Entretien avec Hitoshi Takekiyo

Entretien avec Hitoshi Takekiyo

Réalisateur du farfelu et pétaradant After School Midnighters (qui sort en France le 30 octobre), Hitoshi Takekiyo est une des révélations de l'année. Takekiyo raconte la nuit pas comme les autres passée par trois fillettes dans une école hantée. Un conte initiatique sans morale au bout du chemin, et un vrai trip euphorisant. Hitoshi Takekiyo a eu la gentillesse de répondre à nos questions. FilmDeCulte fait les présentations !

  • Entretien avec Hitoshi Takekiyo
  • Entretien avec Hitoshi Takekiyo

FilmDeCulte : Comment est né After School Midnighters ?

Hitoshi Takekiyo: A l'origine, l'idée était de réaliser une comédie en utilisant la motion capture. J'ai longtemps cherché des personnages, et finalement le squelette et le modèle anatomique m'ont semblé les personnages les plus appropriés pour exprimer directement les mouvements de la motion capture. Je n'aurais pas pu penser à de meilleurs personnages que ces deux-là.

FdC : Le style visuel du film est surprenant et hétérogène. Comment avez-vous conçu l'esthétique de After School Midnighters ?

HT: Le film se déroule dans une école élémentaire, qui est en quelque sorte une version miniature de la société. On a préparé différents types de classes comme la classe de sciences, la classe de musique, la piscine, chacune correspondant à un point fort d'une des fillettes. Cette école avait une forte personnalité en tant que lieu. Nous avons ainsi construit les autres personnages et mis en valeur leurs particularités par rapport à l'identité de chacune de ces classes.

FdC : Aviez-vous des références en tête pour réaliser ce film ?

HT: Je me suis beaucoup inspiré du travail de Moebius, notamment en ce qui concerne les couleurs. J'ai apporté un soin particulier aux couleurs plus qu'à la texture parce que notre budget était limité. J'ai conscience d'avoir utilisé principalement des couleurs "neutres" pour ce film.

FdC : After School Midnighters adopte une structure de jeu vidéo, avec ses différents mondes et ses affrontements de boss de fin de niveau. Est-ce que ces emprunts aux jeux vidéos étaient volontaires ?

HT: Tout à fait. Je me suis basé sur une histoire telle qu'elle serait racontée dans un jeu vidéo, par exemple la façon dont les filles sont confrontées à chacun des monstres de l'école. Une autre influence dans cette aventure où des écolières vont de classe en classe a été le film Charlie et la chocolaterie de Tim Burton.

FdC : Il y a un aspect de conte initiatique dans After School Midnighters, avec ces jeunes filles passant différentes épreuves. Mais finalement, elles n'apprennent pas grand chose, il n'y a pas vraiment de morale à tirer, le film n'est pas didactique. Pouvez-vous nous parler de cette idée ?

HT: Tout à fait, et ce pour deux raisons. D'abord, beaucoup de films japonais récents ont un message fort et sont des contes moralisateurs. Moi, à l'opposé, j'ai voulu faire un film qui soit une comédie simple et enjouée. Ensuite, je pense que la chose la plus importante dans l'éducation élémentaire est de prendre en compte le fait que chaque personne a un caractère qui lui est propre. Accepter les différences de chacun, c'est une valeur qui m'est chère. Même si vous êtes un peu étrange, c'est votre personnalité, soyez comme vous êtes ! C'est ce que j'ai voulu dire avec ce film.

FdC : Quels sont vos projets ?

HT: Je travaille activement sur la motion capture afin de tirer parti des techniques d'acteurs, et pour réaliser une nouvelle comédie. D'un point de vue technique, je prépare un film doté d'un nouveau type d'animation, et qui sera une sorte d'évolution de After School Midnighters.

FdC : Quels sont à vos yeux les aspects les plus excitants du cinéma japonais récent ? Quels jeunes réalisateurs admirez-vous ?

HT: Je m'intéresse beaucoup à ce que fait Kenji Uchida (qui a réalisé After School en 2008 et Key of Life cette année). Je trouve qu'il s'agit d'un réalisateur très talentueux. J'ai beaucoup de respect pour la façon dont il envisage le cinéma, mettant en valeur le divertissement sans asséner de message.

Entretien réalisé le 22 octobre 2012. Un grand merci à Yuka Hikichi.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires