Entretien avec Herschell Gordon Lewis

Entretien avec Herschell Gordon Lewis

Lorsqu'Herschell Gordon Lewis bricolait son long métrage Blood Feast, il y a 50 ans, il ne se doutait peut-être pas qu'il allait entrer dans l'Histoire du cinéma. Le pape du gore a depuis réalisé des films cultes tels que 2000 Maniacs ou The Wizard of Gore. Herschell Gordon Lewis a répondu aux questions de FilmDeCulte, nous parle du projet Zombificador qui pourrait être sa prochaine réalisation (actuellement en cours de financement sur Indiegogo), mais aussi de sa carrière et de son héritage.

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FilmDeCulte : Pouvez-vous nous parler du projet Zombificador et de votre implication dans celui-ci ?

Herschell Gordon Lewis : Mon implication n’existe pas encore vraiment. Marc Fernandez, à qui ce projet appartient et qui a écrit le scénario, m’a demandé si j’accepterais de le réaliser. Ma réponse à cette question est la même que quiconque ferait à toute question de ce type dans ce business : « Oui ». Pour le moment, Marc Fernandez n’a pas encore n’a pas encore réuni la somme nécessaire pour lancer la production. On va donc devoir attendre.

FDC : Vous préparez depuis quelque temps Mr Bruce & the Gore Machine. Est-il possible d’en savoir plus sur ce projet ?

HGL : Paul Clolery et moi-même avons écrit le scénario, à partir d’une histoire dont mon fils Bob est l’auteur. Plusieurs producteurs sont intéressés. Le premier qui se décidera aura le film, et j’en serai le réalisateur si ce producteur me veut. Il s’agit d’une satire joyeuse, qui combine gore et humour.

FDC : Il y a 50 ans, vous tourniez Blood Feast avec un budget quasi inexistant. Aujourd’hui, un projet tel que Zombificador passe par la plateforme de financement Indiegogo. Quelles différences faites-vous entre les moyens de produire des projets alternatifs hier et ceux d'aujourd’hui ?

HGL : Tourner est devenu considérablement plus facile, grâce aux moyens professionnels offerts par les caméras digitales. Mais la distribution est plus compliquée, parce que les drive-in, c’est-à-dire le cœur même du cinéma d’exploitation indépendant, n’existent pratiquement plus. Du coup, souvent, pour les films gores, la diffusion passe directement par le dvd, où la compétition est sévère.

FDC : Il y a une dizaine d’années, lors de votre rétrospective à l’Etrange Festival, vous déclariez : « pourquoi utiliser des ordinateurs quand on a des actrices ? ». Pensez-vous que l’utilisation de CGI amoindrit aujourd’hui l’impact des films d’horreur ?

HGL : Il y a deux façons de faire à vrai dire. Ce qu’on peut noter, c’est que le public ne regarde plus les effets spéciaux numériques avec admiration, ou même avec enthousiasme. Pour des films à petits budgets, ces effets sont conçus pour approcher une certaine réalité. J’ai utilisé ce type d’effets pour incruster des images dans des écrans de télévision, ou pour des effets basiques. Mais je reste lié à ce qu’on pourrait appeler, d’une certaine manière, le « faux » réalisme.

FDC : Ces dernières années, des remakes de vos films comme 2000 Maniacs ! ou The Wizard of Gore ont été produits, l’héroïne de Juno vous cite comme une référence hyper cool. Quel regard portez-vous sur vos fans, sur la place particulière que vous occupez dans le cinéma de genre ?

HGL : Incontestablement (et assez étrangement !) j’ai changé le cours de l’Histoire du cinéma. Du coup j’imagine de futurs articles sur le cinéma (qui seront probablement édités sur internet) dans lesquels je serai listé comme un pionnier. J’imagine que c’est mieux que de passer toute sa vie à être ignoré !

FDC : Quel est le film que vous avez réalisé dont vous êtes le plus fier, et pourquoi ?

HGL : Mon film préféré, personnellement, est 2000 Maniacs ! que j’ai écrit, réalisé et dont j’ai composé et chanté la chanson-thème. Je pense que le film marche toujours très bien aujourd’hui.

FDC : Quel est le film le plus choquant que vous ayez vu ? Gore, ou non ?

HGL : Il faudrait que je cherche du côté de mon enfance. Rien ne me choque… même si beaucoup de films d’aujourd’hui me dégoûtent. Le choc est réservé à des budgets qui n’appellent pas le succès au box-office.

Entretien réalisé le 13 juin 2013. Un grand merci à Marc Fernandez

par Nicolas Bardot

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