Entretien avec Hideo Nakata

Entretien avec Hideo Nakata

Le réalisateur des films cultes Ring et Dark Water revient à l'horreur avec The Complex, en compétition au Festival de Gérardmer. Dans son nouveau film, Hideo Nakata commence par raconter une histoire de fantômes classique avant de basculer dans le trip psychédélique. Interview express de Nakata qui revient pour nous sur ses choix de mise en scène.

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FilmDeCulte : Vous avez une nouvelle fois collaboré avec le directeur de la photographie Junichiro Hayashi sur The Complex. Mais The Complex est visuellement très différent de vos précédents longs métrages. Désiriez-vous travailler d’une façon différente avec Hayashi sur ce nouveau projet ?

Hideo Nakata: Le fait, déjà, qu’il s’agisse d’un projet différent a rendu notre approche différente. Mais la plus grande différence ici, c’est que The Complex est tourné en numérique. C’est un medium totalement différent auquel il a fallu s’adapter. Il nous a fallu explorer, par exemple dans l’utilisation de la lumière et des couleurs. D’une lumière brute aux teintes jaunes, puis bleues, puis très sombres, etc. Je suis allé à Oslo pour un programme d’art organisé par le Japon. J’y ai vu une réplique du Cri de Munch (il l’imite). Dans cette peinture il y a plusieurs strates de couleurs pour le ciel, les champs, l’eau. Je voulais emprunter quelque chose à cette peinture. Pour revenir à votre question, on n’a pas intentionnellement réfléchi à une façon de faire "autrement".

FdC : J’ai eu le sentiment que tous les choix de mise en scène que vous faites sur The Complex reflètent directement la perception du personnage principal. Pensez-vous que votre mise en scène raconte davantage l’histoire de ce personnage, si ce n’est plus, que le scénario ?

HN: Je dirais oui et non ! Je viens de montrer le film au Festival de Rotterdam. Il y a eu 2 projections. La première était très sombre, assez proche de ce que nous avions souhaité avec Junichiro Hayashi. La seconde était extrêmement lumineuse, et c’est comme si le film était différent. Maintenant je jette un œil aux réglages avant les projections ! Effectivement, l’aspect visuel est extrêmement important, surtout sur ce film. Les couleurs ont un sens. Pas seulement les couleurs mais leur utilisation avec la lumière, les tons sombres. Dans ce sens, la mise en scène en dit autant que l’histoire. Mais il y a cette phrase japonaise : « Un bon script peut être détruit par un mauvais réalisateur. Mais un bon réalisateur ne peut pas faire un chef d’œuvre d’un mauvais scénario ».

FdC : Au sujet justement des couleurs, pouvez-vous nous parler du travail que vous avez effectué, de la façon dont vous avez voulu les utiliser ?

HN: Ce sont les couleurs mais aussi le noir. Lorsque l’héroïne voit sa famille, il y a évidemment cette lumière qui correspond aux meilleurs moments de sa vie. L’appartement devait être entouré de couleurs sombres, notamment chez le voisin, qui tranchent radicalement. Puis il y a un enchainement de couleurs successives et qui ont chacune un sens, jusqu’à ce qu’on bascule dans la folie. Le jaune, le bleu, le vert jusqu’au feu qui consume les personnages. Pour revenir au Cri de Munch, il y a ce même enchevêtrement de couleurs qui traduit bien, à mon sens, l’angoisse de l’héroïne.

FdC : Il y a un plan dans The Complex où le garçonnet a le visage rouge comme s’il était en feu. Ça m’a évoqué un plan similaire dans House de Obayashi, avec le visage d’une des jeunes filles qui est comme enflammé. Est-ce que vous aviez des références visuelles venues du cinéma, est-ce que le film d’Obayashi en fait partie ?

HN: Mes souvenirs de House sont je dois l'avouer un peu lointains ! Dans l’utilisation des couleurs, il y a quelque chose de Suspiria, que mon directeur de la photographie a vu et avait en tête pour The Complex.

Entretien réalisé le 2 février 2013. Un grand merci à Céline Petit

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par Nicolas Bardot

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