinéma est total, non seulement parce qu'il a touché à tous les genres mais parce qu'il était un technicien attentif, un entrepreneur et voulait aussi être une figure populaire. On l'a d'ailleurs surnommé l'Empereur de Corée.

Comment avez-vous constitué le focus "Une véritable histoire du cinéma argentin", qui recouvre toute une cinématographie en une vingtaine de films ? Quels en seront les temps forts selon vous ?

L'intention était de donner à voir le cinéma argentin dans la diversité de ce qu'il a pu recouvrir en termes d'ambitions artistiques, que ces films soient du registre du cinéma populaire ou bien provenant de marges moins accessibles y compris pour les Argentins eux-mêmes. C'est selon ces indications que Roger Koza, critique et programmateur argentin, a commencé le travail de défrichage d'une cinématographie qu'il connaît parfaitement. L'accès aux films n'est pas simple en Argentine où il n'existe aucune archive nationale du cinéma. Comme beaucoup des œuvres présentées au F3C dans cette rétrospective sont inédites en Europe ou inédites commercialement en France, nous avons eu recours à des collections privées pour pouvoir les présenter. Parmi les œuvres exceptionnelles qui seront présentées, le fameux El romance del Aniceto y la Francisca de Leonardo Favio, Juan como si nada hubiera sucecido de Carlos Etchevarria, Puntos suspensives de Eduardo Cozarinsky, No auras nunc est puerta de Carlos Hugo Christensen, Pajarito Gomez de Rhodolfo Kuhn, Habeas Corpus de Jorge Acha sans parler de films plus connus mais peu vus comme Rapado de Martin Reitman, ou Pizza, Birra, Faso de Israel Adrian Caetano et Bruno Stagnaro.

Auriez-vous des coups de cœur à nous faire partager dans le programme de cette année ?

Evidemment, je dois m'abstenir de tout commentaire sur la compétition. Les spectateurs du festival auront malgré tout l'opportunité de découvrir Madame Fang de Wang Bing, Léopard d'or à Locarno, l troisième film de Hong Sangsoo inédit en France Seule sur la plage la nuit, un très prometteur premier film chinois Le rire de madame Lin, Les destinées d'Asher de Matan Yair ou encore Wajib de Anne-Marie Jacir. Les bonnes manières, film de bébé-garou brésilien devrait aussi avoir les faveurs du public.

Quels sont vos espoirs et objectifs pour cette 39e édition du festival ?

Que le public et la presse se réjouissent de voir à Nantes des films rares dont certains, c'est malheureux, ne repasseront pas de sitôt en France et peut-même jamais. Que le public continue de se renouveler autour d'une forte impulsion en ce sens depuis trois ou quatre ans, que ceux qui jusque-là pensaient que le festival est réservé à une élite cinéphile nous rejoignent pour constater le contraire.

Entretien réalisé le 17 novembre 2017. Un grand merci à Vanessa Frochen.

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par Nicolas Bardot

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